Puces électroniques : investissement record de l’Américain Onsemi en Tchéquie
Il s’agit d’un investissement record dans l’histoire moderne de la Tchéquie et de l’un des premiers investissements de ce type en Europe centrale. Le fabricant américain de puces électroniques, Onsemi, a annoncé, cette semaine, qu’il entendait consacrer jusqu’à deux milliards de dollars au développement de son site de production tchèque.
Jusqu’à présent, qu’il s’agisse des usines Hyundai en 2006 à Novošice (Moravie-Silésie), de celles du consortium Toyota Peugeot Citroën en 2002 à Kolín (Bohême Centrale) ou de celles du fabricant de pneus Nexen en 2014 dans les environs de Žatec (Bohême du Nord), les trois plus importants projets d’investissement du secteur privé en Tchéquie avaient été réalisés dans le domaine de l’industrie automobile.
Cette fois, c’est de la production de puces électroniques dont il s’agit, l’américain Onsemi souhaitant consolider la chaîne d’approvisionnement en semi-conducteurs à haut rendement énergétique pour sa clientèle européenne et mondiale, et ce, donc, en agrandissant son site installé à Rožnov pod Radhoštem, petite ville du sud-est de la Moravie, à proximité de la frontière avec la Slovaquie.
Actuellement, Onsemi produit déjà des plaquettes semi-conductrices en carbure de silicium en Tchéquie. La nouvelle usine permettra de fabriquer des semi-conducteurs de puissance intelligents destinés à améliorer l’efficacité énergétique des véhicules électriques, des sources d’énergie renouvelables ou des centres de données dotés d’une intelligence artificielle, comme le confirme Aleš Cáb, vice-président et directeur de la production d’Onsemi:
« L’investissement nous permettra effectivement de couvrir l’ensemble de la chaîne de production, c’est-à-dire depuis la poudre de carbure de silicium au module d’alimentation final, que le client installera, par exemple, dans une voiture électrique. »
Selon Onsemi, ce nouveau centre de technologies modernes, lorsqu’il tournera à plein régime, en plus de permettre la création de quelque 1 300 nouveaux emplois, devrait contribuer au PIB tchèque à hauteur de plus de 6 milliards de couronnes (environ 240 millions d’euros) par an. Un projet d’expansion d’une production à forte valeur ajoutée qui, selon le Premier ministre, Petr Fiala, favorisera aussi, plus globalement, la modernisation industrielle et renforcera la compétitivité de la Tchéquie :
« Ces dernières années, à de nombreuses reprises, nous avons eu la confirmation en Europe et en Tchéquie des conséquences que peut présenter le fait d’être dépendants d’autres pays sur le plan stratégique. Cela est le cas également dans le cas des puces dont la production est aujourd’hui fondamentale pour l’industrie automobile, de l’énergie, de l’électrotechnique et bien d’autres domaines de notre vie. Mais je suis très satisfait (de cet investissement) d’un point de vue plus personnel, car, il y a un an, j’avais présenté mon projet de développement et de ‘restart’ de la Tchéquie dans lequel il était notamment question de puces et de semi-condcuteurs. »
Pour l’heure, l’entreprise américaine discute avec le gouvernement tchèque pour préparer un ensemble d’incitations qui soutiendront un investissement sur plusieurs années estimé à deux milliards de dollars. Des exonérations fiscales sont notamment envisagées, selon le ministre des Finances, mais quelle que soit leur nature, ces incitations devront obtenir le feu vert de la Commission européenne.
Un processus qui nécessitera encore un certain temps, mais ensuite, comme le souligne aussi le ministre de l’Industrie et du Commerce, Jozefa Síkela, cette expansion de l’activité d’Onsemi contribuera également à une plus grande autosuffisance de l’ensemble de l’Europe en matière de fabrication de puces :
« Cet investissement non seulement renforcera notre économie, mais contribuera également à améliorer notre position sur le marché européen des semi-conducteurs. Il permettra la formation de tout un écosystème de production de puces les plus modernes qui sont les cellules d’une économie moderne. »
Tout en rappelant combien l’industrie automobile était importante pour l’économie tchèque, le ministre a précisé qu’Onsemi avait choisi le groupe Volkswagen, dont le constructeur automobile Škoda Auto est une filiale, comme partenaire stratégique.