PAC : le goupe fondé par Andrej Babiš dans le viseur de la nouvelle coalition
Le Parlement européen doit se pencher ce mardi 23 novembre sur le projet de nouvelle Politique Agricole Commune (PAC). En République tchèque, le gouvernement actuellement en formation veut plafonner les subventions européennes accordées aux groupes les plus grands. Dans le viseur se trouve principalement l’empire agro-chimique fondé par le Premier ministre sortant Andrej Babiš.
Les partis qui ont formé une coalition pour battre Andrej Babiš aux récentes législatives avaient promis pendant la campagne électorale de s’attaquer au système de distribution des fonds de la Politique Agricole Commune.
« Nous soutenons le paiement sur les premiers hectares et le plafonnement des subventions pour les plus grandes entreprises qui tiendra compte des conditions de l'agriculture tchèque et contribuera à sa bonne gestion », peut-lire dans l’accord de coalition gouvernementale signé le 8 novembre par l’ODS, TOP09, KDU-CSL, STAN et les Pirates.
Evidemment, entre les lignes, on peut y voir une attaque en règle contre le groupe Agrofert fondé par Andrej Babiš, qui est toujours Premier ministre du pays, mais en démission.
Pourquoi ce groupe Agrofert est-il dans le viseur ?
D’abord parce que c’est un des plus importants du pays et parce qu’il perçoit avec toutes ses filiales jusqu’à maintenant des dizaines de millions d’euros de subventions par an.
Ensuite parce qu’il a été fondé par Andrej Babiš, qui, pour se mettre en conformité avec la loi tchèque, a placé ce conglomérat dans des fonds fiduciaires, mais ce tour de passe-passe n’a pas suffit – les juristes de la Commission européenne ont eux-mêmes estimé que le milliardaire entré en politique restait le bénéficiaire direct d’Agrofert.
Ce conflit d’intérêts du Premier ministre sortant a également mis dans l’embarras ses partenaires au sein du groupe Renew au Parlement européen, dont les eurodéputés français de LaREM.
Quelles sont les chances du prochain gouvernement en la matière ?
Ce ne sera pas une tâche facile pour cette nouvelle coalition, avec de puissants lobbies dans le domaine agricole et des groupes comme Agrofert qui emploient des dizaines milliers de personnes.
Par ailleurs, Andrej Babiš ne se retire pas de la politique, loin de là. Il devrait certes rejoindre les rangs de l’opposition dans quelques jours mais il envisage désormais publiquement aussi de se présenter à la présidence de la république dans environ un an – et ses chances sont pour l’instant plus que bonnes.
Même si les prérogatives présidentielles sont surtout protocolaires en Tchéquie, cela lui permettrait de conserver une réelle influence sur les décisions prises à Prague.