En Tchéquie, malgré les augmentations, un salaire minimum encore très faible
Le salaire minimum sera très probablement à nouveau valorisé en Tchéquie en janvier prochain. Mais si syndicats et entreprises sont d’accord sur ce point, en revanche, un terrain d’entente reste encore à trouver pour le montant de l’augmentation.
Cela fait déjà plusieurs années que la Tchéquie possède un salaire minimum parmi les plus faibles au sein de l’Union européenne. Actuellement, le montant de la rémunération minimale qu’un employeur peut légalement verser à un employé s’élève à 17 300 couronnes (environ 705 euros). Un montant brut qui aboutit à un peu plus de 15 000 couronnes net (610 euros), soit donc un niveau inférieur au seuil de pauvreté.
Employé comme aide-maçon et ouvrier manœuvre dans une entreprise de construction des environs de Cheb, ville de la région de Karlovy Vary, dans l’extrême-ouest de la Tchéquie, Robin Salaba fait partie des quelque 150 000 personnes en Tchéquie qui, en échange de leur travail, touchent 103,80 couronnes net (un peu plus de 4 euros) par heure :
« Il faut se débrouiller et se priver de beaucoup de choses comme, par exemple, acheter des vêtements neufs. Je résous ce problème en faisant les soldes ou en achetant des vêtements d’occasion. »
En janvier dernier, le montant du salaire minimum a déjà été relevé de 1 100 couronnes (45 euros). Une valorisation très insuffisante compte tenu de la forte inflation, et c’est pourquoi une nouvelle augmentation est prévue pour 2024 aussi. Reste cependant encore à savoir de quel ordre. Le ministre du Travail et des Affaires sociales, le social-démocrate Marian Jurečka, a demandé aux syndicats et aux représentants des entreprises de discuter de la question et promis de respecter le montant dont les deux parties auront convenu. Pour l’heure, toutefois, leurs visions des choses sont encore très éloignées l’une de l’autre, comme en convient le ministre :
« Je serais bien sûr très heureux si les syndicats et les employeurs parvenaient à s’entendre sur un montant. Mais soyons réalistes, cela ne s’est encore jamais produit. Disons donc qu’ils pourraient convenir d’une certaine fourchette et c’est alors au gouvernement qu’il appartiendra de trancher. »
Arguant que le montant actuel est insuffisant pour subvenir aux besoins fondamentaux de la vie, les syndicats souhaitent porter le salaire minimum à 19 500 couronnes (795 euros), un chiffre qui représenterait une augmentation de 13 %. Président de la Confédération des syndicats de Bohême et de Moravie (ČMKOS), la plus grande organisation syndicale en Tchéquie, Josef Středula prétend qu’il ne s’agit là que d’une question de bonne volonté :
« Nous pensons que c’est possible et que ce que nous souhaitons est réaliste. Cela dépend de la volonté des dirigeants politiques. Sont-ils conscients de la situation des gens ? S’ils le sont, ils seront d’accord avec cette augmentation. »
À titre de comparaison, au deuxième trimestre 2023, le salaire moyen en Tchéquie a augmenté de 7,7 % en glissement annuel, pour atteindre 43 193 couronnes (1 763 euros).
De leur côté, les employeurs rejettent la demande des syndicats, rappelant que selon les prévisions du ministère des Finances, le montant du salaire moyen devrait augmenter d’environ 6 % en 2024. Président de l’Association de l’industrie et des transports (SP ČR), Jan Rafaj estime donc que le gouvernement devrait s’en tenir à ce niveau :
« Si le ministre nous demande notre avis, celui-ci sera conforme aux prévisions du ministère. Cela signifie que si une augmentation de 6 % est prévue, nous nous alignerons nous aussi sur cette prévision. »
Une augmentation de cet ordre représenterait une hausse d’environ 1 000 couronnes (40 euros) par mois. Les dirigeants de la coalition gouvernementale se disent prêts à négocier et le ministre du Travail souhaite qu’une décision définitive soit prise d’ici la mi-octobre.