Réforme des retraites : un report de l’âge de départ à 68 ans envisagé en Tchéquie
La République tchèque s’apprête, elle aussi, à réformer son système de retraite. Selon un document du ministère du Travail et des Affaires sociales, l’âge légal de départ à la retraite sera progressivement relevé à 68 ans d’ici à 2060 (contre 64 ans actuellement et 65 ans à partir de 2030).
Au même titre que la stabilisation des finances publiques, l’accès au logement, la lutte contre les changements climatiques ou encore le renforcement de l’ancrage du pays dans les valeurs défendues par l’Union européenne et l’OTAN, la réforme des retraites fait partie des priorités qui avaient été annoncées par le gouvernement, en début d’année dernière, peu après la formation de la nouvelle coalition, dans sa déclaration de politique générale.
Pour l’heure, cette réforme est encore dans les cartons. Ce lundi, lors d’un point-presse, le ministre du Travail et des Affaires sociales, le chrétien-démocrate Martin Jurečka, a néanmoins annoncé qu’après qu'il en aura débattu avec les partenaires de la coalition et avec l’opposition, il entendait présenter en mars une proposition qui visera à rendre le financement du système viable à l’avenir. Avant cela, dimanche soir, la Télévision tchèque a déjà présenté les grandes lignes du projet en question.
Actuellement, l’âge du départ à la retraite en République tchèque est de 64 ans pour les hommes et les femmes sans enfant, de 63 ans et 8 mois pour les femmes ayant eu un enfant ou encore de 62 ans et 8 mois pour celles avec deux enfants. En 2016, le gouvernement a approuvé le principe d’un recul à 65 ans pour 2030, avec l’idée qu’environ un quart de la vie attendue (selon l’espérance de vie moyenne) puisse se dérouler une fois à la retraite. Cet âge de 65 ans concernera tout à la fois les hommes, les femmes sans enfant et celles avec un enfant, mais aussi celles ayant eu deux enfants à compter de 2031 et celles avec trois enfants en 2034.
Selon le nouveau projet, les choses commenceront donc à évoluer une fois seulement cet horizon 2030 passé, comme le confirme le ministre des Finances, le conservateur Zbyněk Stanjura :
« Après 2030, les années ‘fortes’ de la population, c’est-à-dire les années où la natalité a été plus importante, commenceront à partir à la retraite. Pour que les pensions restent dignes de ce nom, nous devons donc débattre du sujet. En attendant, les règles sont clairement établies et il est établi que rien ne changera avant 2030. »
Les changements envisagés ne concerneront donc pas les personnes aujourd’hui âgées de 57 ans et plus. En revanche, toutes celles qui sont plus jeunes le seront, à des degrés plus ou moins importants.
Ondřej Berka est directeur des opérations d’un restaurant de Český Krumlov, ville historique et très touristique de Bohême du Sud. À 37 ans, il s’apprête à travailler encore trente ans. En effet, si la réforme à l’étude est adoptée, il partira à la retraite à 67,5 ans, soit 2,5 ans plus tard que ce que prévoit le système actuel. Une perspective dont Ondřej se dit prêt à s’accomoder, préférant ne pas trop compter sur sa future pension pour couvrir financièrement tous les besoins qu’il aura alors :
« Je suis encore relativement jeune, je sais donc que cela va encore durer (pour arriver à l’âge de la retraite). Je préfère donc penser à comment me débrouiller pour pouvoir être à ma propre charge et pour ne pas devoir compter uniquement sur ma pension de retraite pour vivre. »
Filip Žák, lui, est serveur dans un restaurant de Pec pod Sněžkou, une station de sports d’hiver des Monts des Géants. Lui est âgé de 26 ans et partirait donc à la retraite à 68 ans en 2065. Pour l’heure, Filip s’image mal avoir encore la même profession dans quarante-deux ans :
« Ce qui est sûr dans tous les cas, c’est que je me vois mal à 68 ans encore porter des assiettes chaudes, faire des kilomètres en salle et être debout du matin au soir. »
Toujours selon le document en question du ministère du Travail et des Affaires sociales, le recul de l’âge de départ serait de l'ordre de deux mois chaque année à compter de 2030. Ainsi, tandis qu’une personne née en 1965 atteindra l’âge de la retraite à 65 ans (en 2030), les cinquantenaires nés en 1973 et après devraient, eux, attendre d’avoir 66 ans (à compter de 2037), les quarantenaires nés dans les années 1980 d’en avoir 67 (2047) et les trentenaires nés après 1989 d’en avoir 68 (2057).
Le ministre Martin Jurečka prévoit aussi le maintien d'un départ anticipé pour certaines professions éprouvantes sans que le montant de leur pension soit réduit. Actuellement, cette mesure concerne un demi-million de personnes, selon le ministère de la Santé. Il s’agit par exemple des ouvriers métallurgistes, des ramoneurs, des maçons ou encore des infirmières spécialisées.
Selon les calculs du ministère, un recul de deux ans permettrait d’économiser 1 % du PIB par an (soit environ 3 milliards d’euros) et un recul de trois ans 1,5 % du PIB (4,5 milliards d’euros).