Tourisme : Prague interdit les tournées de bars organisées au centre-ville
Les élus de la ville de Prague ont décidé d’interdire les « pub crawls », ces tournées de bars organisées pour les touristes qui s’accompagnent le plus souvent de nuisances sonores et de troubles à l’ordre public au centre-ville. Depuis plusieurs années, Prague s’efforce de changer son image de capitale aux beuveries faciles et pas chères.
On vous recommandait pendant la semaine d’aller découvrir Prague à travers ses passages labyrinthiques, datant essentiellement de l’entre-deux-guerres : c’est évidemment une manière d’appréhender la ville bien plus proche de ce que la mairie souhaite aujourd’hui promouvoir en termes d’expérience touristiqu
Le chemin a été long depuis le développement du tourisme après la chute du régime communiste jusqu’à aujourd’hui : malgré son patrimoine culturel et son offre événementielle de qualité, Prague souffre aussi depuis longtemps d’une image de ville aux plaisirs pas chers. Entre les offres de vols low-cost qui, dans les années 2000 notamment, faisaient la joie des jeunes Britanniques en quête de bière peu onéreuse et coulant à flot, les stag parties prénuptiales dans leur version anglaise ou EVG en version tricolore, la capitale tchèque a toujours eu cette réputation de destination alcoolisée et fêtarde. Et a sinon encouragé, en tout cas toléré cette forme de tourisme.
Pourtant depuis plusieurs années, les différentes équipes municipales cherchent à réguler davantage le tourisme de masse et ses excès : interdiction des segways et des vélos-bars à bière, de la circulation dans une grande partie de la Vieille-Ville entre 22 heures et 6 heures du matin pour limiter le bruit, et désormais donc, interdiction des « pub crawls », ces tournées de bars organisées par des agences à destination des jeunes adultes en quête de soirées festives.
Ce tourisme va de pair avec des nuisances sonores, des troubles de l’ordre public, des déchets éparpillés dans les rues et des problèmes de sécurité : d’où la décision, après des années de dénonciation de la part des riverains et de certains quartiers de mettre fin à cette pratique.
Faire respecter l’interdiction incombera à la police municipale. La maire du Ier arrondissement de Prague, Terezie Radoměřská, estime qu’identifier des infractions au règlement ne devrait pas poser de problème :
« Ces groupes de touristes sont faciles à détecter. Les participants doivent être aisément identifiables pour que les serveurs dans les bars sachent à qui ils doivent verser l'alcool prépayé et qu’ils puissent distinguer ceux qui ne font pas partie du groupe. De plus, les agents de police connaissent les itinéraires le long desquels les tournées des bars sont organisées, ainsi que les personnes qui servent de guides. »
L’agence Prague Pub Crawl qui vend ce type de séjours a critiqué la décision, affirmant que ses clients passent un minimum de temps à l’extérieur et que les guides les avertissent qu’après 22 heures ils sont tenus de respecter le silence nocturne, sous peine d’être exclus de la tournée qui, selon ses dires, s’achève à minuit et demi. L’agence dénonce une mesure « populiste » visant à masquer l’incapacité de la mairie à résoudre des problèmes tels que le manque d’agents de la police municipale déployés pour faire respecter le silence passé 22 heures.
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Une chose est sûre, depuis la réouverture des frontières suite à la pandémie de Covid-19 et le retour des touristes – en masse, et désormais tout au long de l’année sans discontinuer – les autorités municipales cherchent à attirer une clientèle un peu différente, et plus sophistiquée : il y a un an, une étude cherchait à déterminer ce que recherchent les touristes qui se rendent à Prague, dans l’optique aussi de favoriser un tourisme plus culturel qu’éthylique.
Cette quête d’une clientèle touristique différente pourrait à terme être finalement favorisée par un aspect bien plus prosaïque : entre l’inflation significative que connaît le pays depuis février 2022 et la hausse de la TVA appliquée sur la bière pression, qui est passée de 10 à 21 % le 1er janvier dernier, le prix du breuvage houblonné servi dans les bars et restaurants avait augmenté de 10 % en glissement annuel au début de l’année. Les consommateurs paient en moyenne désormais 57,80 CZK (2,35 euros) par pinte (verre de 0,5L), pour une boisson longtemps considérée comme étant bon marché dans le pays. Toujours moins cher qu’en France par exemple, mais pour combien de temps encore ?