Une médaille pour Milada Horakova, femme qui a osé défendre la liberté
La victime de l'arbitraire communiste, Milada Horakova, n'est pas oubliée. 56 ans après sa mort, on lui a décerné à Washington la Médaille de la Liberté. La distinction a été remise, ce mercredi, à sa fille Jana Kanska par le secrétaire à la Défense sortant, Donald Rumsfeld, lors d'une cérémonie à l'ambassade de République tchèque.
Elle semblait fragile, mais sous cette apparence elle cachait une âme héroïque. Cette juriste, née en 1901 à Prague, se consacre d'abord au domaine social et n'est pas active dans la politique. Sous l'occupation nazie de son pays, pendant la Deuxième Guerre mondiale, Milada Horakova ne peut pas cependant rester passive. Condamnée à huit ans de détention et déportée pour ses activités dans la résistance, elle se lance, dès sa libération en 1945, dans un combat difficile. Elle cherche à sauver la démocratie et le pluralisme politique dans son pays qui sombre progressivement dans la dictature communiste. Elle devient donc députée de l'Assemblée provisoire et travaille aussi au Conseil des femmes tchécoslovaques.
Les communistes ont en elle une critique redoutable qui ne manque pas d'arguments rationnels pour dévoiler leurs ambitions totalitaires. Ils cherchent d'abord à l'apprivoiser, à se la rallier et ce n'est qu'après l'échec de tels efforts qu'ils la classent parmi les personnes dangereuses dont il faut se débarrasser. Cette sinistre intention est réalisée bientôt, après la prise du pouvoir communiste en février 1948. Dans un procès manipulé Milada Horakova est accusée de haute trahison et condamnée à mort. Elle est exécutée malgré les protestations venant du monde entier, le 27 juin 1950.
« Milada Horakova est le symbole durable de la résistance au communisme, un mémento intemporel des crimes communistes, a écrit le Président Vaclav Klaus dans une lettre adressée à Washington à l'occasion de la cérémonie de remise de la médaille. Elle a payé cher pour la défense de la liberté et de la démocratie, malgré les protestations venant du monde entier, y compris celles de personnalités importantes dont Winston Churchill et Albert Einstein. »
La Médaille de la Liberté qui porte les noms des Présidents Harry Truman et Ronald Reagan a été décernée à Milada Horakova par la Fondation du Monument aux victimes du communisme. La fondation attribue cette distinction aux individus et organisations qui s'opposaient durablement à diverses formes de tyrannie. Parmi les lauréats de la médaille, il y a par exemple la militante russe pour les droits de l'homme Elena Bonner, le mouvement Solidarité de Pologne et l'ancien dissident et ensuite président tchèque, Vaclav Havel. Cette année, la médaille a été décernée également à Edwin Feulner, président de l'organisation conservatrice influente « Heritage Fondation ».
A la même occasion, on a inauguré à l'Ambassade tchèque à Washington une exposition d'une bande dessinée unique publiée en 1951 par le Comité national pour l'Europe libre. Cet ensemble de dessins retrace la vie de Milada Horakova jusqu'au procès manipulé et son issue fatale.