Parité hommes-femmes : du mieux pour les régionales et les sénatoriales
Les candidats pour les élections régionales et sénatoriales des 7 et 8 octobre prochains sont désormais en ordre de bataille. Dans près d’un tiers des cas, ce sont des femmes qui sollicitent les suffrages de leurs concitoyens pour intégrer les conseils régionaux. Un chiffre en progression mais le respect de la parité hommes-femmes, notamment pour les têtes de liste, reste un horizon encore lointain. C’est ce qu’a expliqué pour Radio Prague Veronika Šprincová, responsable d’une analyse sur le sujet pour l’organisation Fórum 50%.
Veronika Šprincová, de l’association Fórum 50%, une organisation qui milite pour l’égale représentation des femmes et des hommes en politique, dresse un bilan global plutôt satisfaisant. Si l’on se penche sur les détails du rapport, il reste pourtant beaucoup à faire :
« Le nombre de femmes aux sénatoriales est depuis longtemps très faible. Ainsi, seules 18,5% de femmes sont candidates pour ces élections. Un chiffre bien plus faible que pour les élections régionales. Mais dans ce cas où le chiffre est relativement élevé, si on regarde les positions réellement éligibles et notamment les têtes de liste, la représentation des femmes est en fait bien plus faible. Seules 13% des têtes de liste sont des femmes, et si l’on se cantonne aux partis qui disposent de listes dans chacune des régions, ce pourcentage est seulement de 12%. »
A l’heure actuelle, les quatorze présidents de région sont des hommes. Quant aux conseils régionaux et au sénat, ils sont composés de plus de quatre cinquièmes d’élus hommes. Les facteurs expliquant l’absence des femmes en politique sont multiples. Veronika Šprincová en identifie un en particulier :« Ce que montrent nos analyses ainsi que différentes études internationales, c’est que ce sont les partis politiques qui constituent l’obstacle principal. Ils ne donnent pas exactement les mêmes chances aux femmes par rapport aux hommes, ils ne les placent pas en tête de liste et ils ne font pas en sorte de leur faciliter leur vie de famille, puisque les femmes restent souvent responsables des travaux domestiques, des soins aux enfants. Donc très peu de partis permettent aux femmes de faire une carrière politique compatible avec leur vie personnelle. »
Des disparités s’observent entre les régions ; la région de Liberec a ainsi théoriquement une chance sur trois d’élire une femme à sa tête, une probabilité six fois inférieure dans les régions de Zlín ou de Vysočina. Les pratiques au sein des partis sont également très diverses :
« Depuis plusieurs années, l’organisation Fórum 50% mesure l’ouverture des partis aux femmes, un classement où l’on regarde quelles mesures peuvent prendre les partis face à cette question. La formation qui occupe depuis longtemps la tête de ce classement est le parti des Verts, qui d’une part a mis en place des quotas de genre pour la constitution de ses listes et pour son organisation interne – c’est l’un des deux partis à avoir des quotas de genre en Tchéquie -, et d’autre part essaie de faire en sorte que les femmes puissent venir aux réunions avec leurs enfants ou bien met en place des systèmes de garde, etc. Les partis peu ouverts sont des partis qu’on dit plutôt conservateurs ou bien de droite, dont l’idéologie s’oppose en quelques sortes à cette ouverture et aux mesures en faveur de cette ouverture. Par exemple, le parti ODS est depuis longtemps plutôt à la queue de notre classement. »A noter que pour la première fois, le parti social-démocrate aborde les élections avec des quotas de genre. Ainsi pour les régionales, 43% de femmes figurent sur ses listes régionales. Un chiffre à nouveau en trompe l’œil puisqu’aucune femme n’a en fait été choisie comme tête de liste pour la social-démocratie et que la plupart d’entre elles se retrouvent dans la partie basse des listes de candidat, là elles ont le moins de chance d’être élues.