Quelle conception pour la santé publique tchèque ?
Deux conceptions de la santé publique tchèque s'affrontent en ce moment en Tchéquie, celle de David Rath que le parti social-démocrate gouvernemental a chargé de diriger le ministère, et celle de Tomas Julinek, ministre fantôme du principal parti de l'opposition, ODS. Quel avenir attend donc les patients tchèques ?
Depuis 1993, date de la création de la République tchèque, la santé publique est en crise chronique, crise qu'aucun des neuf ministres précédents n'a su guérir. Le docteur David Rath qui, en tant que président de l'Ordre des médecins, était l'un des critiques les plus impitoyables du système, a accepté le défi de la social-démocratie de venir à la tête du ministère pour y réaliser la réforme dont il est persuadé qu'elle conduira à une amélioration. Quels sont les principaux points de cette réforme ? Augmenter les dépenses consacrées à la santé publique au-delà des 7 % actuels du PIB. Introduire, dans un horizon de quatre ans, certains paiements raisonnables pour certains services à l'hôpital. Ne pas supprimer la concurrence actuelle des caisses d'assurance-maladie. Rendre publics les résultats des hôpitaux - cette obligation sera valable pour les hôpitaux universitaires dès le mois de janvier prochain. Fermer les hôpitaux qui ont des problèmes au niveau de la qualité des soins ou les reconvertir en établissements de soins de longue durée. Limiter les dépenses de médicaments actuellement trop excessives. La réforme de la santé publique proposée par David Rath s'inspire du modèle autrichien qui, selon ses dires, nous est le plus proche. Et à quoi, les patients devraient s'attendre en cas de victoire de l'ODS aux prochaines législatives ? La réforme de la santé publique présentée par Tomas Julinek, principal opposant de David Rath, prévoit les paiements directs pour une consultation médicale, pour l'ordonnance et le séjour à l'hôpital et l'introduction des comptes individuels. Selon Julinek, le patient déciderait lui-même de l'utilisation des moyens réunis sur son compte. Une assurance supplémentaire serait quasi obligatoire, car il serait impossible de couvrir, à partit des comptes personnels, les traitements et opérations coûteuses. Rath craint que cette conception ne convienne qu'aux riches, alors que deux tiers des citoyens ne touchent même pas la moyenne qui se situe autour de 18 000 couronnes. Selon lui, les comptes individuels vont à l'encontre du principe de solidarité sur lequel le système est basé.
Commentant les deux conceptions opposées, le journal économique Hospodarske noviny écrit que quel que soit le modèle - autrichien proposé par Rath ou américain préconisé par Julinek, il est d'ores et déjà certain que la qualité de soins augmentera, ainsi que le prix qu'il faudra payer.