JO 2024 : à Paris, le judoka Lukáš Krpálek rêve de Teddy Riner et d’un 3e titre
Champion en titre dans la catégorie reine des +100 kilos depuis sa victoire à Tokyo en 2021, sacré également dans la catégorie inférieure (-100 kilos) à Rio en 2016, Lukáš Krpálek sera une nouvelle fois un des leaders de l’équipe de Tchéquie aux Jeux à Paris. Conscient des grandes attentes qui découlent de son statut, le très expérimenté judoka tchèque, qui rêve de pouvoir enfin affronter le Français Teddy Riner lors d’un tournoi olympique, aborde l’échéance avec toujours autant d’ambition que par le passé.
De retour d’un dernier stage de préparation au Japon, un pays où il a pris l’habitude de s’entraîner au fil des années et où, il y a trois ans, il a décroché le plus grand titre de sa carrière, Lukáš Krpálek est apparu très serein, jeudi à Prague, au moment de prendre possession du costume que lui et les autres athlètes qui composeront la délégation tchèque à Paris porteront lors de la cérémonie d’ouverture sur la Seine, vendredi prochain. À l’en croire, c’est même l’esprit tranquille qu’il aborde les quatrièmes JO de sa carrière :
« De la pression, bien sûr, il pourrait y en avoir. Mais j’essaie de ne pas trop y penser. Je vais à Paris avec l’idée de faire de mon mieux et si ma performance est bonne, alors je pourrais espérer une médaille. Je sais quelles sont les attentes mais je ne veux pas me stresser. Je vais aux Jeux pour en profiter au maximum. »
Même si son instinct de champion le poussera inévitablement de nouveau à vouloir gagner, « profiter », de la compétition et de l’ambiance des Jeux, Lukáš Krpálek pourra se le permettre à Paris, une ville qu’il dit apprécier tout particulièrement en raison de l’intérêt du public pour son sport.
Premier Tchèque champion olympique de judo, à Rio en 2016, le poids lourd originaire de Jihlava, petite ville entre la Bohême et la Moravie, possède déjà un des plus beaux palmarès de l’histoire de la discipline. Celui qui est aussi menuisier de formation, est en effet aussi le seul judoka de l’histoire à avoir été sacré tout à la fois champion olympique, champion du monde, champion d’Europe et à avoir occupé le fauteuil de numéro un mondial tant chez les +100 kilos que chez les -100 kilos. Une performance hors du commun pour un sportif très apprécié du public pour sa simplicité et sa modestie.
Après avoir longtemps hésité dans quelle catégorie de poids il participerait au prochain tournoi olympique, Lukáš Krpálek a finalement opté pour la catégorie supérieure, la catégorie reine aussi, celle où il espère enfin pouvoir se mesurer au maître français Teddy Riner, double champion olympique (2012, 2016) et onze fois champion du monde, devant son public à Paris. Épuisé par les incessantes pertes de poids auxquelles il devait se soumettre pour évoluer chez les -100 kilos, sa catégorie fétiche où il a obtenu ses premiers grands succès, le Tchèque a finalement préféré écouter son corps d’athlète :
« Lorsque j’étais dans la catégorie des -100 kilos, je pesais entre 108 et 109 kilos. Descendre sous la limite ne posait donc pas de problème. C’est juste que vous le faites une fois, deux fois, trois fois, puis le corps réagit et vous dit stop. C’est comme s’il m’avait dit qu’il ne voulait plus. Et d’un coup, mon poids a grimpé à 116-117 kilos. C’est difficile de travailler avec de telles différences. Il m’est déjà arrivé de reprendre quinze kilos en l’espace de deux nuits. Ce sont des extrêmes que je ne veux plus vivre. Je ne veux pas non plus servir de mauvais exemple pour les jeunes qui s’entraînent et c’est pourquoi je ne cherche plus à maigrir à tout prix. »
Si, comme à Tokyo, Krpálek, qui a toutefois dû se contenter d’une cinquième place aux championnats du monde en mai dernier, parvient à décrocher une nouvelle médaille d’or à Paris aussi, il pourra alors considérer avoir bouclé la boucle.
Profondément amoureux de son sport, le double champion olympique, père de deux enfants et dont les multiples succès sur les tatamis du monde entier ont fortement contribué à la popularité du judo en Tchéquie, a déjà pensé à sa reconversion à travers la fondation, il y deux ans, de la Krpálek Academy :
« J’ai toujours voulu avoir mon propre club, entraîner et transmettre aux enfants l’expérience que j’ai emmagazinée tout au long de ma carrière. L’année dernière, nous avons décidé de créer mon académie de judo, qui se trouve dans le quartier de Hloubětín à Prague. J’essaie d’être présent le plus possible aux entraînements, mais c’est difficile avec ma carrière. C’est très gratifiant pour moi quand je suis là-bas et que je vois les enfants heureux qui bougent et font du sport. Cela me rend très heureux. Nous organisons différents camps d’entraînement et en avons même un à la montagne pendant l’été. Cela fait déjà quelques années que je parcours le monde pour participer à des séminaires et transmettre ce que je sais aux enfants. »
Des enfants qui seront donc les premiers supporters de Lukáš Krpálek le vendredi 2 août prochain, jour déjà très attendu en Tchéquie du tournoi des +100 kilos chez les hommes dans le cadre exceptionnel du Grand Palais éphèmère, face à la Tour Eiffel.