Enseignement du tchèque en France : Lenka Froulíková récompensée par le chef de la diplomatie
Le 17 novembre dernier, à l’occasion de l’anniversaire de la révolution de Velours, quinze personnalités et deux organisations ont été récompensées par le ministre tchèque des Affaires étrangères pour leur engagement diplomatique après 1989.
Parmi les lauréats de ce prix décerné par Jan Lipavský figure Lenka Froulíková, récompensée pour avoir participé, depuis une trentaine d’années, au rayonnement de la culture tchèque en France et notamment pour avoir enseigné la langue tchèque à Nîmes, à Grenoble et à Nancy. Egalement traductrice de poésie tchèque, Lenka Froulíková a fondé, en 2001, l’enseignement de langue, de littérature et de culture tchèques à l’Université de Lorraine, avec laquelle elle continue à collaborer en tant que chercheuse indépendante, tout en partageant désormais sa vie entre Prague et Nîmes. Professeure qui a formé toute une génération de tchécophiles en France, Lenka Froulíková nous parle de ses activités et du lien qu’elle a conservé avec ses étudiants.
« Je suis restée membre du laboratoire de recherche CERCLE de l’Université de Lorraine. Je vais par exemple participer à un colloque que nous co-organisons avec un autre laboratoire de recherche, celui de l’Université de la Sorbonne, sur le sujet ‘Les villes imaginaires dans les littératures européennes’. Ma contribution concernera la littérature tchèque aux XIXe, XXe et XXIe siècles, plus précisément Prague, en tant que ‘miroir brisé de trois cultures’, donc les cultures tchèque, allemande et juive. »
« Mes autres activités culturelles se déroulent à Nîmes, car c’est au Lycée Daudet de Nîmes que j’ai obtenu, en 1993, mon premier poste de professeur de tchèque en France. La section tchèque de ce lycée qui accueille des lycéennes tchèques, fêtera en avril 2024 son 100e anniversaire. A cette occasion, je donnerai également une conférence sur un couple franco-tchèque de créateurs, à savoir Bohuslav Reynek et Suzanne Renaud, qui étaient de vrais missionnaires de la culture tchèque en France et de la culture française dans l’ancienne Tchécoslovaquie. »
Mis à part l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales), le tchèque est-il toujours enseigné dans des universités en France ?
« Oui, mais elles ne sont pas nombreuses. Il faut souligner que l’on n’y enseigne pas seulement la langue, mais également l’histoire, la culture et la civilisation tchèques. A mon avis, il faut conserver ces postes et cet enseignement, c’est important pour notre pays. »
Etes-vous toujours en contact avec vos anciens étudiants de l’Université de Lorraine ? Donnez-vous encore des cours de tchèque ?
« Oui, un de mes étudiants, dont j’étais la directrice de mémoire, consacré d’ailleurs à un sujet très difficile – l’aspect verbal – m’appelle à chaque fois qu’il est à Prague. Certains de mes étudiants, avec lesquels je suis en contact plutôt par téléphone ou par mail, sont devenus traducteurs. Je me réjouis sincèrement quand je remarque la sortie en France d’un ouvrage tchèque traduit par un de mes anciens étudiants. »
« A Nîmes, j’ai actuellement deux étudiants adultes : Denis dont l’épouse est tchèque et Danielle, dont la maman était tchèque. Elle est peintre et s’intéresse en particulier au vocabulaire des arts plastiques. »
Utilisez-vous toujours votre manuel de tchèque « Adam a Eva v Českém ráji » (Adam et Eve au Paradis tchèque) ?
« Bien sûr, mais plutôt son deuxième tome intitulé ‘Le jardin de la langue tchèque : les quatre saisons » qui est destiné aux étudiants plus avancés. Je le complète aussi par d’autres matériels. Puisque nous sommes à la radio, je dois mentionner un excellent outil pédagogique que je recommande à tout enseignant de tchèque langue étrangère : il s’agit des pièces radiophoniques ‘d’une minute’ (Minutové hry, ndlr). Cette série de pièces très brèves a été créée par la Radio tchèque il y a quelques années et depuis, je les utilise dans mes cours. Elles sont drôles et pleines de phénomènes linguistiques à partir desquels on peut travailler. Avec mes étudiants à l’université, nous les avons traduites en français, mises en scènes et jouées. C’était une très belle expérience pour nous tous. »