Tijani Belaïd : « Passer d'un Tunisie - France au Stade de France à un match contre Kladno n’est pas facile »
Le milieu de terrain franco-tunisien Tijani Belaïd a été sacré champion de République tchèque de football pour la deuxième saison d’affilée avec le Slavia Prague. Avant de rejoindre la sélection tunisienne, avec laquelle il dispute actuellement deux matchs éliminatoires à la Coupe du monde, Tijani Belaïd a répondu aux questions de Radio Prague. Il est notamment revenu sur ses deux saisons passées au Slavia et dans le championnat tchèque avant d’évoquer son ami et ancien coéquipier, le Français Mickaël Tavares, transféré du club pragois à Hambourg en Bundesliga, l’hiver dernier :
« Le bilan est satisfaisant. Je suis arrivé ici avec un statut de petit professionnel. Avant ça, je n’avais disputé qu’un match en équipe première à l’Inter Milan et zéro au PSV Eindhoven. Dès mon arrivée au Slavia, j’ai joué en Ligue des champions, j’ai même marqué, et c’est quelque chose que je ne pouvais pas imaginer. J’ai aussi disputé la coupe de l’UEFA, j’ai marqué des buts et j’ai contribué à la conquête du titre. Ca fait plaisir ! Cette année, pour ma deuxième saison, j’ai inscrit neuf buts, le bilan est donc plutôt positif. Ceci dit, je n’oublie pas que j’ai eu aussi des périodes de méforme, et c’est ce qu’il faut que j’arrive à gérer dans une saison. Je pense que c’est dû à la jeunesse et avec l’expérience j’espère m’améliorer de ce côté-là pour être plus constant tout au long de la saison. »
-Serez-vous encore au Slavia la saison prochaine ou avez-vous des offres qui vous font réfléchir ?
« Pour l’instant, personne ne m’a rien proposé de concret. Maintenant, si une offre arrive… C’est vrai que, pour moi, ce serait plus intéressant d’aller jouer dans un plus grand championnat, pour ma progression et beaucoup d’autres choses. Maintenant, je pense surtout aux matchs éliminatoires de Coupe du monde avec la Tunisie. Si on parvient à se qualifier, tout sera peut-être différent. L’avenir me le dira. Mais pour l’instant je suis au Slavia et je suis bien ici. »
-Que vous inspire la situation de votre ancien coéquipier Mickaël Tavares, arrivé au Slavia comme vous à l’été 2007, mais en provenance de Tours, un club de Ligue 2 où il n’était même pas titulaire ? A Prague, il a gagné sa place, il s’est fait un nom, et lors du dernier mercato d’hiver, il a rejoint le club allemand de Hambourg où il est également parvenu à s’imposer. C’est l’exemple pour vous ?
« Bien sûr. Comme vous l’avez dit, tout s’est bien passé pour Mickaël au Slavia. Il a gagné sa place de titulaire et a fait beaucoup de matchs. Partir à Hambourg et s’y imposer est très intéressant. Depuis notre arrivée ensemble au Slavia, le même jour, j’ai su qu’il avait les qualités pour le faire. Il l’a prouvé sur le terrain et on ne rejoint pas un club comme Hambourg par hasard. Son cas prouve aussi que le Slavia et le championnat tchèque ne sont pas aussi faibles qu’on veut bien le dire parfois. Il y a aussi l’exemple de Dzeko, l’attaquant bosniaque de Wolfsburg. Avant d’être sacré champion d’Allemagne, il jouait en deuxième division tchèque. Aujourd’hui, des clubs comme le Milan AC s’intéressent à lui… Mais pour en revenir à Mickaël, ça me fait surtout plaisir pour lui. »
-Son départ n’a-t-il pas été trop difficile pour vous ? On sait que vous passiez beaucoup de temps ensemble en dehors du terrain.
« C’est sûr que ça n’a pas été facile sur le terrain comme en dehors. Nous étions ensemble tous les jours. On n’habitait pas ensemble, mais on était voisins, on mangeait tout le temps ensemble… Mais c’est le football professionnel qui veut ça : il y a des joueurs qui partent et d’autres qui arrivent. J’ai réussi à m’adapter en fin de saison, même si c’est une perte qui m’a fait mal. C’était avant tout un ami et sur le terrain, c’était quelqu’un qui travaillait beaucoup. »
-Comme vous, Mickaël Tavares était au-dessus du lot techniquement par rapport à la moyenne tchèque. Seulement, le public et les médias vous reprochent parfois cette facilité technique qui ressemble à une forme de nonchalance. Avez-vous conscience de ces critiques à votre égard ?
« Je ne pense qu’il y ait de la nonchalance dans mon jeu ou mon comportement sur le terrain. A chaque fois que je rentre sur le terrain, c’est pour gagner et donner le maximum. Après, chaque joueur fait des matchs plus ou moins bons. Et puis il y a des joueurs qui sont plus à l’aise quand ils ont l’air nonchalant. Je peux vous en citer un paquet. Moi, cette aisance technique, je l’ai et on me la reproche depuis que je suis tout petit. Mais je n’ai jamais été nonchalant. Je pense que ces reproches ne sont pas fondés surtout si c’est parce qu’on pense que je suis un joueur trop technique. Quand je sors d’un terrain en ayant perdu, je dors mal et beaucoup de monde peut le confirmer. »
-Votre entraîneur ou vos partenaires ne vous reprochent donc jamais un crochet ou un dribble inutile pour faire plaisir au public ?
« Non, pas du tout. L’entraîneur m’a fait des reproches quand je suis revenu de la sélection tunisienne après le match contre la France au Stade de France à l’automne dernier. Le week-end suivant, on jouait contre Kladno et l’entraîneur m’a reproché d’avoir encore l’esprit au Stade de France. Je lui ai dis que c’était vrai, mais ça n’avait rien à voir avec la nonchalance, c’était dans la tête. »
-A votre décharge, passer des 80 000 personnes du Stade de France à un match contre l’avant-dernier du championnat tchèque devant dix fois moins de spectateurs, ce n’est pas forcément évident…
« C’est ce que je lui ai dit. J’ai expliqué au coach que jouer un Tunisie – France à Paris devant toute ma maison, dans un stade à cinq minutes de chez moi, contre des joueurs comme Henry ou Ribéry, puis ensuite passer à Kladno, ce n’était pas facile. Il a réussi à comprendre… Ca fait quand même plaisir ! »