Cinéma : des étudiants québécois à la FAMU de Prague
Si la pandémie le permet, une quarantaine d’étudiants en cinéma de l’université du Québec à Montréal (UQAM) viendront à Prague cet été pour découvrir et apprendre à la FAMU. Le cinéaste et enseignant Denis Chouinard est à l’initiative de cette école d’été, qui en sera à sa quatrième édition :
« Je suis cinéaste et j’enseigne le cinéma ici à Montréal et je connais la FAMU ainsi que son travail de formation, c’est une des meilleures écoles de cinéma au monde. Je nourrissais depuis longtemps un tel projet d’échange. Pendant trois années, en collaboration avec l’Université Charles, nous avons eu un programme d’échange et on voulait renforcer ces échanges avec ce partenariat avec la FAMU. Je suis très content qu’Ondřej Šejnoha, directeur de Studio FAMU, ait accepté de nous accueillir dans son enceinte mythique. »
Combien d’étudiants seront concernés si la pandémie le permet ?
« On espère qu’une quarantaine d’étudiants pourront faire le voyage. Ce n’est pas rien, ça dure deux mois, avec deux cours : cinéma et culture tchèque au Kino Ponrepo – bien connu des cinéphiles – pour regarder des classiques tchèques et les replacer dans un contexte socio-historique pour des étudiants qui en général ne connaissent rien de la région et de son histoire. »
« Pendant ce mois de juin ils doivent aussi faire de l’observation en ville, de manière à pouvoir chacun écrire un scénario. Durant le deuxième mois, on veut qu’ils tournent leurs films, car on vient avec de l’équipement de tournage, et on veut qu’ils les tournent en tchèque. »
Parmi ces classiques du cinéma tchèque dont vous parliez, lequel vous plaît le plus à vous ?
« L’incinérateur de cadavres ! Un grand film de Juraj Herz, qui plaît beaucoup aux étudiants aussi. Les amours d’une blonde aussi, ou Trains étroitement surveillés. On présente aussi Les petites marguerites de Vera Chytilova et beaucoup d’autres films, même Les cueilleurs de houblon. Cela leur permet d’avoir un petit bagage culturel. A côté de ça on leur fait lire de la littérature tchèque, notamment Milan Kundera… »
… Kundera, lui-même ancien enseignant à la FAMU…
« Oui, qui enseignait la scénarisation et qui a même été le professeur de Miloš Forman ! »
Vous disiez que vos étudiants ne connaissaient rien ou pas grand chose à la région et à son cinéma. Est-ce que le cinéma tchèque contemporain peut être connu au Québec ?
« Pas du tout, je dirais que le dernier film sorti ici en salles était Štěstí (Something like happiness), sorti il y a plus d’une dizaine d’années… Au niveau de la circulation commerciale des films, le cinéma tchèque, comme le cinéma suédois ou espagnol par exemple, a plus de difficulté à être présent ici. »
Des étudiants tchèques pourront-ils étudier chez vous à Montréal ?
« J’aimerais beaucoup pouvoir le faire et j’aimerais profiter de cet été pour développer cette idée, pour que des étudiants puissent venir un semestre chez nous. Cela nous ferait très plaisir. Il faut savoir que nous sommes une université francophone et que la jeunesse tchèque, comme ailleurs, est plutôt portée sur l’anglais. Cela rend les choses un peu plus difficiles, mais les gens de la FAMU me disent qu’il y a toujours quelques francophones dans chaque promotion, donc il pourrait y avoir des possibilités. »
Là encore si la pandémie le permet votre école d’été coïnciderait avec le festival du film de Karlovy Vary – vous y emmènerez vos étudiants ?
« Absolument, nous l’avons fait dans le passé et avons débarqué en masse. C’est super pour les étudiants d’aller là-bas, et je les encourage beaucoup à aller à un autre festival tchèque que j’aime beaucoup, l’école d’été du film d’Uherské Hradiště (Letní filmová škola), où viennent de nombreux étudiants en cinéma de partout. »
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