Nouvelle donne politique en 2014 : attentes et craintes
Quelle sera l’évolution de la situation politique en République tchèque en 2014 ? En attendant la nomination du nouveau Premier ministre par le président de la République et l’investiture du nouveau cabinet, la donne politique issue des dernières élections législatives est largement analysée dans les médias. Nous vous en résumerons l’essentiel. Les perspectives du cinéma tchèque en 2014 : c’est l’un des deux autres sujets que nous avons choisis pour cette première revue de presse de l’année. Nous citerons également un extrait d’une interview réalisée avec une des deux jeunes Tchèques candidates retenues à l’issue d’une première sélection pour un voyage vers Mars.
« Le système politique dans lequel nous vivons est en train de changer. Tandis qu’une démocratie parlementaire classique se caractérise par sa méfiance à l’égard des leaders forts, chez nous, on assiste à une tendance contraire. Les Tchèques se laissent facilement séduire par les visages d’hommes vigoureux. Les femmes, quant à elles, ne sont toujours pas suffisamment attirantes, car on n’en trouve aucune occupant de hautes fonctions politiques. C’est là un autre trait qui nous éloigne de l’idée que l’on se fait d’une démocratie moderne. Cette situation restera la même en 2014, car nous ne sommes pas, hélas, une société qui considère la femme comme entièrement égale en droits. »
Le ton d’un commentaire sorti de la plume de Petr Fischer pour le quotidien économique Hospodářské noviny est, lui aussi, assez réservé. En voici un extrait :
« Le prochain gouvernement dirigé par Bohuslav Sobotka n’apportera pas de nouvelles visions, car ce ne sera pas un groupe de réformateurs, mais une compagnie de techniciens de maintenance qui va normaliser tout ce qu’elle pourra, depuis les ministères, la répartition des subventions, jusqu’au système social. On ne peut d’ailleurs pas exclure l’idée que la République tchèque se trouve aujourd’hui dans un état tellement misérable qu’il ne lui reste plus qu’à effectuer des travaux de maintenance et de normalisationn. Mais un tel concept peut finalement apparaître comme souhaitable. »
Un peu plus loin dans son commentaire, Petr Fischer constate que ce concept d’une « politique sans politique » dépourvue de visions, peut augurer une tendance qui s’imposera pleinement à l’avenir. Des accents plus opitimistes apparaissent chez Jan Štern, toujours sur le site aktualne.cz, qui estime que le nouveau cabinet de Bohuslav Sobotka réussira à condition qu’il ne succombe pas à la tentation de tout réformer, qu’il adopte la loi sur la fonction publique et parvienne à lutter contre la corruption. Bref, à condition que l’Etat se mette à fonctionner normalement. Et voici encore l’extrait d’un long article publié samedi dernier dans le supplément Orientace du quotidien Lidové noviny, dans lequel le politologue Michal Klíma se penche sur la crise du système des partis politiques :
« Jusqu’en 2010, la République thèque pouvait être considérée comme un îlot de stabileté dans la région des pays postcommunistes et comme un bon exemple de système structuré de partis. Quatre ans plus tard, les turbulences politiques dont nous sommes actuellement les témoins soulèvent un certain nombre de questions. On voit en effet que l’espace qui était auparavant réservé aux grands partis établis est désormais occupé par de nouvelles formations inconnues. »
Toujours selon l’auteur de l’article, la perte de confiance des électeurs à l’égard des partis établis, causée dans une grande mesure par les liens qu’entretiennent ceux-ci avec les milieux d’affaires opaques, les turbulences et la fragmentation de la scène politique qui s’en sont suivies font non seulement craindre de voir s’imposer des solutions autoritaires, mais sont aussi l’occasion de mettre en marche un renouveau démocratique des partis.
Le cinéma tchèque en 2014
Le cinéma tchèque et ses perspectives en 2014, voilà le sujet sur lequel s’est penchée Mirka Spáčilová dans le quotidien Mladá fronta Dnes. Critique bine connue du grand public, Mirka Spáčilová porte d’abord un regard très sombre sur les films produits en 2013. Ce faible enthousiasme est d’ailleurs partagé par l’ensemble de ses collègues. Pour Mirka Spáčilová, la situation dans le petit monde du 7e art tchèque ne peut que s’améliorer en 2014. Toutefois, elle pose aussi la question de savoir d’où provient le marasme connu en 2013 et comment sortir de celui-ci. Elle explique :« Fin janvier, les critiques de cinéma décerneront comme chaque année leurs prix annuels, puis ce sera au tour de l’Académie de cinéma vers la fin février. Mais tous sont désespérés, car ils sont dans l’impossibilité de choisir dans la production de l’année écoulée un film ou un cinéaste qui mériterait d’être récompensé. Pourtant, 2013 a été une année fructueuse, une quarantaine de nouveaux films, dont seize documentaires, sont sortis en salles. Parmi eux, une comédie sympathique, un drame solide et deux ou trois documentaires. Le reste, ce ne sont que des films à la mi-chemin, des films semi-professionnels pour ne pas dire marqués d’un grand dilettentisme. »
Ce qui manque le plus au cinéma tchèque, c’est un sujet intéressant. Autre problème, encore et toujours, les finances. Mirka Spáčilová cite le porte-parole de RWE, société énergétique qui subventionne régulièrement depuis plusieurs années la production de différents projets et événements cinématographiques. Martin Chalupský confirme que beaucoup de créateurs se sont retrouvés dans une situation économique difficile, voire même très critique. Cela n’empêche cependant pas que, pour cette année, la réalisation de plus d’une trentaine de nouveaux films tchèques est prévue, parmi lesquels ceux signés par des réalisateurs bien connus comme Jan Hřebejk, Alice Nellis ou Jan Svěrák. Dans la liste des films qui sortiront en 2014, ce sont, comme d’habitude, les comédies qui prédominent.
Pourquoi ne pas voyager vers Mars ?
Elle s’appelle Lucie Ferstová. Etudiante en informatique appliquée à l’Université technique de Prague, Lucie Ferstová est une des deux jeunes Tchèques qui figurent parmi le millier de candidats sélectionnées pour un voyage vers Mars en 2025. Les deux Tchèques ont été retenues parmi les quelque 200 000 adeptes qui ont présenté leur candidature lors de la première phase de sélection. Pour ses membres, cette expédition vers Mars sera, comme on le sait, un aller simple sans possibilité de retour sur Terre. Pour figurer parmi les vingt-quatre personnes qui seront finalement choisies, Lucie Ferstová a encore devant elle des examens de santé et de nouvelles phases de concours. Dans une interview accordée au site ihned.cz elle a précisé quelles étaient ses motivations:« Cette offre de travail m’a séduite. Je veux participer à ce projet, car je pense que j’ai quelque chose à offrir. Pour moi, le travail sur Mars est presque comme un autre emploi, bien que celui-ci soit peu traditionnel et unique, ce qui me motive fortement... Je suis prête à faire tout ce qu’il faudra. Il y aura naturellement beaucoup de travail et il est certain que l’on ne va pas s’ennuyer. »
Lucie Ferstová pense que le fait d’être une femme lui a permis d’être sélectionnée, car la fondation Mars One cherche à maintenir un nombre équilibré d’hommes et de femmes. Comme le nombre d’hommes inscrits était plus important, les femmes avaient naturellement plus de chances d’être retenues. A la question qui s’impose de savoir comment elle supporte l’idée éventuelle de ne plus revoir la Terre, la jeune femme a répondu :
« Je supporte bien cette idée. Il y a bien sûr des choses et des gens dont je devrais me passer et dont j’aurais la nostalgie, mais il est clair que si je n’étais pas prête à y renoncer, je ne m’inscrirais pas pour un aller simple vers Mars... Ce qui pourrait me manquer, ce sont ma famille, le vent, la pluie, la mer, le soleil qui brille, les steaks. Bref, les gens, la nature, les possibilités. »