Une nouvelle exposition réunit les traditions tchèque et japonaise de la teinture bleue
Une nouvelle exposition, consacrée à la tradition de la teinture bleu indigo en République tchèque et au Japon, se tient actuellement au Musée des arts décoratifs de Prague. Intitulée « Fashion in Blue », elle présente la genèse de la technique de la teinture bleue en Orient et en Occident et examine la façon dont elle est utilisée dans la mode et l’art contemporains.
L’exposition consacrée à la tradition de la teinture bleu indigo en Tchéquie et au Japon a été initiée par la commissaire d’exposition japonaise Setsuko Shibata. Elle devait avoir lieu au printemps dernier pour célébrer le 100e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la République tchèque et le Japon, mais elle a été reportée en raison de la pandémie de Covid-19.
Markéta Vinglerová, commissaire d'exposition de la collection textile du Musée des arts décoratifs, explique que, lors de la préparation de l’exposition, il a d’abord fallu explorer les points communs entre les techniques d’impression bleue tchèque et japonaise :
« Quand nous avons commencé à étudier les techniques plus en détails, nous avons découvert qu’elles sont en fait assez différentes. Pour être plus précise, nous n’avons qu’une seule technique en République tchèque, l’impression sur étoffes indigo, tandis qu’au Japon il y en a plus et elles sont beaucoup plus complexes. De plus, l’impression sur étoffes indigo est arrivée dans notre région en provenance de l’Extrême-Orient. Nous ne pouvons donc pas dire qu’elle soit originaire d’ici. Donc la chose que les deux pays ont véritablement en commun est la couleur bleue, l’indigo. »
Selon Markéta Vinglerová, les deux traditions ont également en commun le fait qu’elles ont presque disparu en raison de l’industrialisation et de l’essor de l’industrie de la fast-fashion.
La tradition tchèque de la teinture bleue, qui fait partie de la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, remonte au 18e siècle et a connu son apogée au 19e siècle. Aujourd’hui, il n’y a plus que deux ateliers familiaux en Moravie du Sud qui maintiennent la tradition. Cependant, Markéta Vinglerová explique que, ces dernières années, cette tradition a connu un certain renouveau.
« Beaucoup de jeunes stylistes, qui s’intéressent à la durabilité et à la production locale, reviennent aux anciennes traditions artisanales, et l’impression sur étoffes indigo en fait partie. C’est pourquoi nous présentons également le travail de jeunes designers qui ont utilisé cette technique, que ce soit dans une seule collection ou à plusieurs reprises. C’est une sorte de défi qui les a séduits. »
En complément des expositions locales, qui comprennent également des costumes folkloriques moraves et des tissus contemporains de teinture bleue, l’exposition présente une sélection variée de textiles japonais fabriqués à l’aide de la technique de la teinture bleue :
« Les visiteurs peuvent voir des yukatas, qui sont des vêtements d’été plus légers, ainsi que des kimonos traditionnels. Il y a aussi des textiles suspendus et des exemples de motifs d’impression japonais. Je dirais donc qu’il s’agit d’une exposition de confrontation, qui ne veut absolument pas mettre en avant l’une des deux traditions. Au contraire, elle veut montrer à quel point les deux sont magnifiques. »