Crimes de guerre en Ukraine : des experts tchèques participeront à l’enquête du tribunal de La Haye
Lundi, la Cour pénale internationale (CPI) a engagé une investigation sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par la Russie en Ukraine. Des experts tchèques participeront à l'enquête.
Trois jours après l’émission d’un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, la CPI a réclamé, lundi, lors d’une conférence organisée par le Royaume-Uni et les Pays-Bas, du soutien et de la « persévérance » pour l’aider dans ses investigations sur les crimes de guerre présumés commis en Ukraine.
Cette conférence internationale a réuni, à Londres, des ministres de la Justice et représentants de plus de 40 Etats, dont le procureur général de la CPI, Karim Khan, et le ministre ukrainien de la Justice, Denys Malyushka.
A l’issue de la rencontre, plusieurs pays ont annoncé la mobilisation de moyens supplémentaires pour soutenir l’enquête du tribunal de La Haye. Parmi eux, la Tchéquie enverra auprès de la CPI dix-sept spécialistes en médecine légale, employés du ministère de la Justice et de la Police tchèque.
« La République tchèque soutient l’action de la CPI et, depuis le début de l'agression russe en Ukraine, s’efforce de lui apporter toute l’aide possible et de répondre à ses besoins », a déclaré à cette occasion le vice-ministre de la Justice, Karel Dvořák.
Généticien judiciaire, Daniel Vaněk estime, lui, que le plus important est de documenter les crimes commis en Ukraine depuis son invasion par la Russie, afin de pouvoir présenter les preuves devant le tribunal, comme il l'a expliqué à la Radio tchèque :
« Quand nous avions procédé à l’identification des victimes des fosses communes en Bosnie-Herzégovine il y a vingt ans, nous avions documenté la façon dont elles avaient été tuées. Nous avions ensuite rédigé des rapports d’experts qui avaient été utilisés par la CPI de La Haye pour décider de la culpabilité ou de l’innocence des auteurs soupçonnés de ces crimes. »
« Personnellement, je suis arrivé en Bosnie-Herzégovine en 2002, donc après la guerre, mais je pense que des enquêtes préliminaires y avaient déjà été menées. Il faut commencer le plus rapidement possible, avant que les preuves ne disparaissent. Il faut, par exemple, localiser les fosses communes. En Bosnie-Herzégovine, il nous est arrivé de d'en découvrir une qui avait été recouverte de béton. Un parking et des commerces y avaient été construits. Donc, déjà pendant la guerre, les experts peuvent recueillir des preuves et préparer le terrain pour que des analyses génétiques et autres puissent ensuite être effectuées. »
La diplomatie tchèque soutient activement la création d’un tribunal spécial pour les crimes de guerre commis en Ukraine. Toutefois, la communauté internationale n’a pas encore statué sur la mise en place d’une telle juridiction qui pourrait juger non seulement les crimes contre l’humanité, mais également le crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine.