Une nouvelle étude cherche à déterminer la quantité de substances toxiques dans les organismes
Des chercheurs collectent actuellement dans toute la Tchéquie des échantillons d’urine et de cheveux sur un panel d’enfants afin de déterminer s’ils contiennent des substances toxiques. Ce projet européen est réalisé avec la contribution de l’Institut national de la santé en Tchéquie.
Bisphénol, parabène, sont des mots devenus des repoussoirs depuis qu’on connaît leur rôle comme perturbateurs endocriniens. De nombreuses autres substances toxiques nous entourent comme les phtalates, les pesticides ou les métaux lourds, qui se trouvent dans l’air, le sol, mais aussi la nourriture, les emballages alimentaires ou les jouets. Le projet européen auquel participe, pour la Tchéquie, l’Institut national de la santé entend justement déterminer dans quelle mesure ces substances sont présentes dans notre organisme.
Dans un premier temps, les chercheurs s’intéressent au cas des enfants avec une collecte d’échantillons commencée en début d’année. Andrea Krsková est une des chercheuses qui se rend dans des familles tchèques de différentes régions du pays :
« Après avoir rempli un questionnaire, nous prélevons un petit échantillon de cheveux de l’enfant. Les échantillons de cheveux sont ensuite placés dans une enveloppe et remis au laboratoire. L’analyse porte sur l’échantillon de cheveux le plus proche de la racine. »
Si les échantillons de cheveux seront testés pour déterminer la teneur en mercure, l’urine sera utilisée pour déterminer, par exemple, le degré d’exposition des enfants à la fumée de tabac. D’autres laboratoires vont ensuite s’efforcer d’examiner si dans les organismes des enfants et en quelle quantité se trouvent des métaux toxiques, des pesticides, du cadmium, cet élément naturel que l’on trouve un peu partout dans les piles, les écrans, les soudures, les pigments pour la peinture, les engrais, ou encore des phtalates, utilisés pour assouplir les plastiques. Andrea Krsková :
« On peut en trouver dans des dispositifs médicaux jetables, des jouets ou des tissus d’ameublement. L’inhalation d’un air intérieur contaminé, que ce soit à la maison ou sur le lieu de travail, peut être une autre source de phtalates. Ils peuvent également pénétrer dans l’organisme par la peau, lors de l’utilisation de produits cosmétiques. »
Déjà en 2021, une étude initiée par l’ONG environnementale tchèque Arnika et menée dans six pays européens, dont la Tchéquie, révélait la présence de substances chimiques toxiques pour la santé et extrêmement persistantes dans l’environnement, dans les emballages à usage unique utilisés dans la restauration rapide. Ces substances appelées PFAS, pour substances poly et perfluoroalkylées sont elles aussi considérées comme des perturbateurs endocriniens, ils ont également la faculté d’être résistants à la décomposition. On les trouve dans ces produits à usage unique que nous jetons à la poubelle en quelques minutes. Fabriqués à grande échelle, ils produisent des déchets à grande échelle également. C’est donc un vrai paradoxe : des produits toxiques se trouvant dans ces emballages que nous jetons immédiatement se décomposent très mal, voire pas du tout, et persistent dans l’environnement pendant des siècles. Les effets de ces PFAS sur la santé sont particulièrement délétères comme nous l’avait expliqué Karolína Brabcová, de l’ONG Arnika :
« Ce sont des substances qui se caractérisent par une liaison carbone-fluor, une des plus fortes en chimie organique et qui ne se décompose quasiment pas. Très persistantes, elles sont responsables de la pollution des eaux. De récentes études menées auprès de mères américaines en ont même retrouvé dans le lait maternel. En ce qui concerne les conséquences pour la santé, il s’agit de perturbateurs endocriniens ce qui signifie d’éventuels problèmes liés à la thyroïde. Ils peuvent augmenter le risque de cancer des testicules, diminuer les capacités de reproduction… »
Tout au long de l’année l’Institut national de la santé va ainsi prélever des échantillons sur 200 enfants âgés de 6 à 11 ans, tandis que la présence de produits toxiques chez les adultes sera étudiée l’année prochaine. Les résultats seront ensuite comparés à ceux de l’ensemble de l’Europe, les résultats de ce type d’études pouvant permettre ensuite de peser sur le débat public et politique autour de l’interdiction de certaines substances.