Le comédien Ondrej Havelka signe une nouvelle production de l'opéra La Fiancée vendue
La Fiancée vendue de Bedrich Smetana, chef-d'oeuvre de la musique tchèque du XIXe siècle, ne cesse de tenter les artistes de théâtre tchèques. Une nouvelle production de cette comédie lyrique est présentée par le Théâtre national de Brno.
On n'est pas prêt d'oublier l'échec cuisant qu'a essuyé le Théâtre national de Prague, en 2004, lorsqu'il a présenté une Fiancée vendue, "revue et corrigée" par le metteur en scène Jiri Nekvasil et le scénographe Daniel Dvorak. Le public de la première qui a hué ce spectacle, a clairement démontré qu'on ne touche pas impunément au chef-d'oeuvre de Bedrich Smetana.
Il semble que le comédien et musicien, Ondrej Havelka, à qui le Théâtre national de Brno a confié la mise en scène de la nouvelle production, se rend compte de ce danger. Bien qu'il soit avant tout comédien et musicien, il n'est pas un novice en ce qui concerne la mise en scène d'opéra. On lui doit déjà la production très controversée de l'opéra Nagano, au Théâtre des Etats à Prague, dont l'auteur Martin Smolka a mis en musique la victoire de l'équipe de hockey tchèque aux Jeux olympiques d'hiver de 1998.
Cette fois-ci, Ondrej Havelka aborde cependant un répertoire on ne peut plus classique. Comme il désire attirer au théâtre aussi le jeune public, il ose pourtant soumettre la Fiancée vendue à une légère cure de rajeunissement. "Je vois le problème de l'opéra actuel dans le fait que les artistes des théâtres lyriques se résignent à ne s'adresser qu'à un public à partir de cinquante ans", dit-il. Sa conception de la Fiancée vendue est donc un compromis. Elle doit être traditionnelle et non traditionnelle à la fois. Il n'ose pas arracher l'opéra à son cadre historique et le situe dans la campagne tchèque du XIXe siècle. L'action ne se déroule pas pourtant en été comme le voulaient Smetana et son librettiste, mais pendant le carnaval, période ou tout est possible et rien n'est interdit.
"Des masques, un véritable équilibriste, une bagarre d'auberge, dit Ondrej Havelka, ce sont les éléments qui me permettent surtout de donner au spectacle de la vie et du dynamisme. Je veux surprendre et amuser le public surtout par la verve et l'expressivité des artistes et créer un spectacle lapidaire qui sera cependant plein d'action. J'en ai marre des productions d'opéra qui sont plus statiques que nécessaire."
Les spectateurs ne doivent pas craindre de voir une Fiancée vendue transposée dans un bidonville ou dans une coopérative agricole sous le communisme. Ondrej Havelka estime que les actualisations forcées de vieux opéras qu'on voit souvent aujourd'hui dans des théâtres lyriques, et qui se veulent très originales, sombrent dans la banalité et les clichés.