Miqueu Montanaro : être libre, quelle que soit la situation...
Le chanteur, compositeur et muli-instrumentaliste provençal Miqueu Montanaro, baptisé par la presse tchèque le troubadour contemporain, sera en concert, avec ses amis musiciens tchèques et français, le 29 septembre, au Théâtre Svanda, Svandovo divadlo, à Smichov, dans le cadre du festival Les cordes d'automne, Struny podzimu. Ses visites à Prague sont fréquentes : venu, il y a deux mois, au festival pragois de la chanson, il m'a tout d'abord parlé de ses instruments de musique favoris.
« J'ai toujours fait de la musique. Je crois qu'il n'existe quasiment pas de photo de moi enfant sans un petit instrument de musique : un tambour, une guitare, un harmonica... J'ai appris à jouer de pas mal d'instruments, notamment du saxophone, puis des flûtes. Beaucoup de flûtes différentes, parce que les flûtistes sont toujours intéressés par un nouveau son, chaque flûte donne envie à en connaître une autre. Après, pour composer, j'ai ajouté le piano et pour la convivialité l'accordéon. »
Au concert qui aura lieu la semaine prochaine, M. Montanaro lui colle une étiquette magique. Il explique :
« C'est un spectacle qui va parler de jazz, de musique traditionnelle et classique ensemble. Les trois volets seront présentés par le Quatuor Talich, Karel Ruzicka, Petr Dvorsky, Milos Dvoracek, Juraj Bartos et deux musiciennes qui viennent de France, Laurence Bourdin et Estelle Amsellem qui joueront de la vielle à roue et de la contrebasse. Ce sera donc un spectacle sur trois pieds autour de mes musiques. Et puis, sept petits thèmes ont été composés pour ce festival avec le Quatuor Talich. »
Vous aimez ces mélanges de différents styles de musique ?
« Pour moi, ce ne sont pas des mélanges, ça vient de l'intérieur, j'ai vécu toute ma vie dans tout ça...Aujourd'hui, je ne me pose pas de questions. Quand je chante ou quand je joue, je pense tout en même temps, traditionnel, jazz et classique. Pour moi, il n'y a pas de frontières dans la musique. Et ce que je fais de plus en plus, c'est d'abolir les frontières, entre les musiques et entre les gens. »
Vous voyagez énormément, y a-t-il des pays, où vous avez vécu des aventures particulières ?
« Beaucoup, évidemment. Je suis invité par des gens qui connaissent mon travail et qui savent que justement, je vais toujours dans des situations particulières. J'ai été en Afrique du Sud juste après l'apartheid, j'ai été invité pour jouer dans la bande de Gaza et en Cis-Jordanie aussi, dans les villes palestiniennes. En ce moment je vais beaucoup en Colombie, à Medellin qui est la ville la plus dangereuse du monde, mais où on se sent très bien quand on arrive pour faire de la musique. Il m'est donc arrivé d'être dans beaucoup de situations particulières... On me fait toujours passer devant, pour voir si ça marche ! On joue aussi bien dans des grands théâtres que dans des petits lieux. J'aime bien cet aller-retour. C'est-à-dire que jouer dans des petits lieux demande beaucoup d'énergie et c'est parfois bien aussi d'être dans un grand théâtre, comme dernièrement, à Budapest, en face de 1700 personnes... On repart regonflé après, pour aller dans des endroits plus difficiles. »
Et Prague, vous aimez ? Peut-être qu'il ne se passe rien d'exceptionnel ici...« Si, il y a beaucoup de choses particulières à Prague ! J'aime entrer dans la vie des gens, dans les bonheurs et dans les soucis de mes amis ici. Je n'ai jamais fait de tourisme à Prague. J'ai toujours été dans une frange qui avait envie de vivre une certaine liberté. Je venais avant 1989 et je continue à venir. J'ai vécu les changements avec ce qu'ils ont apporté de bien et de moins bien, c'est-à-dire ce côté plus désolidarisé des gens. Avant 89', les gens étaient obligés d'être ensemble et il faut essayer de retrouver cet intérêt des uns pour les autres dans cette nouvelle façon de vivre. Je pense toujours que la liberté, c'est quelque chose qu'on a en soi. Les gens qui n'ont pas compris qu'ils pouvaient être libres dans un régime autoritaire, ils ne sont pas libres face à la publicité, à la tension, ce qu'on leur impose comme modèle social. Ils ne sont pas libre face au téléphone portable, face à beaucoup de choses qu'on leur dit qu'il faut faire absolument si l'on veut être moderne. Mais pourquoi ? Donc je crois que trouver sa liberté, c'est être soi, quelle que soit la situation. »