Quoi de neuf dans la rue Maticni ?
La ville d'Usti nad Labem, en Bohême du nord, est connue dans le monde entier, grâce à la construction d'un mur qui devait séparer les Rom des autres habitants de la ville. Depuis plus d'un an, le mur n'existe plus. Quelle ambiance règne aujourd'hui dans le fameux quartier ? Question pour Magdalena Segertova.
Le ghetto rom à Usti nad Labem est un sujet qui a fait couler beaucoup d'encre. L'Union européenne a pris les Tchèques pour des racistes, des foules de journalistes étrangers des médias de grands noms sont venues au nord de la Bohême pour publier ensuite des reportages effrayants. Aujourd'hui, plus personne ne vient voir si et comment la vie dans la célèbre rue Maticni a changé après la démolition du mur controversé. Cela n'intéresse que la mairie, la police et, bien sûr, les représentants des deux cultures différentes qui ont tant du mal à se comprendre, à se tolérer. Et pas seulement à Usti nad Labem.
Tout a commencé dans la moitié des années 90. La mairie d'Usti nad Labem a décidé de placer toutes les familles ne payant pas le loyer, familles rom en majorité, dans deux immeubles rénovés dans la rue Maticni. Pas de grand confort, il faut le dire : seulement quatre douches à l'eau froide pour vingt familles... Peu après, les habitants du quartier affirment ne pouvoir plus supporter leurs nouveaux voisins : ils se plaignent du bruit permanent, de la saleté, des tonnes d'ordures dans la rue, des rats, des petits Rom qui jouent dans tout cela jour et nuit. Ils veulent se séparer des Rom par un mur. En octobre 1999, une clôture en béton est, en effet, construite. Ceci fait un scandale dans la société et suscite des réactions de toute sorte, parmi les gens ordinaires, comme parmi les hommes politiques. Résultat ? Le mur est démoli (aujourd'hui, il est à voir au zoo d'Usti) et la ville reçoit une subvention exceptionnelle de 10 millions de couronnes de la part de l'Etat, pour le "traitement" du quartier malade. A quoi cet argent a-t-il servi ? A l'achat des maisons des anciens habitants du quartier qui ont voulu déménager. A la construction des terrains de jeu pour enfants. A la démolition des maisons en ruine. A la fondation d'un centre d'assistance, décoré des dessins de petits Rom, et d'un bureau de police. Les enfants rôdent toujours dans les rues, leurs parents s'amusent toujours assez bruyamment. La vie, plus tranquille peut-être, continue. Même au bistrot du quartier, où l'on discute et l'on boit tous ensemble, Rom ou pas Rom. Et encore une aide non négligeable, apportée tout récemment aux Rom, souvent victimes d'usuriers qui leur prêtent de l'argent à un intérêt de 100%. Les Rom apeurés ont, enfin, témoigné contre eux et plusieurs usuriers d'Usti ont été déjà arrêtés. Le centre d'assistance soutient matériellement les Rom en difficultés financières et veille à leur sécurité, tant que la police ne dépiste tous les membres du gang.