« Je ne vais pas bien deux fois »

Není mi dvakrát dobře
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Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Comme promis, nous allons poursuivre notre série consacrée à la présentation d’expressions et locutions de la langue dans lesquelles figurent des chiffres. Il s’agit d’une série d’émissions entamée il y a déjà trois semaines de cela et qui nous ont permis de découvrir quelques locutions propres à la langue tchèque comme « ça va de zéro en zéro » - « nula od nuly pojde », « un deux faire quelque chose » - « jedna dvě něco udělat », « en prendre une » - « dát si jedno ». Et pour cette fois, nous allons donc commencer avec le chiffre deux, qui se dit « dva » ou « dvě » selon qu’il s’agit du cas masculin, féminin ou neutre.

Jíst za dva,  photo: CTK
Constatons tout d’abord qu’il existe en tchèque un certain nombre d’expressions semblables à celles qui existent aussi en français. Par exemple, lorsqu’ils habitent à proximité d’un endroit, les Tchèques affirment eux aussi parfois qu’ils « habitent à deux pas de là » - « bydlet dva kroky odtud ». On retrouve également l’expression très souvent utilisée dans les deux langues « nemusí se mu to dvakrát říkat », soit « il ne faut pas lui dire deux fois », qui signifie, comme vous le savez, qu’il n’est pas nécessaire de répéter quelque chose à quelqu’un pour qu’il accepte, pour qu’il s’exécute, et ce tout simplement parce qu’il est motivé pour faire, réaliser ce quelque chose.

En revanche, il est intéressant de constater que d’autres fois, pour des expressions pourtant similaires pour ce qui est de la forme et du fond, Tchèques et Français utilisent des chiffres différents. Ainsi, là où Français dira qu’il « mange ou boit comme quatre », c’est-à-dire beaucoup, autant que quatre personnes, un Tchèque dira, lui, plutôt qu’il « mange ou boit comme deux » - « jíst, pít za dva ». Sachant que les Tchèques ne mangent ni ne boivent moins que les Français, ce serait même d’ailleurs plutôt le contraire, on peut se demander pourquoi il existe cette différence. Mais c’est là d’une question à laquelle il est bien difficile de trouver une réponse. Notons toutefois qu’en français, on dit aussi parfois « manger pour deux », mais il s’agit d’une expression utilisée essentiellement pour les femmes enceintes. Rien à voir donc avec l’expression « jíst za dva » - « manger comme deux », même si un grand nombre de Tchèques ont de l’embonpoint.

Avec l’expression « přišli jeden dva hosté » - « deux ou trois invités sont venus », on trouve un autre cas de figure dans lequel des chiffres différents sont employés selon qu’il s’agit de l’expression tchèque ou française. Ainsi, en tchèque, « přišli jeden dva hosté » signifie littéralement que « un ou deux invités sont venus », mais l’expression possède exactement la même signification que lorsque l’on dit en français que « deux ou trois invités sont venus ».

Inversement, Tchèques comme Français disent de la même manière qu’ils vont faire quelque chose « un an ou deux » - « rok dva », c’est-à-dire quelque temps mais pas très longtemps avant de passer à autre chose.

Není mi dvakrát dobře
Il existe également dans la langue tchèque un nombre relativement important de locutions dans lesquelles on retrouve l’adverbe « dvakrát », qui signifie « deux fois ». Par exemple, et il s’agit là d’une formule tout à fait locale, vous pouvez souvent entendre les gens qui ne se sentent pas bien, qui ne sont pas en forme, dire « není mi dvakrát dobře », une expression intraduisible mais qui signifie quelque chose comme « je ne vais pas bien deux fois ». Une façon de penser étrange, c’est le moins que l’on puisse dire, mais qui, en fait, signifie tout simplement que ça ne va pas bien.

Un peu dans le même ordre d’idée, lorsqu’ils n’ont pas envie de faire quelque chose, lorsqu’ils ne sont pas motivés, les Tchèques affirment souvent « to se mi dvakrát nechce ». Là aussi, il s’agit d’une formulation très curieuse, voire même bizarre, pour qui n’est pas tchèque, car, traduite en français, l’expression signifie littéralement « je ne veux pas deux fois ». On aura néanmoins compris que la personne en question n’a aucune envie, et cela nous permet donc de constater que l’emploi de cet adverbe « dvakrát » - « deux fois », sert à renforcer la négation. En un mot, quand ça ne va pas, ça ne va vraiment pas, et même plutôt deux fois qu’une, et quand je n’ai pas envie de faire quelque chose, je n’en ai vraiment aucune envie.

C’est ainsi que s’achève ce « Tchèque du bout de la langue » qui s’inscrit donc dans la série d’émissions consacrées aux expressions de la langue tchèque dans lesquelles figurent des chiffres, et cette fois plus précisément le chiffre « deux ». Nous reviendrons sur le sujet une nouvelle fois la semaine prochaine en nous intéressant d’abord au chiffre « trois » - « tři ». D’ici-là, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj !