Le procès de Milada Horáková sur le petit écran

Milada Horáková, photo: Télévision tchèque

Le leader des communistes tchèques, Vojtěch Filip, a protesté auprès de la direction de la télévision du service public contre la diffusion « en pleine campagne des européennes » d’un cycle de documentaires sur le procès politique de Milada Horáková. La Télévision tchèque a réagi en déclarant que le documentaire est diffusé exactement aux mêmes dates que le procès qui a eu lieu du 1er au 9 juin 1950. Sous le titre de « Procès H » les dix épisodes de cette série reconstituent jour après jour, sur la base de documents d’archives, les neuf jours du procès à la fin duquel quatre condamnations à mort ont été prononcées.

'Procès H',  photo: Télévision tchèque
Cinq cents vingt minutes de scènes émotives bouleversantes de cette série documentaire nous plongent dans l’auditoire de la Haute cour de Pankrác, théâtre du plus suivi des procès politiques truqués organisés dans les années 1950. Procès dans lequel 13 personnes sont accusées de comploter contre l’Etat. Plus de 600 autres personnes sont impliquées dans le cadre des audiences régionales. Quatre condamnations à mort sont prononcées contre Milada Horáková juriste, femme politique, députée du parti national social et ancienne résistante, Jan Buchal, brigadier du Corps de la sécurité nationale SNB, Oldřich Pecl, avocat, et Záviš Kalandra, écrivain et journaliste. Leurs neuf codétenus sont condamnés à de longues peines de prison dans les geôles communistes.

La série qui passe actuellement sur le petit écran, est un projet du réalisateur Martin Vadas qui a adapté pour 10 épisodes - chacun de 52 minutes - le matériel authentique enregistré au cours du procès. Pour la première fois 59 ans après, ces documents uniques sont présentés dans toute leur ampleur. Cachés au fond des Archives nationales, celles de la StB et d’autres institutions, les derniers documents sur le procès n’en ont été sortis qu’en 2005. Parmi eux, Les actualités tournées dans les années 1950 et interdites de projection pour ne pas avoir accompli l’effet de propagande escompté. Les condamnés n’étaient pas à genoux, mais fermes et fiers de leurs convictions comme le confirme le plaidoyer de Milada Horáková :

« Nous avons longuement discuté de ce qu'on appelle la conviction. Car c'est par ma conviction que mes actes étaient motivés. Je dois dire que la police de l'Etat et ses organes ont manifesté plus de patience pour me convaincre, alors que moi, j'ai été beaucoup moins patiente, après février 48, pour me persuader que les violences et les injustices qui étaient à l'origine de mes actes étaient réelles ou passagères. Je mentirais en disant que j'ai changé, que je suis tout autre, que ma conviction a changé. Cela ne serait ni vrai, ni honnête. »

Pour Martin Vadas, « Procès H » est pour les générations actuelles une source de connaissance qui sert à comprendre et à connaître tous les acteurs du procès :

« Tout le monde connaît Milada Horáková, mais on a très peu de connaissance sur les douze autres éminentes figures devenues comme elle victimes d’un procès hors normes. On ne connaissait pas les mécanismes, les rouages de la machine communiste. Le documentaire „Procès H“ sert à en tirer un enseignement. Il permet de revive l’événement. »

Un cycle de documentaires sur le procès de Milada Horáková est diffusé parallèlement par la Radio publique tchèque, par sa station Leonardo diffusant ses émissions sur internet.