Tennis - Open d’Australie : Jiří Lehečka, la belle surprise tchèque à Melbourne
Pour la première fois depuis cinq ans, un joueur tchèque a atteint les quarts de finale d’un tournoi masculin du Grand Chelem. Brillant vainqueur du Canadien Félix Auger-Aliassime dimanche, à Melbourne, Jiří Lehečka affrontera le Grec Stefanos Tsitsipas ce mardi pour une place dans le dernier carré de l’Open d’Australie. De match en match, le petit monde du tennis apprend ainsi à découvrir ce jeune homme qui, à 21 ans, semble promis à un bel avenir. Chez les femmes, Karolína Plíšková s’est elle aussi qualifiée pour les quarts de finale.
Les commentateurs et amateurs de tennis un peu partout dans le monde ne sont pas les seuls à découvrir Jiří Lehečka et à apprendre à prononcer son nom. Dans les médias tchèques aussi, les articles se sont multipliés ces derniers jours pour dresser le portrait de celui qui est souvent présenté comme le successeur tant attendu de Tomáš Berdych. Car si les Tchèques continuent, saison après saison, de faire bonne figure sur le circuit féminin, ce n’était plus le cas sur le masculin depuis les départs à la retraite de Berdych, donc, et, dans une moindre mesure, de Radek Štěpánek.
La victoire, dimanche, en quatre sets, et avec la manière, de Lehečka aux dépens d’Auger-Aliassime, n° 6 mondial, a donc rappelé quelques bons vieux souvenirs. En effet, depuis Berdych précisément à Melbourne il y a cinq ans, qui avait alors été battu par Roger Federer, plus aucun joueur tchèque n’était allé aussi loin dans un Grand Chelem. Forcément, le parcours de Lehečka suscite un regain d’intérêt pour le tennis masculin, comme s’en est réjoui le principal intéressé au micro de l’envoyé spécial de la Radio tchèque :
« Je sais que mes parents et beaucoup d’amis se sont levés cette nuit et cela me fait énormément plaisir. Les gens m’encouragent et si eux aussi prennent du plaisir à suivre mes matchs, cela signifie beaucoup pour moi. Il n’y a rien de mieux. Bien sûr, on joue d’abord pour soi-même et il est important de prendre personnellement du plaisir sur le court, mais si je dois jouer aussi pour quelqu’un, alors c’est pour tous ceux au pays qui m’encouragent. »
Après le Croate Borna Coric (n° 23) au premier tour et le Britannique Cameron Norrie au troisième (n° 12), Lehečka est venu à bout, contre le Canadien, de sa troisième de série depuis le début de cet Open d’Australie. Produit, comme Berdych mais aussi comme par exemple Petra Kvitová et bien d’autres encore avant lui de l’école de Prostějov (Moravie), le natif de Mladá Boleslav, ville mieux connue pour ses usines de voitures Škoda que pour sa formation de joueurs de tennis, a jusqu’à présent affronté tous ces mieux classés que lui en étant sûr de sa force, de ses qualités techniques et physiques :
« C’est difficile de dire contre quel joueur cela a été le plus difficile. Chaque adversaire a quelque chose de spécifique et même le deuxième tour contre Emmanuel Eubanks, qui mesure deux mètres et sert comme un animal (sic), a été compliqué. La victoire en cinq sets contre Norrie compte beaucoup, évidemment, parce que j'avais perdu deux fois contre lui auparavant, mais je dirais qu'en termes de qualité de jeu, le niveau était peut-être meilleur contre Auger-Aliassime. »
Jiří Lehečka ne sera pas le seul Tchèque en quarts de finale à Melbourne. Chez les femmes, tandis que Barbora Krejčíková et Linda Fruhvirtová ne sont pas parvenues à franchir le stade des huitièmes de finale, Karolína Plíšková n’a, elle, pas tremblé contre la Chinoise Shuai Zhang, battue en deux sets vite expédiés (6-0, 6-4).
Estimant avoir fait « un match presque parfait », Plíšková, pourtant souvent décevante ces derniers mois et « seulement » tête de série n° 30, a rappelé qu’il fallait encore compter sur elle dans les grands rendez-vous. Avant de s’envoler pour Melbourne, c’est d’ailleurs ce que n’avait pas manqué de souligner l’expert tennis de la Radio tchèque, Jaroslav Plašil :
« Je ne pense pas qu’il faille l’oublier. C’est une joueuse qui a des armes à faire valoir. Quand Karolína se sent bien mentalement et physiquement, elle peut toujours compter sur son excellent service, au-dessus de la moyenne et qui reste difficile à retourner. Sur le circuit féminin, avoir un tel service reste un gros avantage. Elle sait aussi mettre la pression sur ses adversaires depuis la ligne de fond. Mais pour bien faire ce qu’elle sait faire, pour être en mesure de prendre des risques et de jouer les lignes, elle a besoin d’être en confiance. Elle s’entraîne beaucoup pour revenir à son meilleur niveau, c’est une grande professionnelle, et je suis persuadé qu’elle aura encore son mot à dire dans les grands tournois. Je pense que ce n’est qu’une question de temps, car elle a les armes pour cela. »
En quarts de finale, Plíšková, qui court à 30 ans toujours après un premier titre en Grand Chelem, sera opposée à la Polonaise Magdalena Linette, 45e mondiale.