Prix Arte du meilleur documentaire européen : le délinquant René bat l’ex-président Havel

La documentariste tchèque Helena Třeštíková s’est vue attribuer le Prix Arte de l’Académie du film européen pour son film René, dans la catégorie des documentaires.

Après l’annonce de sa victoire, Helena Třeštíková a exprimé sa surprise à la télévision tchèque, d’autant qu’à côté des autres films européens nominés, elle avait en face d’elle un concurrent tchèque sérieux :

« Pendant tout le temps, j’étais persuadée que s’il y avait un film qui recevrait le prix parmi les deux nominés de République tchèque, ce serait Citizen Havel. Ma surprise a donc été énorme. »

Depuis des dizaines d’années maintenant, le nom de Helena Třeštíková est associé à une certaine qualité de films documentaires, son opus le plus connu étant son cycle de films consacrés à six couples, tournés en 1980 et en 2000. Avec René, du nom du personnage principal de son dernier film, Helena Třeštíková a récidivé avec un travail de longue haleine sur l’histoire d’un homme qu’elle a suivi sur dix ans. René, c’est le destin d’un délinquant qui a passé la plus grande partie de sa vie derrière les barreaux. Un délinquant qui, d’ailleurs, au cours du tournage, a également volé à la réalisatrice la caméra qu’elle lui avait laissée pour qu’il se filme.

Helena Třeštíková et René,  photo: CTK
Le jury de l’Académie du film européen a décidé de récompenser ce documentaire « estimant qu’il abordait la relation entre sujet et cinéaste de manière fascinante et invitait à la réflexion. »

C’est notamment l’universalité de l’histoire qui semble avoir séduit le jury, ainsi que les spectateurs qui ont déjà vu le documentaire. Helena Třeštíková :

« J’ai toujours posé la question lorsque j’ai participé à des festivals à l’étranger. Je voulais savoir dans quelle mesure une histoire typiquement tchèque comme celle de René ou d’autres personnes que j’ai filmées, pouvait fonctionner dans un autre contexte culturel. Bien sûr, les spectateurs sont polis et je ne sais pas s’ils me diraient franchement le contraire, mais à chaque fois j’ai quand même entendu qu’il s’agissait d’une histoire universelle. »

Hormis le succès remporté par René, notons tout de même que la présence de deux documentaires tchèques sur dix films de la catégorie est un signe de la bonne santé du genre en RT. Seule la France avait également deux nominés. Pour Helena Třeštíková, le Prix Arte est une récompense pour le documentaire tchèque dans son ensemble :

« Je pense que le documentaire tchèque va très bien. Il y a de nombreux créateurs intéressants issus de plusieurs générations et qui ont des points de vue différents, des façons différentes de raconter les choses. Cette diversité est caractéristique pour le film documentaire tchèque. »

Et de rappeler qu’il y a dix ans encore, on aurait cherché en vain des projections de documentaires dans les salles, qu’elles soient tchèques ou européennes. Une reconnaissance dont témoigne aussi le florilège de festivals qui leur sont consacrés à travers l’Europe. Côté tchèque, il suffit de mentionner le prochain à partir de ce vendredi à Jihlava.