« Parlons davantage du Sahel »
Les Tchèques apprécient l’indépendance et la crédibilité des médias publics. Plus de détails dans cette nouvelle revue de presse qui s’intéresse également à la mission de formation de l’Armée tchèque au Mali, ainsi qu’au boom de l’immobilier de loisirs. Un regard ensuite sur la position tchèque concernant la migration, avant le rappel d’un litige ancien entre la Tchéquie et le Liechtenstein.
Selon un grand sondage mené par les agences Median et STEM/Markt, la majorité des Tchèques est favorable au maintien de la redevance pour financer la Télévision tchèque et la Radio tchèque, car elle garantit leur indépendance. « Ce constat inflige un coup à tous les politiciens qui attaquent l’audiovisuel public ou qui sont très critiques à son égard », remarque le site Forum24.cz. Il explique :
« Le parti d’extrême droite SPD, les communistes et le porte-parole du président de la République Miloš Zeman sont ceux qui attaquent le plus la Télévision tchèque. Par ailleurs, le chef de l’Etat préfère intervenir sur la chaîne de télévision privée Barrandov. Mais des voix critiques à l’adresse de la TV tchèque s’élèvent également des rangs d’autres partis. »
Il existe désormais de nombreuses propositions pour transformer radicalement le financement des médias publics, mais le directeur de la Télévision tchèque, Petr Dvořák, cité par Forum24.cz, se montre très prudent. « Il faut mener un débat sérieux pour évaluer les possibles retombées de ces propositions sur le service public », souligne-t-il. Toujours selon le sondage en question, La Télévision tchèque est le média le plus crédible aux yeux des Tchèques, devant la Radio tchèque.
Les soldats tchèques au Mali
« Parlons un peu du Sahel » : tel est le titre d’un article publié dans le dernier numéro de l’hebdomadaire Respekt dans lequel on peut lire :
« Depuis quelques jours, l’Armée tchèque dirige une mission internationale de formation au Mali. Il faut saluer le fait que la Tchéquie, un pays qui ces derniers temps a tendance à se recroqueviller sur lui-même et à ignorer les problèmes et les conflits qui sévissent dans le monde, prenne part à des missions internationales. »
L’auteur regrette cependant le faible intérêt des médias tchèques pour le conflit dans le Sahel. « A quelques exceptions près, ils n’informernt ni de la situation, ni de l’intervention étrangère qui dure depuis déjà sept ans », écrit-il avant de poursuivre :
« Certes, on peut objecter que nous vivons dans un pays qui ne s’intéresse même pas aux transformations au sein de l’Union européenne qui le concernent pourtant directement et prétendre que le Sahel est très éloigné de Prague. Vu d’Europe, cette région apparaît pourtant aussi proche que par exemple le Donbass ou la Syrie et elle est tout aussi explosive... Parlons donc davantage du Sahel. Non seulement parce que nos braves soldats y opèrent, mais aussi en raison des difficultés auxquelles cette région africaine est confrontée et de son importance pour ses voisins européens. Cette relation de voisinage est aussi la nôtre. »
Le magazine rapporte par ailleurs que c’est la première fois qu’une opération militaire sur le sol africain est dirigée par un officier d’un pays d’Europe centrale.
L’intérêt croissant pour les résidences secondaires
Le journal Lidové noviny rapporte qu’en dépit des problèmes économiques auxquels beaucoup de Tchèques sont actuellement confrontés, la demande de maisons de campagne, les fameuses « chalupa », ne cesse d’augmenter :
« Le printemps est une saison favorable sur le marché de l’immobilier de loisirs. Malgré la récente pandémie, cette année ne déroge pas à la règle. Mieux même : les agences immobilières enregistrent une demande en hausse de 20% qui dépasse fortement l’offre. Les possibilités limitées de voyager à l’étranger accentuent ce phénomène, beaucoup de gens donnant la priorité, ne serait-ce que pour cette année, à des ‘vacances tchèques’. »
Les Monts des Géants, les Monts Jizera dans le nord de la Bohême, les localités près des barrages et des lacs sont les endrois les plus recherchés. Le journal remarque que ce ne sont plus seulement les Pragois, comme cela était le cas auparavant, mais aussi les habitants des grandes villes régionales qui investissent dans ces résidences secondaires, à condition que celles-ci ne se trouvent pas trop loin de chez eux.
La Tchéquie et le débat européen sur la migration
Le refus des quotas européens de répartition des réfugiés reste une des grandes erreurs de la politique tchèque. C’est du moins ce qu’estime un commentateur du journal en ligne Deník Referendum :
« Pour quelle raison est-il souhaitable de se consacrer une nouvelle fois à la crise migratoire ? D’abord parce qu’il faut tirer une leçon du déroulement du débat tchèque sur cette question pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Et ce d’autant plus que les discussions concernant la migration se poursuivront à l’échelle de l’Union européenne lors de la prochaine présidence allemande du Conseil. Dans toute l’Europe, la question de la migration a permis à de nombreux partis extrémistes de mieux s’établir sur la scène politique. En ce qui concerne la Tchéquie, celle-ci a étalé sa faible capacité et son absence de volonté de suivre le débat européen et de s’y engager, car son propre débat sur la migration s’est limité au sujet des quotas. »
« Avec cette approche, le pays s’est exclu de son propre gré de la discussion qui se déroule au sein de l’Union européenne », écrit le commentateur de Deník Referendum, avant de conclure :
« Si elle continue à se comporter à l’égard de l’Union européenne comme elle l’a fait jusqu’à présent, la Tchéquie risque de fragiliser sa position. La crise actuelle est plus dangereuse que celle liée à la migration. Or, les politiciens tchèques sont appelés à démontrer que le pays entend ne plus passer les prochaines années à la périphérie du débat européen, en proie à son autosatisfaction provinciale. »
La Tchéquie et le Liechtenstein
« Quelle est l’origine du litige patrimonial entre la Tchéquie et le Liechtenstein ? », s’interroge le magazine Reflex suite à la récente visite du Premier ministre Andrej Babiš au domaine de Lednice-Valtice, en Moravie du Sud, un des sites touristiques les plus fréquentés en République tchèque mais qui appartenait auparavant à la maison de Liechtenstein. L’auteur rappelle à ce propos :
« Le différend remonte à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et à l’immédiat après-guerre. Les biens des Liechtenstein, notamment des terrains et des édifices de grande valeur parmi lesquels le domaine de Lednice-Valtice, qui figure désormais sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, ont été confisqués dans le cadre de l’application des Décrets Beneš. Ceux-ci stipulaient l’expropriation de tous les Allemands de Tchécoslovaquie. Seulement, la famille n’a pas reconnu être de nationalité allemande, et ce d’autant moins que durant la guerre la principauté de Liechtenstein est restée neutre. »
Reflex remarque que les Liechtenstein ne sont pas les seuls à avoir essayé de s’opposer aux Décrets Beneš. En 2002, par exemple, une revendication de Viktor Orbán a abouti à l’annulation d’une réunion des chefs de gouvernement du groupe de Visegrád. Le magazine constate enfin :
« Depuis la révolution de Velours en 1989, les Liechtenstein ne cessent de réclamer la restitution des biens qui leur ont été confisqués. Jusqu’en 2009, le Liechtenstein a été l’unique Etat au monde à ne pas reconnaître la République tchèque. Bien que les deux pays aient depuis signé un accord de coopération, celui-ci ne règle pas les questions d’ordre patrimonial. De même, une commission commune d’historiens est chargée d’examiner les épisodes controversés qui ont marqué l’histoire des relations entre les Tchèques et les Lichtenstein et d’organiser à cette fin des conférences, workshops et autres événements promotionnels. »