Petr Fiala à la Maison-Blanche : « Je me souviens des chars russes et ne veux pas les revoir »
Le soutien à l'Ukraine face à l'agression russe était l'un des principaux points à l'ordre du jour lors de la visite du Premier ministre tchèque, Petr Fiala, reçu à la Maison-Blanche par le président américain Joe Biden lundi.
Joe Biden a exprimé sa gratitude au Premier ministre tchèque Petr Fiala pour la contribution de son pays à l'effort de guerre de l'Ukraine.
Le président des États-Unis a également qualifié la République tchèque de « grand, grand allié » et a déclaré que les deux pays partageaient des valeurs fondamentales : les droits de l'homme, la liberté et la démocratie.
Il a également déclaré que « comme la République tchèque s'en souvient, la Russie ne s'arrêtera pas en Ukraine ».
Le chef du gouvernement tchèque, qui a grandi à Brno et fêtera ses 60 ans dans le courant de l'année, a fait part à son hôte d'un souvenir personnel avant que les dirigeants ne se rendent dans le bureau ovale.
« En 1968, j'étais un petit garçon. En 1968, j'ai vu des chars russes dans les rues de ma ville. Et je ne veux pas les revoir ».
Petr Fiala a également expliqué comment son pays aidait les Ukrainiens en difficulté, notamment en leur procurant de grandes quantités de munitions.
Obus pour l'Ukraine : « Pas un coup d'essai pour la Tchéquie »
Dans une tribune publiée lundi dans le Financial Times, Petr Fiala avait précisé que la Tchéquie avait déjà fourni « plus d’un million de munitions de gros calibre à l’armée ukrainienne », ce qui prouve selon lui que le projet d’achat mutualisé actuellement orchestré par Prague - et beaucoup commenté - « n’est pas un coup d’essai (one-off stunt) ».
Petr Fiala : « Nous devons continuer à soutenir l'Ukraine aussi longtemps que possible. C'est la raison de l'initiative tchèque en matière de munitions. Elle fournira très bientôt à l'Ukraine des centaines de milliers d'obus d'artillerie, dans les semaines et les mois à venir. La Tchéquie est également le pays qui compte le plus grand nombre de réfugiés ukrainiens par habitant en Europe, voire dans le monde. »
À l'issue des entretiens à huis clos entre les dirigeants, Petr Fiala s'est de nouveau présenté devant les journalistes, cette fois à l'entrée de la Maison-Blanche, et a déclaré que M. Biden et lui avaient à nouveau discuté de l'Ukraine, ainsi que des échanges bilatéraux et d’énergie nucléaire, entre autres sujets.
Les relations commerciales entre Prague et Washington sont dominées ces derniers temps par le très important contrat relatif aux avions F-35 fabriqués par Lockheed Martin et à l’implication de Westinghouse dans le nucléaire tchèque, tant pour la fourniture de combustible que pour la potentielle construction de nouveaux réacteurs.
Visite à Langley
Avant la Maison-Blanche, le chef du gouvernement tchèque s’était rendu à Langley au siège de la CIA pour y rencontrer son directeur William Burns.
Le Premier ministre tchèque a indiqué que les deux hommes, ainsi que les chefs des secrets tchèques, avaient discuté de nombreuses questions de sécurité.
M. Fiala a déclaré à la presse que l'invitation en elle-même reflétait le haut niveau de confiance de la partie américaine dans ses alliés tchèques et constituait une reconnaissance de la coopération continue entre les deux pays en matière de sécurité.
Le chef du gouvernement a également rencontré des expatriés tchèques à Washington, dont Jana Kánská, la fille de Milada Horáková, exécutée par les communistes dans les années 1950.
Âgée de 91 ans, Mme Kánská s’est vu remettre la médaille Karel Kramář et a indiqué que, malgré les traitements cruels infligés à sa famille, elle n'avait aucun ressentiment envers son pays natal.