Josef Hercz, ancien combattant du front de l’Ouest
L’ouverture de l’exposition Nous n’avons pas capitulé - les histoires du XXe siècle, organisée à l’occasion du 20e anniversaire de la chute du rideau de fer a eu lieu, jeudi, le 29 ocobre 2009, sur la place du Château de Prague. L’exposition est conçue comme un kaléidoscope des histoires des témoins de l’époque, reflétant les événements du XXe siècle. Elle commence par la Seconde guerre mondiale et la résistance au cours de cette guerre, dans le pays et à l’étranger, puis les années 1950 et les procès politiques dramatiques, le Printemps de Prague, les années de normalisation, la chute du rideau de fer et les phénomènes des régimes totalitaires tels que les déportations, la vie des prisonniers dans les camps, les actes héroïques et patriotiques. A cette occasion j’ai choisi pour notre émission d’aujourd’hui l’histoire du héros de la Deuxième Guerre mondiale, le général brigadier Josef Hercz, ancien combattant de l’unité tchécoslovaque ralliée à l’armée britannique en Afrique du Nord.
« Je suis parti de Bratislava le 18 mai 1940 et après un long voyage rempli d’aventures, incluant un naufrage dans la Méditerranée, je suis arrivé à Alexandrie où j’ai rejoint l’armée. Après trois semaines j’ai été envoyé avec le 11ème Bataillon Tchécoslovaque d’Infanterie de l’Est (11. československý pěší prapor Východní) commandé par le général Klapálek dans le désert occidental pour combattre contre l’armée du commandant en chef Rodolfo Graziani à Marsa Matru’ ; de là nous étions envoyé au Liban et en Syrie où les Allemands atterrissaient avec leurs avions de chasse et bombardaient par exemple les raffineries de Haïfa. Ensuite nous avons été transférés à Tobrouk. Au retour de Tobrouk j’ai étudié à l’école d’officier à Alexandrie et après la progression de l’armée du maréchal Rommel vers El Alamein notre bataillon a été transféré à proximité de Haïfa en Palestine, où je suis par la suite resté comme instructeur. A l’époque le 11ème Bataillon Tchécoslovaque d’Infanterie de l’Est a été réorganisé et est devenu le 200ème Régiment Tchécoslovaque Antiaérien Léger. En 1943 notre régiment a été transféré par voie maritime à Liverpool en Angleterre, puis nous avons participé à l’invasion/débarquement en Europe où notre mission était d’assiéger Dunkerque. Et après la fin de la guerre nous sommes revenus dans notre patrie.»
A son retour en Tchécoslovaquie les premiers pas de Josef Hercz le mènent à son hameau natal en Slovaquie, situé entre les communes Zemplinská Teplica et Egreš, à proximité de Košice. Mais la joie de retrouver ses proches fait place au désespoir et à une profonde tristesse. La ferme a été rasée et toute la famille assassinée. Son père, l’unique survivant du massacre, travaillait pour l’auteur du crime, un riche fermier d’Egreš et commandant de la garde de Hlinka. Ce dernier le traitait en esclave et le pauvre homme s’est finalement suicidé. Josef Hercz ressentait l’obligation de se venger. Il retrouve avec son frère Alexandr le fermier. Josef Hercz :« Nous lui avons cassé la figure et ainsi notre tâche était accomplie. La personne en question a été hospitalisée pendant trois semaines à l’hôpital de Košice car il était grièvement blessé. Puis je suis revenu à Prague où j’ai trouvé une convocation à une audience auprès du tribunal de Košice. Nous étions inculpés du délit de coups et blessures volontaires. Suite à cela j’ai informé le procureur général militaire de Prague de ce qui était arrivé. Ce dernier a décidé d’ajourner la cause (ad acta) et ainsi, tout a été réglé. »
Josef Hercz est démobilisé en 1945 et il termine dans un premier temps ses études de médecine qu’il avait abandonnées au cours du sixième semestre pour partir combattre. Après la remise de son diplôme, il accepte un poste de médecin à l’hôpital SANOPZ à Prague, destiné plus tard aux fonctionnaires du gouvernement. En 1947 il épouse la femme de son cœur qui lui donne deux filles qui exercent également la médecine. Puis il entre à l’hôpital Bulovka, toujours à Prague, comme médecin-assistant. Quelques années plus tard il est nommé chef du département de traumatologie et finalement médecin-chef du département de chirurgie.Le général brigadier n’a pas été persécuté par les dirigeants communistes après le coup d’Etat de 1948. Il a échappé au procès uniquement grâce au fait qu’à l’époque, le régime communiste manquait de médecins et avait un besoin urgent de toute personne pouvant travailler au sein de la santé publique. Ainsi il a pu exercer son noble métier pendant quarante cinq ans, puis prendre tranquillement sa retraite.