Tentative présumée de corruption au Parlement: de la fumée sans feu ?

Zdenek Koristka, photo: CTK

L'affaire a fait la une de tous les quotidiens tchèques de ce mercredi. Les poursuites judiciaires menées à l'encontre de Marek Dalik et Jan Vecerek, soupçonnés de tentative de corruption d'un député de la coalition gouvernementale, Zdenek Koristka, seront probablement interrompues. Le procureur de la République a mis en doute la crédibilité de ce dernier et la véracité de son témoignage, et critiqué les méthodes utilisées par la police lors de l'enquête.

Zdenek Koristka,  photo: CTK
Marek Dalik et Jan Vecerek avaient été mis en examen suite à l'accusation portée à leur encontre par Zdenek Koristka, accusation selon laquelle les deux hommes, proches collaborateurs de Mirek Topolanek, leader du Parti civique démocrate (ODS), principale force d'opposition, lui auraient proposé dix millions de couronnes afin qu'il ne s'exprime pas en faveur du nouveau gouvernement de Stanislav Gross lors du vote de confiance à la Chambre des députés, en août dernier.

Aussitôt reprises par l'ensemble des médias, les déclarations du député de l'Union de la liberté, un des trois partis de la coalition, avaient fait naître l'un des plus importants scandales de ces derniers temps en matière de corruption politique. Faute de preuves tangibles, l'affaire avait prise cependant rapidement des contours très flous pour finalement se résumer à une guerre verbale sans issue apparente entre Zdenek Koristka, soutenu par le ministre de l'Intérieur, et l'ensemble de l'ODS, qui s'estimait victime d'un complot manigancé par certains membres du gouvernement.

Marek Dalik,  photo: CTK
Finalement, le dossier a connu un rebondissement quelque peu inattendu, mardi. Le procureur de la République a, en effet, mis en doute non seulement la crédibilité de Zdenek Koristka, mais également la véracité de son témoignage, témoignage sur la base duquel la police avait pourtant mis en examen Marek Dalik et Jan Vecerek. Par la même occasion, la police a été sérieusement discréditée dans son travail par le procureur. Celui-ci reproche notamment à la brigade criminelle d'avoir inculpé les deux émissaires de l'ODS alors qu'elle ne disposait pas de suffisamment d'éléments dans son enquête pour décider d'une telle mesure.

Même si les propos du procureur ne constituent qu'une recommandation au tribunal, ils n'en ont pas moins fait l'effet d'une bombe et soulevé de vives réactions, notamment chez l'un des principaux protagonistes de l'affaire, Zdenek Koristka :

« Madame le procureur n'est pas le tribunal. Je considère ses déclarations, selon lesquelles je n'ai pas dit la vérité et ne suis pas un homme de confiance, de bonne foi, comme tout à fait scandaleuses. Je n'en dirai pas plus sur le sujet. »

Jan Vecerek,  photo: CTK
Dans l'autre camp, au sein de l'ODS, on portait, bien entendu, un tout autre regard sur l'évolution de l'affaire. Son vice-président, Petr Necas, revenait sur le rôle joué par la police, prêt à en tirer les premières conclusions :

« Cette manière concrète de procéder augmente encore un peu plus le manque de confiance ressenti par les citoyens envers le travail de la police et l'application du droit dans notre pays. C'est pourquoi, dans le cas où il serait démontré que les méthodes employées par la police étaient inadéquates à la situation, le Parti civique démocrate exige la déduction des responsabilités personnelle et politique, c'est à dire la démission du président de la police et du ministre de l'Intérieur. »

En réalité, bien malin qui pourrait prédire les retombées d'une affaire qui offre un reflet peut-être plus fidèle qu'on ne veut bien le croire des intrigues qui animent les couloirs du Parlement et agitent le petit monde politique tchèque.