« En Tchéquie, il est compliqué de faire entendre le sujet du réchauffement climatique »
L’Institut français de Prague organisait, les 26 et 27 janvier, deux journées de sensibilisation au réchauffement climatique, en partenariat avec l’association La Fresque du Climat. Présenté sous la forme d’un atelier interactif en français, l’événement a réuni des lycéens tchèques et français.
« La Fresque du Climat est un atelier conçu pour être collaboratif et participatif avec une approche scientifique. La première étape consiste à poser les bases scientifiques des changements climatiques avec un jeu de cartes. Chaque carte représente une composante du système climatique. Le but est de relier ces cartes les unes aux autres en suivant une logique de cause-conséquence : qu’est-ce qui provoque quoi ? »
Les informations contenues sur ces cartes proviennent toutes du rapport du GIEC, le Groupe intergouvernemental des experts sur le climat, qui, selon Chloé Vésier, reste la source la plus complète sur les changements climatiques et fait consensus dans la communauté scientifique.
Dans la deuxième partie de l’atelier, les participants peuvent exprimer leur créativité en s’appropriant leur fresque, grâce au dessin par exemple. Enfin, les lycéens pouvaient partager leur ressenti vis-à-vis du climat et discuter ensemble des solutions pour l’avenir. Chloé Vésier rappelle ici que le but de l’association n’est pas d’orienter le débat vers une solution plutôt qu’une autre :
« Autant nous avons une approche très scientifique sur le climat et l’état des lieux de la situation, autant, lorsqu’on parle de solutions, cela relève plus de l’ordre du politique, alors que nous ne sommes là que pour initier une réflexion et un début de discussion autour du sujet. »
Si tout le monde n’a pas le temps ou l’envie de se plonger dans les 2 000 pages du rapport du GIEC, La Fresque du Climat permet de vulgariser et d’aborder plus simplement un sujet souvent perçu comme difficile à comprendre.
« On entend partout que le sujet est grave, mais c’est un discours très culpabilisant et un peu dramatique qui n’apporte pas de compréhension scientifique de ce qu’il se passe derrière. À notre sens, il est très important de poser les bases des connaissances nécessaires pour construire une argumentation ou réfléchir à des solutions. »
Filip est un lycéen de 17 ans, actuellement scolarisé au lycée Jan Neruda à Prague. Il nous explique :
« Je pense qu’il est important de sensibiliser à la thématique mais aussi de l’expliquer, car c’est beaucoup plus compliqué que l’on ne le pense au début. Je disposais de certaines informations de base, mais ne connaissais pas tous les détails. Il est important aussi de regarder les chiffres. Beaucoup de personnes refusent de travailler avec les statistiques, alors que c’est grâce à elles que l’on voit réellement ce qui est important. »
Les lycéens qui ont participé à ces deux journées de sensibilisation sont scolarisés dans sept établissements différents, parmi lesquels le Lycée français de Prague et six autres lycées tchèques qui proposent des sections bilingues en français. L’objectif est donc aussi de leur permettre de perfectionner leur maîtrise du français dans un cadre moins scolaire, ainsi que d’échanger avec des élèves d’autres établissements sur une thématique qui touche tout particulièrement cette génération.
Le réchauffement climatique est à l’origine de multiples manifestations et initiatives dans différentes régions du monde, initiées notamment par les jeunes. En République tchèque, cependant, ce problème majeur connaît une mobilisation encore trop timide, selon Chloé Vésier :
« En République tchèque, j’ai l’impression que c’est un peu plus compliqué de faire entendre ces sujets. Il n’y a pas d’autre association qui travaille sur l’éducation sur le climat et c’est pourquoi je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à faire dans ce domaine dans ce pays. »
Natálie, actuellement en dernière année au lycée de langues Pavel Tigrid à Ostrava, est pour sa part plus positive. Elle veut croire en une prise de conscience plus marquée au sein de sa génération de l’importance du sujet du réchauffement climatique :
« Beaucoup de gens autour de moi s’intéressent aux changements climatiques, au réchauffement, aux divers problèmes, aux animaux… C’est peut-être juste mon environnement, c’est vrai, mais je constate quand même une mobilisation qui augmente chaque mois, chaque jour. »
Accueillie avec enthousiasme par les différents participants, cette initiative de l’IFP aura en tout cas permis un beau moment de rencontre franco-tchèque.