Patrick Van Damme, un Belge à la tête de la faculté des sciences agricoles tropicales de Prague

Le professeur belge spécialisé dans l’ethnobotanique Patrick Van Damme va devenir dans quelques semaines le doyen de la faculté des sciences agricoles tropicales de l’Université tchèque de l’agriculture à Prague-Suchdol. RPI a joint l’universitaire à Gand en Belgique pour lui demander en premier lieu de revenir sur ses liens avec cette institution pragoise :

« Cela remonte à une dizaine d’années quand on m’a invité à Prague pour donner quelque cours sur la thématique d’ethnobotanique. Après on m’a demandé de présider quelques sessions de défense de mémoires. Et puis on m’a demandé si je voulais intégrer ce qui était dans le temps un institut, devenu depuis une faculté, avant de me demander il y a un an et demi si je voulais devenir doyen. »

« Les gens qui enseignent et font de la recherche dans la faculté actuellement sont assez jeunes, ils sont en pleine carrière et ont moins de 50 ans. Même le doyen en poste jusqu’à fin avril a des ambitions de retourner à la recherche et l’enseignement. Donc on cherchait quelqu’un qui avait passé ce stade-là et comme je suis le plus âgé, le doyen, on m’a demandé s’il y avait un intérêt de ma part… »

Patrick Van Damme,  photo: Site officiel de l’Université tchèque de l’agriculture

Il faut préciser que vous avez commencé à enseigner à Prague à partir de l’année 2012…

« Oui, officiellement en 2012 mais pas en tant qu’enseignant, plutôt en tant que mentor ou assistant, pour également augmenter les capacités linguistiques dans les articles publiés, etc. Je n’ai pas eu de poste fixe d’enseignant mais j’ai aidé la gestion générale de la faculté. »

Linguistiquement, vous parlez en français, en anglais et dans d’autres langues mais le tchèque n’est pas votre langue de prédilection…

Photo: Site officiel de l’Université tchèque de l’agriculture

« (Rires) Oui, c’est difficile car j’ai peu été exposé à des langues slaves. Ma langue maternelle est le néerlandais, je parle le français, l’anglais, l’espagnol, l’allemand, l’afrikaans aussi et j’ai quelques notions d’autres langues africaines. Mais je vais faire un effort pour apprendre les bases du tchèque. Par courtoisie, il me faut savoir commencer une conversation avant de bifurquer vers l’anglais. »

Quelle est la réputation de cette faculté des sciences agricoles tropicales dans le monde ? Son histoire remonte à une soixantaine d’années.

La faculté des sciences agricoles tropicales,  photo: Hudeckovar,  CC BY-SA 4.0

« Sa réputation dans le monde reste à faire, mais les bases sont là. Quand on regarde un peu l’importance des universités et le domaine des sciences de la vie (la faculté est rattachée à l’Université des sciences de la vie), on voit que l’Université de Prague est environ à la 100e position, donc ça veut dire qu’il reste du travail à faire. Mais dans le domaine précis des sciences tropicales, la faculté de Prague est en pôle position, surtout en termes de publications. Donc cela est une bonne base pour améliorer notre position dans le monde. »

« Mes dix ans d’expérience à Prague m’ont permis de constater le bon niveau du personnel scientifique dans les différents domaines couverts. Notre autre atout est d’être à ma connaissance la seule faculté des sciences agro-tropicales. Dans plusieurs autres universités du monde on a des départements ou des laboratoires, mais pas de faculté. Avec cet atout-là on pourra intéresser encore davantage nos partenaires en Europe et ailleurs pour de futures collaborations. »

La faculté des sciences agricoles tropicales,  photo: Site officiel de l’Université tchèque de l’agriculture

Dans quelle mesures la pandémie complique-t-elle votre installation à Prague ?

« C’est assez clair que depuis un an je n’ai pu aller que quatre fois à Prague. Tout est fermé désormais donc cela rend mes visites et le travail compliqués en ce moment. J’espère être vacciné bientôt et que la situation s’améliore à nouveau. D’ici quelques mois j’espère emménager davantage dans le petit appartement que je loue à Prague. L’idée est de venir le plus possible tout en continuant ma vie ici en Belgique. L’idée était de venir la semaine et de repartir en Belgique le week-end. On verra selon les besoins, mais je me suis engagé à être là dès que possible et le plus possible. »