Tijani Belaïd, deuxième fois champion avec le Slavia
Comme en France, le championnat tchèque de football s’est achevé samedi dernier. Mais à la différence de la Ligue 1, qui a vu Bordeaux être sacré champion lors de la dernière journée, la Gambrinus Liga connaissait, elle, son nouveau lauréat depuis deux semaines déjà. Comme la saison dernière, il s’agit du Slavia Prague, un club dont trois francophones ont porté le maillot cette saison et ainsi participé à la conquête du titre : le Français Mickaël Tavares, qui a rejoint Hambourg et la Bundesliga lors du mercato d’hiver, le Guinéen Amadou Cissé, rarement titulaire, et le Franco-tunisien Tijani Belaïd. Avant son dernier match avec le Slavia cette saison et de rejoindre la sélection tunisienne pour disputer deux matchs de qualification à la prochaine Coupe du monde, Tijani Belaïd a longuement répondu à nos questions. Il est ainsi revenu sur les attentes placées en lui par son entraîneur, le très exigeant Karel Jarolím :
« Je n’ai pas eu d’accrochages avec lui cette saison, mais c’est vrai qu’il est très exigeant avec moi. Ici, ce n’est pas la même mentalité qu’en France ou dans les pays maghrébins, c’est dur de s’adapter. L’année dernière, j’ai fait quelques erreurs qui m’ont valu des sanctions disciplinaires. Je le reconnais. Cette année, ça a été différent. J’ai appris à respecter les décisions du coach. Quand je n’ai pas joué, c’est soit parce que j’étais blessé ou parce que je n’étais pas en forme. Il n’y donc pas eu de problèmes. »
-N’avez-vous pas le sentiment que Karel Jarolím est plus dur avec vous parce qu’il attend plus de vous. On a parfois l’impression que vous n’exprimez pas pleinement votre potentiel sur le terrain et que vous pouvez faire mieux.
« Bien sûr, c’est vrai qu’il me demande beaucoup. Vous n’êtes pas la première personne qui me dit ça. D’un côté, ça me fait plaisir, et je sais qu’il me faut travailler plus pour être plus performant. Si le coach dit que j’ai le potentiel pour réussir, c’est qu’il le pense. Ce n’est pas à négliger. »
-Avec ce titre, le Slavia s’est de nouveau qualifié pour le tour préliminaire de la prochaine Ligue des champions (le champion tchèque disputera le 4e tour, le vice-champion, le Sparta Prague, le 3e tour). Au moment de cet entretien (jeudi dernier), nous sommes au lendemain de la finale. Que vous inspire le niveau de jeu de Barcelone et de Manchester et l’idée que le Slavia pourrait participer à la même compétition que ces équipes ?
« Vous savez, la saison dernière, on ne pensait pas du tout y participer, on n’y croyait pas trop mais on s’était quand même qualifiés en éliminant l’Ajax au tour préliminaire. Après, on avait joué contre Arsenal et Séville mais on n’avait pas cru en nos chances. C’est la plus grande des compétitions. Après un match de Ligue des champions, votre téléphone n’arrête pas de sonner. Tout est différent, c’est un autre monde, tout le monde vous connaît. L’entraîneur a assisté à la finale entre Barcelone et Manchester, il doit maintenant savoir quoi faire avec son équipe… »
-Que vous a-t-il manqué pour faire mieux en coupes d’Europe. Il y a d’abord eu le tour préliminaire de la Ligue des champions, où vous avez été éliminés par la Fiorentina après avoir notamment logiquement perdu là-bas à l’aller (0-2, 0-0 à Prague au retour) et être passés à côté du match. Ensuite, en Coupe de l’UEFA, vous n’avez pas eu non plus de bons résultats et n’êtes pas parvenus à qualifier dans un groupe qui semblait pourtant jouable.
« Non, notre groupe était loin d’être facile. L’Ajax, Hambourg et Aston Villa, c’est quand même des grosses écuries. Mais c’est vrai aussi que nous avions joué la Ligue des champions la saison dernière et que de ce fait les gens attendaient plus de nous. Mais ces équipes-là sont plus expérimentées que nous en coupes d’Europe. C’est ce qui a fait la différence à certains moments. Pour ce qui est de la Fiorentina, il faut reconnaître qu’on n’a pas bien négocié le premier match. Mais ce n’est pas une petite équipe non plus. En bons Italiens, ils ont bien géré leur avantage de deux buts au retour chez nous, même si on a poussé et eu des occasions. Mais ils ont bien fermé le jeu. »
-Que vous faudra-t-il la saison prochaine pour espérer faire mieux et vous qualifier pour la phase de groupes ? Surtout par rapport à cette seconde partie de saison qui, malgré le titre, a été difficile pour le Slavia ?
« C’est le foot qui est comme ça. Toutes les équipes ont des passages à vide. Même Barcelone n’a pas tenu le même rythme toute la saison. Bon, je reconnais que le nôtre a duré plus longtemps. Et puis on n’est pas Barcelone. Après les vacances, la préparation de la saison prochaine commence le 18 juin. C’est très tôt. Le coach a ses objectifs, nous aussi. Après, pour se qualifier en Ligue des champions, tout dépend aussi du tirage au sort. On a envie, mais si on prend un gros, il faut être réaliste, ce sera difficile. »
-Si vous aviez le choix pour la saison prochaine, que préféreriez-vous : une qualification pour les groupes de la Ligue des champions ou un troisième titre de champion de République tchèque ?
« Les objectifs du club sont clairs. Quand on gagne deux titres d’affilée, on en veut un troisième. C’est ce qu’il y a de mieux au niveau d’un pays. Mais il est évident que la Ligue des champions est aussi très importante au niveau économique. Le club en attend beaucoup et voudra donc un troisième titre de champion et une qualification en Ligue des champions. »
-Le fait d’évoluer dans le championnat tchèque, relativement faible, est-il un gros désavantage par rapport au niveau des championnats dans lesquels évoluent les équipes que vous affrontez cette saison en coupes d’Europe ?
-C’est certain. Quand la Fiorentina joue contre l’AC Milan, l’Inter ou la Juventus, c’est autre chose que les matchs du championnat tchèque. Maintenant, le Slavia avait quand même une belle équipe, on avait les moyens de faire quelque chose et on l’a prouvé. Si on tombe contre la Fiorentina la saison prochaine, ce n’est pas dit que le résultat ne sera pas différent de celui de cette année. »
C’était Tijani Belaïd, le milieu de terrain franco-tunisien du Slavia Prague, sacré champion de République tchèque pour la deuxième saison consécutive. Vous pourrez entendre la suite de cet entretien dans les prochaines rubriques sportives.