Fin des sommets européens à Prague, sans avancée pour sortir de la crise énergétique
Après deux jours qui ont placé la ville au centre de l’attention du monde, les sommets européens à Prague, c’est fini. Chefs d’État et de gouvernement ont quitté la capitale tchèque vendredi soir au terme de la séance informelle du Conseil européen. Avant cela, jeudi, s’était tenue la première historique de la Communauté politique européenne, qui a rassemblé les dirigeants de plus de quarante pays de la « Grande Europe » élargie à dix-sept non-membres de l’Union européene.
Comme l’avait annoncé le Premier ministre tchèque avant même son ouverture, vendredi matin, ce deuxième sommet, au programme duquel figuraient l’énergie, les conséquences économiques de la guerre en Ukraine et le soutien à l’Ukraine, n’a pas permis aux Vingt-Sept de trouver un terrain d’entente sur les prix du gaz. Face à l’inflation galopante, et malgré une réduction substantielle de la dépendance au gaz russe, comme s’en est félicité Emmanuel Macron, les divergences de positions entre les États membres, plus que les points de convergence, sont de nouveau apparues au grand jour.
Néanmoins, selon Petr Fiala, le découplage des prix du gaz et de l’électricité bénéficie d’un soutien croissant. Le chef du gouvernement tchèque a également proposé de débloquer les quotas d’émission de la réserve du marché afin de réduire leur prix, qui affecte les tarifs du chauffage et de l’électricité.
Toujours selon lui, il convient également de rechercher des solutions à l’échelle européenne pour aider les grandes entreprises à faire face, celles-ci ne pouvant pas être soutenues par les budgets nationaux. De son côté, Ursula von der Leyen, critiquée par certains dirigeants pour la lenteur de réaction de la Commission européenne, a déclaré que l’exécutif européen disposerait de propositions plus détaillées de mesures visant à contrer cette inflation des prix de l’énergie dans les semaines à venir. Elle les présentera aux États membres avant le sommet européen qui se tiendra à Bruxelles les 20 et 21 octobre.
Les dirigeants européens ont également discuté aujourd'hui de la possibilité de plafonner les prix du gaz sur le marché de gros. Mais tandis que des pays comme la Pologne, la France, l’Italie ou l’Espagne penchent pour cette solution, l’Allemagne, ainsi que les Pays-Bas et les pays nordiques, y sont jusqu’à présent opposés, craignant qu’un plafonnement ne fausse le fonctionnement du marché et ne provoque des pénuries de gaz.
La politique allemande, qui a d’abord acheté du gaz à des prix élevés pour remplir ses réserves avant d’annoncer un plan à 200 milliards d’euros pour subventionner la consommation jusqu’à un certain seuil pour les ménages et les entreprises, continue également de poser problème à l’ensemble de l’UE, les autres pays membres craignant une destruction du marché intérieur. Les Premiers ministres hongrois et polonais ont ainsi critiqué « l’égoïsme allemand ».
En attendant donc le prochain sommet européen consacré à cette crise énergétique, aucune proposition, pas plus donc un éventuel plafonement que par exemple la mise en œuvre d’une plate-forme d’achat en commun de gaz, ne satisfait pour l’ensemble des Vingt-Sept, dont certains comme la Slovaquie ou la Hongrie dépendent encore largement du gaz russe, et ne fait l’objet d’un consensus, et la réunion de Prague n’a donc pas permis d’avancée majeure.
L’aide à l’Ukraine
En revanche, le sommet de Prague, durant lequel le président ukrainien Volodymyr est de nouveau intervenu en visioconférence, a confirmé la volonté de continuer à soutenir l’Ukraine, tant sur les plans financier, humanitaire que militaire.
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Les pays de l’UE continueront également à former les forces ukrainiennes. Le président français a également annoncé un projet de création d’un fonds collectif avec un dépôt initial de 100 millions d’euros, à partir duquel l’Ukraine pourra acheter des armes et des équipements directement auprès des fabricants.
Enfin, le Premier ministre Petr Fiala a estimé que les deux sommets de Prague ont été un succès et une bonne promotion pour la République tchèque. Il espère que les négociations auront des effets concrets, ce qui est moins certain.
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