Le président Miloš Zeman incapable d’accomplir ses fonctions, selon les médecins
Le président de la République Miloš Zeman est actuellement dans l’incapacité d’assurer l’exercice de ses fonctions, a déclaré dans la soirée de lundi le président du Sénat tchèque, s’appuyant sur un rapport médical qu’il a lui-même demandé auprès de l’hôpital militaire de Prague (ÚVN). Cette information met fin à l’incertitude autour de l’état de santé de Miloš Zeman, mais ne facilite pas la formation du nouveau gouvernement issu des élections législatives de début octobre.
Hospitalisé en urgence le 10 octobre, au lendemain des élections, Miloš Zeman, 77 ans, est depuis pris en charge en soins intensifs à l’hôpital militaire de Prague, un des établissements médicaux les plus réputés dans le pays. Cette hospitalisation a paralysé le processus de désignation du nouveau gouvernement, étant donné que c’est au président de la République d’accepter la démission du gouvernement sortant et de charger les ministres d’exercer leurs fonctions jusqu’à la nomination de leurs successeurs.
Mais surtout, le président a deux tentatives pour nommer un nouveau Premier ministre qui demande ensuite, avec son cabinet, à obtenir la confiance de la Chambre des députés renouvelée.
Peu avant son hospitalisation, Miloš Zeman a rencontré son allié et Premier ministre sortant Andrej Babiš (ANO) qui venait de perdre aux législatives face à la coalition des partis d’opposition (SPOLU). Le président lui aurait promis de lui accorder les deux tentatives de composer le nouveau cabinet, tandis que la coalition SPOLU et son leader Petr Fiala revendiquent eux aussi la formation du gouvernement.
En attente du verdict de Miloš Zeman, la question, délicate, mais essentielle, s’est posée de savoir si le président malade, que le public n’a ni vu ni entendu depuis son hospitalisation, était actuellement en mesure, ou non, d’exercer pleinement ses fonctions. Or la chancellerie présidentielle s’est refusé à donner le moindre détail sur le diagnostic et l’état de santé actuel de celui-ci.
Ce silence, dénoncé par les politiciens, les médias et les citoyens, a été brisé par Miloš Vystrčil, le président de la Chambre haute du Parlement et deuxième personnage de l’Etat tchèque. Ce lundi, il a rendu public l’essentiel du rapport médical qu’il a obtenu de la part de l’hôpital militaire :
« De l’avis de l’hôpital militaire, le président Miloš Zeman n’est pas capable actuellement d’accomplir la moindre de ses missions officielles, pour des raisons de santé. »
Bien qu’une grave maladie de foie soit souvent évoquée par les médias, le président du Sénat n’a pas donné plus de précisions sur l’état de santé de Miloš Zeman. Il a en revanche ajouté que, selon les médecins traitants, le pronostic à long terme de son état de santé était « grandement incertain » et laissait « très peu de chance » à ce que « le président se rétablisse afin de pouvoir reprendre ses activités officielles dans les semaines à venir ».
L’action du président du Sénat a été saluée, sur le plateau de la Télévision tchèque, par le prêtre et biologiste Marek Vácha qui enseigne l’éthique à la 3e faculté de médecine de l’Université Charles :
« Ce rapport a révélé exactement ce que nous avions besoin de savoir, nous, les citoyens et électeurs. Il est tout à fait légitime que nous nous intéressions à la santé du chef de l’Etat. Le président du Sénat, ainsi que l’hôpital militaire se sont comportés de manière très professionnelle. Par ailleurs, cette situation a mis en valeur l’importance du Sénat dans notre pays. »
Selon les sénateurs, la situation actuelle, inédite dans l’histoire de la République tchèque, pourrait être résolue par le transfert temporaire des pouvoirs présidentiels au Premier ministre et au président de la Chambre des députés, conformément à la Constitution, comme l’a confirmé le président du Sénat Miloš Vystrčil :
« Malheureusement, le rapport médical relatif à la santé du président ne donne pas d’autres possibilités que d’activer l’article 66 de la Constitution. La question est de savoir quand et comment il faut procéder à cela. »
Plus précisément, l’article 66 de la Constitution tchèque traite de la situation où le pays se retrouve sans président, ou lorsque le président est incapable d’exercer ses fonctions. L’activation de la clause constitutionnelle doit être adoptée par les deux chambres du Parlement. Certaines prérogatives présidentielles pourraient alors être transférées à d’autres responsables politiques, notamment celle de désigner un nouveau Premier ministre.
Le Sénat pourrait se prononcer sur ce transfert des pouvoirs du président le 5 novembre, tandis que la nouvelle Chambre des députés doit se réunir trois jours plus tard.