Une semaine de lutte intense contre les flammes en Suisse de Bohême
Les efforts pour éteindre l’incendie de forêt dans le parc national de la Suisse de Bohême, dans le nord-ouest de la Tchéquie, se sont poursuivis tout au long du week-end. Selon les autorités, la situation est stabilisée, mais l’intervention de quelque 900 pompiers déployés près de la frontière tchéco-allemande durera encore plusieurs jours.
Ce week-end, les pompiers mobilisés depuis une semaine dans le parc national de la Suisse de Bohême ont changé de stratégie : pour contenir le plus grand incendie dans l’histoire récente de la République tchèque, ils sont passé « de la défense à l’attaque », comme l’explique leur porte-parole Martina Götzová.
« Ce dimanche, dix hélicoptères allemands sont venus nous épauler. En tout, vingt-et-un appareils sont intervenus. Les travaux d’extinction se déroulent dans un terrain très difficile, parfois inaccessible, donc les moyens aériens sont extrêmement importants. »
« Le feu a touché une superficie de 1 060 hectares. Mais il faut se rendre compte que nous sommes intervenus sur une zone beaucoup plus étendue qui mesure environ 3 600 hectares. Sur cette surface, les pompiers de déplacent progressivement du sud au nord, vers l’épicentre de l’incendie. Actuellement, ils combattent le feu sur 2 860 hectares. »
Après des Canadairs italiens, deux bombardiers d’eau suédois, ainsi que des avions Antonov aspergent les flammes, quand les conditions météorologiques le permettent. Outre les hélicoptères allemands, deux appareils Black Hawk venus de Slovaquie et de Pologne ont aidé, la semaine dernière, à contenir le feu, en transportant l’eau de l’Elbe dans des seaux pouvant contenir jusqu’à 3 000 litres.
« C’est une tâche exigeante pour les pilotes », explique le chef des pompiers polonais Tomasz Tracilowski. « Ils effectuent une descente rapide pour récupérer l’eau, puis ils doivent décoller et redescendre tout aussi rapidement pour la jeter sur les flammes. Tout cela pendant 8 ou 9 heures, car ici, nous n’avons qu’un seul équipage. »
La lutte contre ce feu de forêt a mobilisé les pompiers de toute la République tchèque. Plusieurs dizaines d’entre eux ont été blessés au cours de l’intervention, tandis que des centaines de personnes ont dû être évacuées. Dimanche, une centaine d’habitants de la commune de Vysoká Lípa ont pu toutefois regagner leurs domiciles.
En visite ce week-end à Hřensko, l’un des communes qui restent évacuées, le ministre de l’Intérieur Vít Rakušan a déclaré que les travaux d’extinction du feu prendraient encore « beaucoup de temps ». Le ministre a aussi promis une première enveloppe de 100 millions de couronnes (environ 4 millions d’euros) destinée à la restauration du paysage dans ce parc national très prisé des touristes.
Les causes de ce feu de forêt massif et la prévention des risques sont largement développés dans les médias tchèques. Si les épicéas détruits par le scolyte ont certainement contribué à la propagation rapide de l’incendie, c’est fort probablement la négligence humaine qui est à son origine.
Petr Čermák, spécialiste de l’Université Mendel de Brno, a déclaré dans ce contexte pour le journal Deník : « Le non-respect des interdictions en vigueur et des risques liés aux activités en forêt sont alarmants en République tchèque. Les gens fument, allument des feux... Il est difficile pour les gardes forestiers de les sanctionner, car les gens sont souvent agressifs. Peut-être que ce malheureux incendie sensibilisera le public. Mais il faudrait évidemment mettre en place des restrictions plus sévères. »
Un incident tout récent confirme ses propos : ce week-end, deux hommes et une femme ont pénétré dans la zone fermée du parc national. La police tchèque les a expulsés, sans leur infliger d’amende.