Presse : tourisme de masse / biopic sur Václav Havel / culture et coronavirus
Cette nouvelle revue de presse se penche d’abord sur les excès du tourisme qui touchent certains endroits en Tchéquie, dont le plus haut sommet du pays, le mont Sněžka. Elle s’intéresse ensuite aux interrogations soulevées à l’occasion de la récente sortie du film tchèque « Havel ». Les inquiétudes des travailleurs du secteur culturel liées à l’approche de la saison automnale sera un autre sujet traité. Nous évoquerons enfin les tendances néomarxistes et leur popularité dans certains pays européens.
Avec ses 1 602 mètres d’altitude, Sněžka est la plus haute montagne des Monts des Géants, dans le nord de la Bohême, et le plus haut sommet de Tchéquie. Cet été plus encore que les années précédentes, son ascension attire les touristes en masse. L’auteur d’une note mise en ligne sur le site aktualne.cz constate qu’elle symbolise les excès du tourisme auquel le pays, à l’instar de beaucoup d’autres régions européennes, est aujourd’hui confronté. Il écrit à ce propos :
« Le tourisme de masse constitue la principale difficulté qui touche les Monts des Géants et d’autres parcs nationaux de Tchéquie. Le problème, ce ne sont pas seulement les touristes qui les fréquentent, mais c’est aussi la manière dont ceux-ci se comportent, le manque de discipline et le non respect des règles en vigueur étant très courants. Pour atténuer ce fléau, les autorités envisagent certaines régulations qui devraient prendre effet dès l’année prochaine. S’il n’est pas prévu d’en rendre l’accès payant, le principe de réservations à une date et à une heure précises, est sérieusement envisagé. »
Selon l’auteur de l’article, cette démarche qui nécessite un contrôle rigoureux constituera une véritable révolution. Il favoriserait pourtant une ascension payante, « une façon d’empêcher la dévastation ultérieure de Sněžka. Il explique :
« Se rendre au mont Sněžka fait partie des traditions familiales tchèques. Les parents y emmènent leurs enfants tout comme ils leur font visiter la cathédrale Saint-Guy ou le Théâtre national à Prague où l’entrée est payante. Or, le mont qui est accessible en télécabine accueille quotidiennement 5 000, voire 10 000 visiteurs en haute saison. »
Le commentateur évoque pour finir la « la psychologie de masse » qui conduit à ce que beaucoup de beaux endroits qui mériteraient d’être visités en Tchéquie le sont nettement moins que ceux liés à une forme de tradition.
Le nouveau film « Havel » et les interrogations qu’il soulève
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La sortie, il y a une dizaine de jours, du film tchèque « Havel » qui couvre les années 1968-1989 de la vie de l’ancien président tchèque a soulevé toutes sortes de questions et de réactions contradictoires, pas forcément d’ordre artistique. « Les auteurs du film ont probablement cherché à rappeler au public tchèque le personnage », indique, par exemple, l’auteur d’un texte publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt. Selon lui, « Václav Havel ne semble pas intéresser la jeune génération qui n’a pas vécu la chute du régime communiste en 1989, alors que la société tchèque a aujourd’hui tendance à se laisser tenter par le populisme et à rejeter les valeurs démocratiques ». Il a aussi remarqué :
« Hasard du calendrier, le film est sorti deux semaines après la mort à l’âge de 97 ans du dernier leader communiste Miloš Jakeš. Václav Havel a été emprisonné pour la troisième fois sous son gouvernement, au début de l’année 1989. Ce décès a réactivé entre autres la question de la non-interdiction du Parti communiste dans le pays. »
L’hebdomadaire Respekt s’interroge également sur la façon de réaliser des films sur les personnalités qui ont marqué le pays. « Havel est une des rares personnes à propos desquelles les gens se souviennent de l’endroit où ils se trouvaient à l’annonce de leur mort. Créer un film sur quelqu’un qui est entouré d’une telle aura s’avère ainsi particulièrement difficile », écrit-il avant de préciser :
« Au lieu de présenter un conte de fées sur un Havel idéalisé, les créateurs ont opté pour la possibilité de le montrer en tant qu’être humain, de mettre en relief sa vie privée, sa promiscuité, sa dépendance psychologique aux femmes fortes. La métamorphose du dramaturge en figure publique, sa conscience et ses positions politiques représentent un autre fil conducteur non moins important du film. »
Le magazine indique enfin que le film permet de se rappeler la naissance, la position et l’autorité d’un intellectuel charismatique, d’un interlocuteur mondialement reconnu qui a conduit la Tchéquie plus loin qu’il ne l’avait peut-être lui-même prévu. Et de s’intéresser aussi à ce que Václav Havel a pensé, dit et écrit. « Ses essais des années 1970, par exemple, demeurent toujours d’actualité et offrent une inspiration pour notre époque », signale en conclusion l’auteur du texte publié dans les pages de l'hebdomadaire.
Perspectives incertaines pour les travailleurs culturels
L’automne augure en Tchéquie de mauvais temps pour les productions et les activités culturelles. Le maintien de certaines mesures de restrictions liées à la pandémie de coronavirus a été confirmé par le ministre tchèque de la Culture Lubomír Zaorálek à l’occasion d’une manifestation de protestation des musiciens qui s’est tenue récemment à Prague. Le site info.cz a observé à ce propos :
« L’incertitude de leur situation est ce qui préoccupe le plus les travailleurs culturels. Il est vrai que beaucoup d’entre eux sont habitués à survivre avec difficulté. A l’exception des grandes stars qui touchent des revenus supérieurs à la moyenne, la plupart se consacrent à leurs activités par conviction ou par dévouement. Certes, en temps de crise, il est légitime de se poser par exemple la question de savoir combien il doit y avoir de théâtres en Tchéquie. D’un autre côté, force est de constater que ce sont les gens liés à la culture qui, par leur élan, leur ingéniosité et leur engagement, insufflent aux régions et aux petites villes un air de convivialité et qui les rendent agréables à vivre. »
Le journal E15 observe pour sa part que la culture fait partie des domaines que la pandémie et les restrictions ont lourdement affectés. « Et on ne peut pas dire que le gouvernement ait réussi à atténuer radicalement leurs retombées, bien au contraire. L’indignation est donc de rigueur », écrit-il.