La journaliste pragoise Alsu Kurmasheva, « prisonnière politique » en Russie

Alsu Kurmasheva

Le mari de la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva a déclaré que sa femme était une « prisonnière politique » et a demandé aux États-Unis de la considérer comme « détenue à tort » alors qu'elle est toujours derrière les barreaux en Russie, accusée de ne pas s'être enregistrée en tant qu' « agent étranger ».

Dans ses premiers commentaires publics depuis que son épouse a été placée en détention par les forces de sécurité russes le 18 octobre, Pavel Butorin, qui, comme son épouse, travaille dans les bureaux de Radio Free Europe/Radio Liberty à Prague, a déclaré que les autorités russes ne lui avaient toujours pas accordé d'accès consulaire, ce qui constitue une violation de ses droits, dans une affaire où elle risque une peine maximale de cinq ans d'emprisonnement.

Mme Kurmasheva, née dans la région russe du Tatarstan, possède la double nationalité russe et américaine. Elle est allée en mai dernier en Russie pour rendre visite à sa mère malade selon RFE.

Pavel Butorin : « Nous voulons qu’Alsu revienne, nos filles veulent leur mère et je veux que mon épouse revienne. Elle doit être libérée. Les autorités ont fait traîner cette affaire pendant cinq mois avant de lui infliger une petite amende. Et au moment où le dossier était refermé et qu’elle attendait qu’on lui rende son passeport, des hommes masqués sont venus pour l’emmener. Elle est en prison depuis. Alsu est une prisonnière politique, elle est en prison parce qu’elle est journaliste et américaine. »

Basée à Prague, Radio Free Europe a été l’un des premiers médias en Russie à se voir labelliser « agent étranger », dès 2017. Alsu Kurmasheva travaille pour le service tatar-bachkir de ce média financé par le Congrès américain.

Pavel Butorin : « Alsu est désormais accusée de ne pas s’être enregistrer comme agent étranger avec des circonstances aggravantes selon lesquelles elle collectait des informations. Mais n’est-ce pas la nature essentielle du travail journalistique ? »

Un autre journaliste américain, Evan Gershkovich, correspondant à Moscou du Wall Street Journal, a été arrêté et enfermé fin mars 2023 en Russie où il est accusé d’espionnage et risque 20 ans de prison.

« Par cette nouvelle arrestation, la Russie monte d’un cran dans son chantage vis-à-vis des États-Unis, qui aident l’Ukraine à se défendre. Mais les journalistes ne doivent pas servir de monnaie d’échange dans la guerre menée par Moscou contre Kyiv. RSF s’insurge contre la détention d’Alsu Kurmasheva et demande sa libération immédiate et inconditionnelle, de même que celle d’Evan Gershkovich, arbitrairement détenu depuis près de sept mois », indique Jeanne Cavelier, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de l’organisation Reporters Sans Frontières.