En Tchéquie, 2021 sera une année aussi (très) politique
2021 en République tchèque ne sera pas seulement une année de poursuite de la lutte contre l’épidémie de coronavirus et ses conséquences économiques et sociales. Elle sera aussi une année politique avec la tenue, début octobre, des élections législatives. Une perspective que, déjà, le Premier ministre Andrej Babiš peut envisager avec une certaine appréhension.
« Chers concitoyens… » Président de la République à Noël, Premier ministre, mais aussi présidents des deux chambres du Parlement le Jour de l’AN : les discours des plus hauts représentants politiques tchèques, auxquels on peut ajouter celui de l’archevêque de Prague, qui s’est lui-même présenté comme « le ministre sans portefeuille des questions spirituelles », ont été nombreux lors des fêtes. Comme ailleurs, ces allocutions ont pris la forme à la fois de bilan de l’année écoulée et de vœux pour celle à venir avec, inévitablement, encore et toujours, le coronavirus au cœur des préoccupations. C’était « un Nouvel An avec trop de bavardages », a d’ailleurs estimé un commentateur de la Radio tchèque.
Mais comme l’a confirmé Petr Fiala, leader du parti conservateur ODS (Parti démocrate civique), une des principales forces actuelles de l’opposition, la gestion dans les mois à venir précisément de cette crise sanitaire, et de tout ce qui en découle, influencera très probablement grandement le déroulement des prochaines élections. Et c’est pourquoi ne serait-ce que lui a attaqué 2021 avec optimisme :
« Nous n’échapperons pas cette année encore au coronavirus. La maladie continuera à faire partie nos vies quotidiennes. Je veux néanmoins être optimiste et croire que 2021 sera l’année où, tous ensemble, nous viendrons à bout de cette pandémie et reviendrons à une vie normale. Il ne faut pas non plus se bercer d’illusions : cette lutte sera encore longue et nous avons plusieurs défis de taille à relever pour y parvenir. Mais si cette nouvelle année est porteuse d’espoirs, c’est aussi parce qu’elle sera électorale, et je veux croire que les électeurs nous feront confiance pour remplacer le gouvernement actuel. »
A la surprise générale, tant l’annonce a été faite inhabituellement tôt, le président Miloš Zeman a d’ores et déjà annoncé que ces législatives, qui constituent le scrutin le plus important dans le système politique tchèque, se tiendront les vendredi 8 et samedi 9 octobre.
Qu’il s’agisse de l’ODS, de TOP 09 et des chrétiens-démocrates, qui se sont entendus pour former un bloc tripartite de centre-droit, ou des Pirates et de STAN (mouvement des Maires et Indépendants), qui entendent représenter ensemble les intérêts des électeurs libéraux, l’opposition se mobilise et rassemble ses forces dans l’idée de pouvoir menacer sérieusement la suprématie du mouvement ANO dirigé par le Premier ministre Andrej Babiš.
Malgré son alliance avec les sociaux-démocrates au sein de l’actuelle coalition gouvernementale, et des sondages qui le placent toujours assez largement en tête, la position dominante d’ANO pourrait vaciller à l’automne. « ANO aura du mal à chercher des alliés », titrait d’ailleurs en une lundi, pour son premier numéro de l’année, Hospodářské noviny au-dessus d’une photo montrant un Andrej Babiš masqué, regardant au loin ou dans le vide - c’est au choix.
« Pour la première fois depuis 2010, malgré sa possible victoire, le favori risque de finir dans l’opposition », explique le quotidien, qui rappelle le scénario des élections régionales à l’automne dernier. « Bien que vainqueur dans dix des treize régions du pays (Prague est considérée comme la quatorzième région, mais seules des élections municipales y sont organisées), le mouvement ANO ne possède finalement que trois présidents de région. »
Douze mois les séparant, mais aussi des enjeux et une participation tout autres, établir un parallèle entre les élections régionales et législatives constitue forcément une entreprise incertaine. Une chose est néanmoins acquise : s’il entend se maintenir au pouvoir, Andrej Babiš ne dormira pas souvent sur ses deux oreilles d’ici à octobre prochain. Et ce n’est certainement pas le coronavirus, avec son gouvernement déjà critiqué pour l’organisation chaotique de la campagne nationale de vaccination, qui l’y aidera.