Foot : avec la plus jeune équipe du tournoi, qu’attendre de la Tchéquie à l’Euro 2024 ?
Le championnat d’Europe de football démarre enfin pour les Tchèques ! Mardi soir, à Leipzig, la Reprezentace affrontera le Portugal de Cristiano Ronaldo pour ses débuts dans la compétition. Une entrée en matière corsée face à un des principaux prétendants au titre, mais que l’équipe entraînée par Ivan Hašek, la plus jeune du tournoi, aborde sans complexes.
Jusqu’ici tout va bien. À l’exception de l’affaire du forfait du milieu de terrain Michal Sadílek, dont il s’est finalement avéré qu’il s’était blessé lors d’une sortie en tricycle tout-terrain et non pas suite à une chute de vélo, comme cela avait dans un premier temps curieusement annoncé par la Fédération, la préparation de l’équipe de Tchéquie s’est passée sans complications.
Même le transfert trés médiatisé du capitaine du Sparta Prague Ladislav Krejčí au FC Girona a pu être réglé avant le début de la compétition et c’est donc l’esprit libéré que le jeune stoppeur, qui est appelé à devenir le leader de la défense tchèque, pourra évoluer lors de cet Euro.
Arrivés à Hambourg jeudi dernier, trois jours après un deuxième et dernier match de préparation remporté de justesse contre la Macédoine du Nord (2-1), c’est avec un effectif au complet que les Tchèques ont quitté leur camp de base dimanche pour rejoindre Leipzig. L’unique ville de l’ancienne Allemagne de l’Est retenue pour ce championnat d’Europe accueillera leur premier match de groupe mardi soir, devant des supporters attendus très nombreux compte tenu de la proximité géographique.
Ce sera donc contre le Portugal, un adversaire que la Reprezentace a battu pour la dernière fois en quarts de finale de l’Euro 1996, grâce au génie et à un lob devenu légendaire de Karel Poborský. Depuis, que ce soit aux championnats d’Europe en 2008 et 2012, deux matchs où Cristiana Ronaldo avait déjà marqué, ou plus récemment en Ligue des nations, le Portugal a remporté les quatre confrontations suivantes. La logique sera-t-elle donc respectée cette fois encore ?
Pour Mirko Vasić, journaliste de la rédaction sportive de la Radio tchèque qui suit la sélection tchèque depuis de nombreuses années, s’il ne fait guère de doute que cette entrée en piste apparaît comme une mission particulièrement ardue, la suite de la compétition laisse des raisons d’espérer un parcours honorable en Allemagne :
« C’est très difficile de dire quelles sont les chances tchèques. Mais disons que le premier match contre le Portugal s’annonce effectivement très compliqué. Les joueurs disent qu’ils sont confiants, mais je crois qu’il faut s’attendre à un match essentiellement défensif de la Tchéquie. Ce qui est sûr, c’est que le Portugal est le grand favori du groupe et que la Tchéquie n’aura rien à perdre. Ce n’est pas sur ce premier match que va se jouer sa qualification, puisque tout le monde s’attend plus ou moins à une victoire du Portugal. »
« En revanche, le deuxième match contre la Géorgie (samedi 22 juin) sera sans doute décisif. Si la Tchéquie le gagne, tout restera possible avant le dernier match contre la Turquie. N’oublions pas que même certaines des équipes qui finissent troisièmes de leur groupe peuvent se qualifier pour les huitièmes de finale. Je pense donc que les attentes des supporters et des médias ne sont pas très grandes, mais cela ne veut absolument pas dire que la Tchéquie ne fera pas bonne figure et n’a pas ses chances. »
Pour cela, le nouveau sélectionneur Ivan Hašek peut compter sur un groupe de joueurs qui, avec une moyenne d’âge de 25,8 ans, est le plus jeune de cet Euro. Parmi les nouveaux visages apparus ces derniers mois dans cette sélection relativement inexpérimentée figure, par exemple, celui de Tomáš Vlček.
À 23 ans, malgré seulement deux sélections au compteur, le défenseur central ou latéral droit du Slavia Prague, s’il est titularisé, pourrait être amené à croiser souvent la route de Ronaldo, de seize ans son aîné, sur la pelouse de la Red Bull Arena mardi soir. Une perspective qui, pour l’heure, le fait plutôt sourire, comme il l’a confié en conférence de presse dimanche :
« Si j’avais un conseil à donner sur la façon de défendre contre Ronaldo, je ne le donnerais pas mais au contraire le vendrais très cher, car c’est un attaquant contre lequel il est terriblement difficile de jouer. En tant que défenseur, vous ne savez jamais ce qu’il va faire et il a une telle vitesse d’exécution que nous n’avez pratiquement aucune chance de réagir. »
Dans un système très probablement en 3-5-2 avec trois défenseurs centraux pour assurer les bases, le sélectionneur Ivan Hašek devrait aligner un onze de départ qui cherchera d’abord à bien défendre avant, à la récupération du ballon, de chercher à exploiter devant les qualités notamment de Patrik Schick.
Auteur de cinq buts lors de l’Euro précédent, l’attaquant du Bayer Leverkusen sera une nouvelle fois la principale arme offensive d’une équipe de Tchéquie dont le profil, pour le reste, ressemble davantage à celui de son capitaine, Tomáš Šouček, l’inépuisable milieu récupérateur de West Ham. Un caractère besogneux, tant sur le plan individuel que collectif, qui, selon Mirko Vasić, constitue à la fois la force et la faiblesse de la Reprezentace :
« Personne ne sait très bien ce que l’on peut attendre de cette équipe de Tchéquie, et compte tenu de la faiblesse des adversaires (Malte et la Macédoine du Nord), les deux victoires lors des matchs de préparation ne nous ont pas appris grand-chose de nouveau. De manière plus générale, la Tchéquie est une équipe qui a beaucoup de mal à produire du jeu. L’activité offensive pose problème. Certes, Patrik Schick est un super attaquant, mais il est dépendant du soutien et du service de ses coéquipiers. »
« Si vous prenez des équipes comme par exemple l’Espagne ou le Portugal, vous voyez des joueurs qui adorent avoir le ballon et qui le demandent sans cesse parce qu’ils ont le bagage technique pour en faire un bon usage et combiner entre eux. Et c’est exactement ce type de joueurs créatifs qui manquent cruellement à la sélection tchèque. »
Un déficit qui n’est cependant pas nouveau et qui, il y a trois ans, lors du précédent Euro, n’avait pas empêché l’équipe de Tchéquie de parvenir jusqu’aux quarts de finale. Alors, pourquoi pas cette fois aussi ?