4) Musée Franz Kafka de Prague : une plongée dans les univers réel et imaginaire de l’écrivain
En 2005 a été ouverte dans le quartier pragois de Malá Strana le Musée Franz Kafka. Dans ce nouvel épisode de notre série préparée à l’occasion du centenaire de la mort du célèbre écrivain pragois, nous vous proposons de visiter son exposition permanente, intitulée Ville K.
Site incontournable à Prague pour tout amoureux de l’œuvre de Franz Kafka (1883-1924), le musée pragois a été aménagé dans les locaux de l’ancienne briqueterie Hergetova cihelna, sur les berges de la Vltava. Son exposition permanente a été présentée pour la première fois à Barcelone en 1999 avant d’être transférée au Musée juif de New York, puis à Prague. L’exposition audiovisuelle est divisée en deux parties. La première, intitulée l’Espace existentiel, retrace la vie de l’écrivain, tandis que la seconde partie, intitulée Topographie imaginaire, montre comment la réalité de Prague et la vie de Kafka se sont transformées en une image métaphorique.
Guide au Musée Franz Kafka, Zlatina Novák Jeřábková nous fait découvrir le lieu :
« L’endroit où nous nous trouvons n’est pas directement lié à la vie de Franz Kafka. C’est plutôt une heureuse coïncidence qui nous a permis d’installer l’exposition ‘Ville K.’ dans ce beau bâtiment. C’est en effet une ancienne briqueterie, qui nous permet de recréer l’atmosphère des œuvres de Franz Kafka, avec une certaine morosité, une obscurité. En même temps, cet espace permet de créer ces labyrinthes caractéristiques qui apparaissent dans les œuvres de Franz Kafka. L’ambiance de ce lieu incarne à peu près tout ce qui le terrifiait et le fascinait. »
« En même temps, l’ancienne briqueterie est située dans un endroit magnifique d’où l'on peut voir la rivière Vltava, le pont Charles et, sur l’autre rive, la Vieille-Ville. On voit d’ici toute la ‘ville de Kafka’. »
Dans les salles sans fenêtres, le visiteur peut trouver des photographies, des extraits de lettres, de journaux intimes et de manuscrits de Kafka, mais également ses dessins, transformés en animation. Ces dessins montrent à quel point la personnalité de Kafka était déchirée entre son âme d’artiste et sa carrière de juriste. Grâce aux technologies audiovisuelles les plus modernes, l’exposition donne vie également à des photographies de personnes et de lieux. Elle met en avant la rencontre entre Kafka et le théâtre yiddish, ainsi que ses quatre amours, vécus essentiellement par correspondance.
« Cette partie de l’exposition est consacrée à son intérêt pour le théâtre et à la période où il s’est également intéressé au judaïsme. On peut voir ici les livres que Kafka lisait à cette époque. Il a également étudié l’hébreu pendant la période où il essayait d’en savoir plus sur ses racines. Il aimait beaucoup le cinéma, il aimait le théâtre, les opérettes. À cette époque, diverses compagnies de Lviv par exemple se produisaient à Prague en yiddish, une langue qui n’était pas parlée par la communauté juive, mais qui était bien sûr compréhensible pour ses membres. On voit ici l’image d’une chanteuse de Lviv que Kafka appréciait. »
En prenant un escalier éclairé de rouge et qui semble n’en jamais finir, on descend au sous-sol pour se retrouver dans le monde oppressant de la bureaucratie. Un labyrinthe constitué de grands tiroirs étiquetés renvoie aux romans de Kafka ‘L’Amérique’ et ‘Le Procès’. Le visiteur découvre ensuite une installation audiovisuelle inspirée du roman inachevé ‘Le Château’. Pourrait-il être inspiré du Château de Prague ? Voici la réponse de Zlatina Novák Jeřábková :
« On ne le saura jamais, car tout est transformé dans les œuvres de Kafka, rien ne correspond vraiment à la réalité. Si je m’en tiens à ce que raconte cette exposition, on pense plutôt que Kafka s’est inspiré pour son roman du château de Frýdlant, qui est l’un des plus grands châteaux de République tchèque. On y trouve de nombreux couloirs, c’est aussi, en quelque sorte, un labyrinthe. »
C’est justement à Frýdlant, en Bohême du Nord, que nous nous rendrons pour le prochain épisode de notre série Sur les traces de Franz Kafka.