Trafic aérien : que faire de Smartwings ?
L’Etat tchèque doit-il aider Smartwings ? Et la compagnie aérienne, qui a enregistré de lourdes pertes ces trois derniers mois en raison de la crise du coronavirus, doit-elle être sauvée ? Telles sont les deux principales questions, très controversées, qui se posent actuellement au gouvernement tchèque, dont l’aide a été sollicitée par les dirigeants de Smartwings.
En fin de semaine dernière, après avoir rencontré le président de la République Miloš Zeman et son groupe d'experts, le ministre des Transports, Karel Havlíček, a fait savoir que l'Etat tchèque était prêt à apporter une aide, mais pas à n’importe quelles conditions. Un prêt garanti dont le montant pourrait grimper jusqu’à 900 millions de couronnes (un peu plus de 33 millions d’euros) pourrait ainsi être accordé à Smartwings, si la compagnie aérienne accepte d’être rebaptisée ČSA – Czech Airlines tout en assurant l'emploi des quelques 2 500 employés actuellement sous contrat. Le ministre a été très clair sur ce point :
« Plusieurs scénarios sont envisagés et diverses conditions sont sur la table. Le plus probable est effectivement que Smartwings prenne le nom de ČSA. La République tchèque devrait alors avoir une position forte dans la société de façon à pouvoir influencer son fonctionnement. »
Il y a quelques semaines, Smartwings, dans le rouge comme de nombreuses autres compagnies aériennes, a demandé à l'Etat une aide de l’ordre de deux milliards de couronnes (près de 75 millions d’euros), afin de pouvoir faire face aux conséquences de l’arrêt contrait de son activité en raison de la fermeture des frontières. Un temps évoquée et objet d'une controverse, la possibilité d'une nationalisation avait été rejetée par le groupe.
En mai dernier, Karel Havlíček avait évoqué « un investissement qui pourrait être rentable. La logique serait d'investir aujourd'hui pour revendre après et en tirer profit. » De son côté, le Premier ministre Andrej Babiš avait parlé d’un « rachat pour une couronne symbolique », expliquant qu’il s’agissait de la principale compagnie aérienne en République tchèque et que les agences de voyages demandaient par conséquent à l’Etat de l'aider. Néanmoins, les dirigeants de Smartwings affirment « ne pas avoir l'ambition de voir l'Etat entrer dans le capital ».
Selon une analyse du ministère des Transports, une faillite de Smartwings, et par conséquent de ČSA, pourrait coûter jusqu’à 1,2 milliard de couronnes à l’Etat (près de 45 millions d’euros). C’est pourquoi le ministre de l’Intérieur et vice-Premier ministre social-démocrate Jan Hamáček n’est pas contre l’idée, « logique » selon lui, de tendre la main :
« Si ce prêt fait l’objet d’une garantie sérieuse, pourquoi ne pas en discuter ? Il me semble logique de s’efforcer de faire en sorte que tout cela coûte le moins possible à l’Etat. Donc, si on me dit que l’on a le choix entre perdre 1,2 milliard ou garantir un prêt de 800 à 900 millions, le choix me semble vite fait. Je préfère avoir l’espoir que cet argent me soit remboursé plutôt que d’avoir 1,2 milliard que personne ne me rendra plus. »
L’idée ne plaît cependant pas dans les rangs de l’opposition, selon laquelle il n'y a aucune raison que Smartwings bénéficie de plus d'aide que d'autres sociétés en grande difficulté elles aussi. La ministre des Finances, Alena Schillerová, pourtant elle aussi proche du Premier ministre, y est également pour l’heure opposée.
Smartwings Group fait partie du groupe Unimex. Le groupe chinois Citic Europe détient un peu moins de 50% du capital de ce groupe dont fait également partie Czech Airlines/ČSA. L'année dernière 8,2 millions de personnes ont voyagé sur un des avions du groupe, qui a également assuré environ un tiers du trafic à l’aéroport de Prague.