Volodymyr Zelensky quitte Prague avec une nouvelle promesse d’aide militaire
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky était à Prague dans le cadre d’une tournée européenne qui l’a amené jeudi d’abord à Sofia, avant qu’un avion spécial du gouvernement tchèque ne le transporte jusqu’en Tchéquie. A l’issue de discussions avec son homologue tchèque Petr Pavel, le Premier ministre Petr Fiala et les présidents des deux chambres du Parlement, Volodymyr Zelensky est reparti vers Bratislava, avec l’assurance du soutien indéfectible de Prague et de nouvelles livraisons de matériel militaire.
Après une arrivée à l’aéroport Václav Havel en Airbus officiel, accompagné de deux avions de chasse Gripen,
c’est vêtu de son incontournable T-shirt kaki que le président ukrainien a franchi jeudi soir, peu après 20 heures, le grand portail des Titans qui donne sur la première cour du Château de Prague : si Volodymyr Zelensky l’a probablement passé en tant que simple visiteur lors de son séjour touristique en 2009, c’était cette fois tant que chef d’Etat qu’il a été accueilli par son homologue tchèque Petr Pavel.
Après une cérémonie d’accueil avec les honneurs militaires et les hymnes ukrainien et tchèque, les deux chefs d’Etat ont pu s'entretenir en privé avant de s’exprimer à la faveur d’une conférence de presse conjointe. Avant d’assurer son homologue ukrainien du soutien sans faille de la Tchéquie, le président Petr Pavel a tout d’abord souligné que l’attitude de Volodymyr Zelensky était une source d’inspiration pour de nombreux dirigeants :
« Il est admirable de voir avec quelle détermination et quelle volonté l’Ukraine se défend contre une armée en supériorité numérique au départ. Aujourd’hui, nous pouvons dire que les forces sont, sinon égales, du moins équivalentes, car l’Ukraine a non seulement lancé une contre-offensive, mais elle montre que la Russie est loin d'être aussi forte qu'elle a essayé de nous le faire croire. Cette visite n’est pas seulement le signe que soutenir l’Ukraine fait sens, mais que ce soutien va dans le sens de nos objectifs qui est que l’Ukraine soit victorieuse, et donc nous aussi, dans le respect des règles qui fonde notamment notre société. »
A Prague, et à quelques jours du sommet de l’OTAN à Vilnius, Volodymyr Zelensky a demandé un signal clair de pouvoir intégrer l’Alliance aussitôt la guerre terminée, alors que les membres de l’OTAN sont divisés sur le calendrier potentiel d’une adhésion de l’Ukraine : certains d’entre eux redoutent en effet qu’une telle décision rapproche l’OTAN d’une guerre active avec la Russie.
Sur cette question, Volodymyr Zelensky peut se satisfaire de l’appui du président tchèque Petr Pavel, mais aussi de celle du gouvernement tchèque comme l’a rappelé ce vendredi matin, le Premier ministre Petr Fiala qui a dit espérer que le président ukrainien assiste en personne au sommet.
A l’issue de leur rencontre ce vendredi matin, le chef du gouvernement tchèque qui avait été un des premiers dirigeants étrangers à se rendre à Kyiv peu de temps après le 24 février 2022, a réitéré, à l’instar du président tchèque, la nécessité de continuer à aider le pays agressé par la Russie, alors que la Tchéquie fait partie des pays aux plus gros volumes de livraisons de matériel militaire :
« La guerre dure depuis environ cinq cents jours et nous avons jusqu’à présent envoyé 676 pièces d’équipement lourd et plus de 4 millions de munitions de moyen et gros calibre. Ainsi, chaque jour depuis le premier jour de la guerre, environ 10 000 munitions et au moins un char, un lance-roquettes ou un obusier quittent la République tchèque en direction de l’Ukraine, et nous devons continuer à fournir cette aide. La Tchéquie doit le faire mais aussi l’ensemble des pays démocratiques. »
Ainsi, le chef du gouvernement tchèque a annoncé une nouvelle aide à l’Ukraine sous forme de nouveaux hélicoptères de combat et des centaines de milliers de munitions de gros calibre dans les mois à venir. La Tchéquie a également fait savoir qu’elle allait contribuer à la formation des pilotes ukrainiens de F-16 et qu’elle livrerait des simulateurs de vol. Et la production commune d’armement était également un des sujets phare de cette visite.
Mais la Tchéquie ne s’engage pas seulement en termes d’aide humanitaire ou militaire : peu de temps après le début de la guerre, elle a également choisi de se concentrer sur la reconstruction du pays, quand bien même le pays est toujours en guerre, avec la vision d’être impliquée également après la fin du conflit.
D’ailleurs une délégation de trente hommes d’affaires tchèques se rendra en Ukraine la semaine prochaine avec à leur tête le chargé du gouvernement pour la reconstruction de l’Ukraine, Tomáš Kopečný, que nous avions rencontré en février pour nous expliquer en quoi cette participation tchèque à la reconstruction consistait :
« Il y a des infrastructures critiques qui subissent des dégâts et c’est nécessaire de les réparer le jour suivant. Tout ce qui est nécessaire de réparer, on le répare. Il n’est pas possible d’attendre la fin de la guerre. Notre stratégie est vraiment de proposer des solutions et des technologies ‘niche’. On se concentre sur ces secteurs ou ces produits avec lesquels nous avons rencontré un certain succès sur le marché mondial. Notre ambition n’est pas de faire d’immenses projets pour des milliards d’euros mais plutôt de trouver un coin d’expertise qui nous lie avec l’Ukraine. Que ce soit en termes de législation, de technique, de standardisation, car nous-mêmes avons dû passer par beaucoup de processus pour entrer dans l’UE il y a vingt ans. Maintenant, l’Ukraine est dans cette même position et nous essayons de l’aider pour qu’elle soit prête à entrer sur le marché de l’Union européenne. »
Dans la matinée de vendredi, le président ukrainien a encore trouvé le temps d’aller s’incliner devant le mémorial du 17 novembre 1989, rappelant les événements qui ont conduit à la révolution de Velours et à la chute du communisme. Cet arrêt imprévu dans le programme d’origine s’est déroulé avant une rencontre avec les présidents des deux chambres du Parlement : tandis que Miloš Vystrčil lui a remis la clé symbolique du Sénat, son homologue à la Chambre des députés, Markéta Pekarová Adamová a offert au président ukrainien un T-shirt noir où l’on peut lire anglais : « La Russie est un Etat terroriste ».
Après quelque 16 heures passées dans la capitale tchèque, Volodymyr Zelensky est reparti en direction de la Slovaquie voisine, nouvelle étape avant de se rendre en début de soirée à Istanbul pour une rencontre avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. La Tchéquie était le 15e pays visité par le président ukrainien depuis le début de la guerre, un pays qui, comme il l’a souligné tout au long de sa visite éclair « contribue réellement à rapprocher [l’Ukraine] de la victoire, » et dont « le soutien est vraiment tangible en matière de défense, de politique, et dans tout ce que nous faisons ensemble pour la liberté de notre Europe. »