UE : « Les voix des pays d’Europe centrale et orientale désormais bien plus entendues »
Deuxième sommet européen en deux jours dans la capitale tchèque ce vendredi, cette fois-ci sans les Etats non-membres de l’Union européenne. Prix du gaz, soutien à l’Ukraine : deux thèmes majeurs au Château de Prague pour un sommet informel qui intervient à la mi-temps de la présidence tchèque de l’Union européenne. Clea Caulcutt travaille pour le site Politico, spécialisé dans les affaires européennes. Elle a répondu aux questions de RPI.
Clea Caulcutt : « On a pour l’instant une impression très positive de ce qu’a fait la Tchéquie ces dernières heures. Elle a pu répondre au défi lancé par Emmanuel Macron – la Communauté Politique Européenne – en mai dernier, donc très récemment, et se l’est approprié. Côté français, on m’a dit avoir voulu laisser les Tchèques s’emparer de ce projet qui réunit plus de quarante Etats et que la Tchéquie avait été aux avant-postes pour organiser toutes les rencontres. C’est vu comme un succès. »
La présidence tchèque a été évidemment chamboulée par l’invasion de l’Ukraine. On a noté des succès dans le domaine de l’énergie. Comment voyez-vous cela ?
« Au niveau du secteur énergétique c’est un peu plus compliqué, parce qu’on n’a pas eu de réunions de dirigeants européens depuis juin. Il y a eu à Prague des discussions ce vendredi sur un potentiel plafonnement des prix mais il y a beaucoup de différences et de tensions entre les 27 sur ce sujet. On ne pense pas avoir de solution cette semaine, on essaie surtout de déblayer le terrain. Les conceptions pour faire diminuer le prix du gaz sont trop différentes et pour l’instant on attend le consensus. »
Les voix des pays d’Europe centrale et orientale sont-elles davantage entendues depuis l’invasion de l’Ukraine, car certains de ces pays prévenaient depuis longtemps des dangers de la politique menée par le Kremlin. Est-ce que ça a changé la donne dans les discussions qui se déroulaient aussi cette semaine à Prague ?
« Oui, je pense qu’il y a un poids plus grand – on entend beaucoup plus en France et à Bruxelles les inquiétudes des pays situés sur le flanc Est de l’UE. Les critiques par exemple formulées par l’Estonie ou par d’autres pays vis-à-vis de la France – qui tout en condamnant la guerre a quand même essayé de maintenir un dialogue avec V. Poutine. Pour le dire simplement il y a un peu un effet ‘On vous l’avait dit – on savait que la Russie était dangereuse’, qui est de plus en plus perçu du côté de l’Europe occidentale. »
Comment s’en sort pour l’instant le Premier ministre tchèque Petr Fiala selon vous ?
« Je pense que le sommet CPE était à haut risque, avec les dirigeants de la Grèce et de la Turquie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, donc impliqués dans des conflits régionaux. Tout cela requiert une chorégraphie diplomatique assez fine. On sait qu’il y a eu un clash entre le Premier ministre grec et le président turc lors du dîner, donc tout n’a pas été évité mais en gros la photo d’ensemble a été réussie. »
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