République tchèque, pays transit des contrebandiers de défenses d’éléphants et de cornes de rhinocéros
Après de paisibles vacances passées à l’étranger, de simples touristes peuvent être confrontés, à leur grande surprise, à une fouille en règle de leurs bagages à leur retour au pays. Une fouille qui est la conséquence de l’application de la Convention internationale CITES qui interdit le commerce des espèces animales et végétales menacées d’extinction. Les contrevenants, souvent ignorants à ce sujet, peuvent écoper d’une lourde amende. En trois ans, le nombre de cas de contrebandes de plantes et d’animaux rares a triplé en Tchéquie, avec 95 arrestations en 2013 contre 35 en 2010. La République tchèque est devenue également un pays transit pour les bandes organisées de contrebandiers de défenses d’éléphants et de cornes de rhinocéros.
« Le trafiquant a essayé de camoufler la contrebande contenue dans sa valise par des emballages, des cartons et des scotchs adhésifs. Il les a placés entre des sucreries pour confondre/désorienter nos chiens, qui sont dressés pour trouver les espèces protégées par la Convention internationale CITES.»
Selon les douaniers, qui ne se souviennent pas d’une telle multiplication des cas de contrebande, la demande provient principalement des marchés des pays de l’Asie du Sud-est. Toutefois, l’exportation illégale de ces cornes et défenses est due à des suppositions erronées, relatives à leurs effets bénéfiques : en médecine asiatique, les cornes de rhinocéros seraient, entre autres, utilisées pour soit-disant améliorer la fertilité masculine, ou pour guérir une gueule de bois des personnes pouvant se permettre de payer le prix. Afin de rendre les cornes encore plus précieuses, les contrebandiers répandent eux-mêmes des rumeurs comme quoi elles guériraient ou même préviendraient le cancer. Tout en affirmant que la valeur des cornes et des défenses augmente chaque année sur les marchés noirs, d’après Šárka Miškovská, leur prix se situe pour cette année entre 1 et 1,5 million de couronnes par kilogramme, soit entre 38 000 et 55 000 euros. La porte-parole de la douane, Šárka Miškovská, poursuit :« Nous sélectionnons et vérifions des vols, de par leurs origines et leurs destinations. Lorsqu’il s’agit de bandes organisées, notre travail d’investigations est plus ciblé. »Grâce à la Convention CITES, 180 pays signataires se sont engagés à interdire le commerce ayant trait à 800 espèces végétales et animales, tels que des tigres, des tortues ou des singes. 28 000 autres espèces attendent toujours une réglementation liée à des licences obligatoires d’importation et d’exportation. Le porte-parole de la Direction générale des douanes, Jiří Barták, a fait savoir de quelle façon on qualifiait les agissements des contrebandiers, dont les Tchèques font aussi de plus en plus partie:
« Dans le monde entier, les gains des commerçants illégaux provenant de plantes ou d’animaux protégés peuvent être comparés aux gains provenant d’activités criminelles en matière de drogue, par exemple, ou même en matière d’armes ».Pour apporter une aide aux pays, desquels sont originaires ces parties d’espèces protégées, le maître-chien et cynologue, Hana Böhme, et le scientifique Arthur Sniegon se sont rendus à Brazzaville, en République démocratique du Congo, afin d’apprendre aux douaniers comment rechercher avec leurs chiens les marchandises de contrebandes. Avec succès, ces chiens ont réussi à de nombreuses reprises à identifier des paquets contenant de la viande animale cachée dans des sacs avec de la farine de manioc. Arthur Sniegon a précisé à l’égard de cette mission au Congo :
« Nous avons décelé beaucoup d’animaux morts en contrebande - un chevrotain, des primates, des antilopes, ainsi que d’autres espèces rares, y compris des vipères, des crocodiles et des pythons. »Le Centre de formation des chiens de l’administration douanière de Liberec, organisera prochainement des cours de formation destinés aux maîtres-chiens de Brazzaville, qui se rendront alors en République tchèque pour apprendre à détecter l’ivoire en contrebande.
A l’heure actuelle, le continent africain ne compte plus qu’un demi-million d’éléphants, tandis qu’il en comptait plus de 5 millions au début du XXe siècle.