Ségrégation scolaire des élèves roms : l’Etat tchèque s’engage à y faire face
La République tchèque est toujours pointée du doigt par les institutions internationales pour placer des enfants issus de la minorité rom dans des écoles dites spéciales. Cette semaine, le ministère tchèque de l’Education a toutefois soumis au Conseil de l’Europe un plan de lutte contre la ségrégation des élèves roms qui se concentre sur l’enseignement préscolaire.
En novembre 2007, la Cour européenne des droits de l’homme avait condamné la Tchéquie qu’elle estimait coupable de bafouer le droit des enfants roms à une éducation sans discrimination. Les 18 enfants roms auxquels la Cour européenne avait donné raison avaient été placés, comme beaucoup d’autres, dans des écoles initialement destinées à des élèves souffrant d’un léger handicap mental.
« Cela a eu un impact sur toute ma vie », constate ainsi Julius Mika, l’un de ces requérants roms sur l’antenne de la Radio tchèque. « A l’école spéciale, l’enseignement était beaucoup plus facile qu’à mon ancienne école. On était tous des Roms, il n’y avait pas d’enfants de la société majoritaire », se souvient-il.
Seize ans après l’arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l’homme, la situation n’a pas vraiment évolué. Quelque 130 établissements scolaires en Tchéquie accueillent plus de 30% des élèves roms et pratiquent donc, selon les critères du ministère de l’Education, la ségrégation sociale. De nombreux parents d’élèves non roms choisissent alors d’envoyer leurs enfants dans des écoles à l’extérieur de leur zone d’affectation, une pratique qui est autorisée par la loi.
Les enfants roms, même s’ils ne souffrent d’aucun handicap, sont toujours systématiquement relégués dans des « écoles spéciales » et, comme l’a constaté jusqu’à présent l’ONG Amnesty International dans ses rapports, les efforts des différents gouvernements pour corriger cette situation n’ont, en pratique, jamais fonctionné.
Discuté le 13 mars au Conseil de l’Europe et soutenu par ses membres, le nouveau plan de lutte contre la ségrégation scolaire apporte une série de mesures concrètes pour intégrer les élèves roms dans les écoles ordinaires et prévenir leur échec scolaire.
Ministre adjoint de l’Education, Jiří Nantl explique :
« Les directeurs des écoles maternelles auront la possibilité d’exonérer les familles défavorisées des frais de scolarité à l’école maternelle qui s’élèvent à 800 – 1000 couronnes par mois. Cela pourrait inciter les parents à inscrire leurs enfants dans ces écoles. Il est vrai que les maternelles tchèques ont des capacités limitées, mais je pense que notre stratégie ne compliquera pas la situation, car elle concernera surtout les localités où, justement, les places dans les maternelles ne manquent pas. »
En effet, si les enfants d’origine rom représentent 3% des élèves des écoles primaires et des collèges, leur nombre est inférieur à 2% dans les écoles maternelles.
Pour faire face à l’exclusion des enfants roms du système éducatif tchèque, l’Etat entend, entre autres, réformer le système de soutien aux élèves menacés d’échec scolaire, augmenter le budget des écoles situées dans les régions défavorisées et susceptibles d’être touchées par la ségrégation. Une collaboration étroite avec les municipalités fait également partie de cette nouvelle stratégie du ministère de l’Education dont les résultats seront prochainement évalués par le Conseil de l’Europe.