Stanislav Gross pris en otage par les communistes ?

Le Premier ministre Stanislav Gross, photo: CTK
0:00
/
0:00

La mort du pape Jean-Paul II, événement haut en émotions, pour les Tchèques aussi, n'a pourtant pas complètement éclipsé l'évolution de la crise de la coalition gouvernementale. Essayant de remanier son cabinet, affaibli par le départ de plusieurs ministres, le Premier ministre Stanislav Gross s'est décidé, dimanche, à poser la question de confiance aux députés. Situation qui en inquiète plus d'un : le rôle clé, lors de ce vote, appartiendra de nouveau aux communistes...

Le Premier ministre Stanislav Gross,  photo: CTK
Si la coalition gouvernementale a survécu, vendredi, au vote d'une motion de censure, elle n'en est cependant pas sortie plus forte. Dans les heures qui ont suivies, plusieurs ministres ont annoncé leur départ, définitif ou envisagé, s'opposant ainsi à une alliance implicite du cabinet avec les communistes. En effet, ce n'est que grâce à leur abstention que le gouvernement est resté en place. Cette alliance a provoqué un tollé aussi bien au sein de l'Union de la liberté, la plus petite formation de cette coalition de centre-gauche, que du côté des ministres sociaux-démocrates, parti du Premier ministre. Malgré tout cela, Stanislav Gross, soutenu par l'ensemble de la social-démocratie, se croit assez fort pour continuer son travail, avec un cabinet remanié, peut-être minoritaire. Pour pouvoir le former, il a besoin que le chef de l'Etat, Vaclav Klaus, accepte la démission des trois ministres chrétiens-démocrates, les premiers à avoir quitté, fin mars, le gouvernement. Pour cela, Stanislav Gross s'est résolu, comme le réclame le Président, à poser la question de confiance du nouveau cabinet à la Chambre des députés. Là encore, ce seront les communistes qui feront pencher la balance d'un côté ou de l'autre, le cabinet ayant perdu sa majorité parlementaire. Dimanche, le Premier ministre rassurait le public et ses partenaires politiques :

"Dans le futur, le gouvernement agira conformément à son programme d'action, tel qu'il avait été défini au moment de sa création. Il en découle que nous ne ferons pas de concessions au parti communiste, KSCM, ni au niveau du programme, ni au niveau de la composition du cabinet."

Un monstre qui aurait ouvert la voie aux communistes ou une marionnette entre les mains de la droite qui se voit déjà comme le grand gagnant d'éventuelles élections anticipées ? Pour le politologue Jacques Rupnik, mis à part un scandale sur ses finances privées, Stranislav Gross est une victime de ce qu'il appelle "un paradoxe centre-européen": "Toutes les coalitions pro-européennes dans les nouveaux pays membres de l'Union se sont désagrégées ou se désagrègent... Comme si les efforts déployés pour adhérer à l'Union les avaient épuisées. Les forces centrifuges commencent à agir", a dit Jacques Rupnik pour le quotidien Hospodarske noviny.

Auteur: Magdalena Segertová
lancer la lecture