Le plombier polonais, la cuisinière tchèque : des clichés utilisés comme outils de promotion
Vous connaissez sûrement le désormais célèbre plombier polonais, symbole de la main d'oeuvre bon marché de la « nouvelle Europe ». Mais peut-être ignorez-vous qu'avant que l'office du tourisme polonais ne songe à l'utiliser comme outil de promotion, les Tchèques s'étaient déjà servis de ce type de cliché pour attirer l'attention de leurs voisins.
La cuisinière et l'ouvrier tchèques : il ne s'agissait pas de polémiques ni de spéculations autour de la fameuse directive « Bolkestein » sur la libéralisation des services en Europe. Non, la cuisinière et l'ouvrier tchèques étaient les principaux protagonistes de la campagne de publicité du Centre tchèque de Vienne pour intéresser les Autrichiens à ses activités.
« Il suffit de discuter avec quelqu'un ici pour que rapidement il vous raconte qu'il avait à la maison une cuisinière tchèque ; c'est un vrai stéréotype », explique Marcel Sauer, directeur du Centre viennois. Il y a quelques mois, le Centre avait fait imprimer des brochures avec une cuisinière et un ouvrier en couverture, « pour expliquer aux gens qu'en réalité, il y a en Tchéquie également des intellectuels, des architectes, etc. » Marcel Sauer confie ici que le Centre polonais de Vienne avait également reçu ces brochures, mais il se refuse à dénoncer le moindre plagiat.
Car ce même genre de personnage stéréotypé a été repris, avec brio, par l'office du tourisme polonais, qui, il faut le dire, a réussi un gros « coup » en lançant sa campagne en France juste après la victoire du non au référendum. Le plombier polonais était devenu en peu de temps l'un des thèmes majeurs d'une campagne française passionnée. Les Polonais en ont fait une arme de promotion nationale. Un mannequin revêtu d'un bleu de travail et de quelques outils avec un slogan efficace (Je reste en Pologne, venez nombreux) et le tour était joué : la campagne a été reprise - gratuitement - par de nombreux médias français et étrangers. Même l'ancien président Lech Walesa a dû en convenir : « l'ère du petit électricien de Gdansk est terminée, on est passé à l'ère du plombier polonais ». Bilan provisoire de la campagne : les visites du site de l'office du tourisme plononais ont été multipliées par trois.
Les Tchèques vont devoir s'employer pour rivaliser sur le marché du tourisme avec leur grand voisin. Eux peuvent en tout cas se targuer d'avoir une excellente équipe de football, par exemple. La compagnie aérienne nationale tchèque en est bien consciente : elle a signé un contrat avec le gardien Petr Cech - coqueluche des fans outre-Manche - pour sa nouvelle campagne. Mais vu le salaire du joueur en question, on est déjà loin du cliché de la main d'oeuvre bon marché venue de l'Est...