Sommet de l’OTAN à Vilnius : Prague soutient Kyiv dans sa démarche vers l’adhésion
Les 11 et 12 juillet se tiendra à Vilnius en Lituanie le sommet de l’OTAN où seront réunis les chefs d’Etat et de gouvernement des 31 pays membres. Alors que la guerre en Ukraine a dépassé le cap symbolique des 500 jours samedi, Kyiv espère obtenir un signal clair sur son avenir au sein de l’Alliance nord-atlantique.
J-1 avant l’ouverture à Vilnius du 33e sommet de l’OTAN. Ces réunions sont d’ordinaire l’occasion, selon les termes de l’organisation, « d’introduire de nouvelles politiques, d’inviter de nouveaux pays à adhérer à l’Alliance, de lancer de grandes initiatives ou encore de renforcer les partenariats ». Le précédent sommet s’était tenu à Madrid en juin 2022. La Finlande et la Suède avaient alors été invitées à rejoindre l’Alliance.
Cette fois-ci, il sera principalement question des perspectives à donner à la relation OTAN-Ukraine. Si la participation physique de Volodymyr Zelensky au sommet reste encore incertaine pour des raisons évidentes de sécurité, la délégation tchèque sera, elle, menée par le président Petr Pavel, accompagné des ministres des Affaires étrangères et de la Défense. La Tchéquie figure parmi les plus grands partisans de l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance, comme l’a rappelé le ministre des Affaires étrangères tchèque, Jan Lipavský (Pirates), sur le plateau de la Télévision tchèque au lendemain de la visite du chef d’Etat ukrainien à Prague :
« En ce qui concerne l’avenir occidental de l’Ukraine, le président Zelensky doit insuffler du courage à son peuple, il doit le motiver afin qu’il comprenne dans quel but il se défend contre l’attaque barbare et brutale de l’agresseur russe. Il doit donc apporter quelque chose de tangible, quelque chose de concret qui puisse rapprocher l’Ukraine et l’Occident, que ce soit une offre d’adhésion à l’Union européenne ou une invitation à l’OTAN ; c’est là un point fondamental. »
Toutefois, pour Jaroslav Bžoch, membre du mouvement d’opposition ANO et vice-président de la commission des Affaires européennes à la Chambre des députés, la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et à l’UE doit être mûrement débattue et ne pas faire l’objet d’une décision précipitée :
« Je ne dis pas que nous ne devons pas soutenir l’Ukraine ; bien sûr nous devons la soutenir dans ses démarches d’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne. En revanche, je resterais très prudent quant à l’idée de construire des châteaux en Espagne et de dire à l’Ukraine que ce sera plus rapide, que nous ferons tout pour y arriver le plus tôt possible, alors que nous avons des pays qui attendent aux portes de l’UE depuis vingt ans. »
Les espoirs d’une adhésion accélérée à l’OTAN ont également été douchés dès la semaine dernière par le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, qui soulignait que « le sommet de Vilnius ser[ait] un moment clef sur la voie de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN » tout en ajoutant que « l’Ukraine ne rejoindr[ait] pas l’OTAN à l’issue de ce sommet ». La position a été confirmée dimanche par Joe Biden, lui-même, interviewé par CNN, qui a rappelé les responsabilités qu’une telle adhésion impliquerait :
« Je ne pense pas qu’il y ait l’unanimité au sein de l’OTAN sur l’opportunité d’intégrer ou non l’Ukraine dans la famille de l’OTAN maintenant, au beau milieu d’une guerre. […] Nous serions alors en guerre contre la Russie, si c’était le cas. […] Je pense que nous devons tracer une voie rationnelle pour que l’Ukraine puisse remplir les conditions requises et être en mesure d’entrer dans l’OTAN. […] Il y a des critères qui doivent être respectés, dont la démocratisation et d’autres questions de ce type. »
Conscient des divergences qui subsistent encore au sein de l’OTAN autour de l’adhésion de l’Ukraine, le ministre des Affaires étrangères tchèque a néanmoins tenu à rassurer sur le soutien apporté à Kyiv :
« Le Conseil OTAN-Ukraine sera mis en place, tandis que le programme d’aide non létale sera renforcé. Je crois que l’Ukraine ne repartira pas vraiment les mains vides. Quant au résultat exact de ce sommet, il m’est impossible de me prononcer pour le moment, car les négociations sont encore en cours. »
Outre la question de l’aide apportée à l’Ukraine, le sommet de Vilnius sera également l’occasion de remettre sur la table l’adhésion de la Suède à l’Alliance qui reste entravée, pour l’heure, par la Turquie et la Hongrie.