Il y a 85 ans était présenté le programme de Karlsbad, ouvrant la voie aux accords de Munich
« Demander plus que ce que l’on peut obtenir » : tel était le projet du parti allemand des Sudètes, qui a conduit à l’occupation des Sudètes et à leur annexion au Troisième Reich. Le programme de Carlsbad a été adressé au gouvernement tchécoslovaque le 24 avril 1938.
En 1938, plus de trois millions d’Allemands vivaient en Tchécoslovaquie, comptant pour un tiers de la population de Bohême et de Moravie. Pour la plupart, ils peuplaient les régions frontalières, qui ont été plus touchées par la crise économique des années 1930 que le reste du pays. Ce qui a constitué le terreau du nationalisme du parti allemand des Sudètes, avec à sa tête Konrad Henlein.
Les ordres de Berlin
Le premier coup fort de ce parti a été la liste de revendications présentée au congrès du parti, le 24 avril 1938 à Karlovy Vary, par Konrad Henlein, après consultation avec Adolf Hitler. Cette liste comportait huit points auxquels l’Etat tchécoslovaque était tenu d’adhérer sans conditions. La première revendication était l’attribution aux Allemands des Sudètes de droits égaux à ceux de la population tchèque. Etaient également réclamées la reconnaissance du groupe de nationalité allemande des Sudètes, la reconnaissance du peuplement territorial des Allemands des Sudètes et la mise en place d’une autogestion des Sudètes. Le programme de Carlsbad exigeait par ailleurs la réparation des dommages causés par les injustices commises à l’encontre des Allemands des Sudètes après 1918. L’administration publique des Sudètes devait être confiée uniquement à des Allemands. Enfin, la dernière revendication était la pleine liberté d’adhésion à la nationalité allemande et à la vision allemande du monde.
Le congrès du parti allemand des Sudètes s’est tenu le mois suivant l’Anschluss, à savoir l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie. Dès le lendemain du premier jour du congrès, l’armée allemande commençait déjà à préparer la mise en œuvre du plan Fall Grün, dont l’objectif était la destruction militaire de la Tchécoslovaquie.
La trahison des alliés
Le gouvernement tchécoslovaque a tout d’abord refusé résolument la plupart des revendications du parti allemand des Sudètes. Mais l’agressivité n’a fait qu’augmenter, les tensions nationales se sont exacerbées et des conflits armés ont éclaté.
De plus, la Tchécoslovaquie était soumise à une pression internationale croissante, notamment de la part du gouvernement britannique du Premier ministre conservateur Neville Chamberlain ainsi que, dans une moindre mesure, du gouvernement français avec à sa tête Edouard Daladier. Craignant une guerre, les deux pays ont appelé Eduard Beneš à accepter les revendications d’Henlein afin de satisfaire aux exigences allemandes – du moins en partie. Cela a conduit à l’accord de Munich sur la cession à l’Allemagne des territoires frontaliers de la Tchécoslovaquie habités par la minorité allemande. Cet accord a été signé le 9 septembre 1938, à la conférence de Munich, par les représentants de l’Allemagne (A. Hitler), de l’Italie (B. Mussolini), de la Grande-Bretagne (N. Chamberlain) et de la France (E. Daladier). Les représentants du gouvernement tchécoslovaque n’ont pas été invités à la conférence. L’accord constituant un ultimatum pour la Tchécoslovaquie, elle l’a accepté sous la contrainte. C'est ce qui a marqué le début de la désintégration de la République tchécoslovaque à la veille de la Seconde Guerre mondiale.