Un ancien camp de concentration pour les Roms découvert à Liberec

Photo: Archives de la région de Liberec

Une étude archéologique menée dans la ville de Liberec, dans le nord de la Bohême, a révélé les vestiges d’un camp où était internés des membres de la communauté rom durant la Deuxième Guerre mondiale. Des prisonniers de guerre français y ont ensuite été retenus et contraints de travailler dans une carrière.

'Liberec à l’ombre du nazisme',  photo: Okresní výbor ČSPB

Les camps de concentration pour Roms à Liberec ont longtemps été ignorés par la littérature universitaire, même s'ils constituent un élément significatif de l'histoire de la région et de l'ethnie rom en Bohême. Les investigations ont été initiées par la mention de l’existence d’un tel camp dans une brochure intitulée « Liberec à l’ombre du nazisme » (« Liberec ve stínu nacismu »). Selon les archives historiques, il était situé à proximité du croisement de trois rues à Liberec : Broumovská, Jablonecká et Kunratická. Cependant l'emplacement exact n'était pas déterminé et le site n'avait pas été fouillé auparavant.

De 1941 à 1943, au moins 130 Roms furent internés dans cette antichambre de la mort, puis envoyés dans des camps nazis de plus grande taille : des camps de concentration ou d’extermination. Ils sont restés environ un an ou deux à Liberec. Les femmes ont été transférées à Ravensbrück, les hommes à Buchenwald et les familles à Auschwitz. Aucun d'entre eux n'a survécu à la guerre.

Ivan Rous,  photo: ČRo

Ivan Rous, historien au Musée de Bohême du Nord à Liberec, a contribué à ériger sept croix blanches dans un pré non loin du site. Un monument en souvenir des enfants roms qui y vécurent, des nourrissons ou des enfants en bas-âge pour la plupart.

« Grâce aux registres des enfants nés à Liberec, nous avons pu identifier les transports spécifiques vers Auschwitz. Les croix sont en leur mémoire. C'était le plus dur des quatre camps construits à Liberec. Tous ont été assassinés à Auschwitz ou dans les autres camps et pourtant aucun mémorial n’est érigé. »

Photo: Archives de la région de Liberec

Les archéologues ont commencé à fouiller une parcelle au détour de la rue Kunratická il y a six semaines, en prévision de la construction d’un nouveau bâtiment. C’est alors qu’ils ont découvert des sols en brique ainsi que des murs de fondation, certains pouvant atteindre trois mètres de profondeur. Tous sont en bon état.

Bien qu’une partie des fondations ait été détruite auparavant lors de la construction d’un réseau de canalisation, cette découverte reste exceptionnelle.

À partir de la seconde moitié du XXe siècle, le site a principalement servi de décharge pour les déchets municipaux. Les Roms détenus dans le camp avaient été contraints de participer à la construction d’un lotissement voisin.

Petr Brestovanský,  photo: Vilém Faltýnek

La plupart de ces camps étaient fait de bois et c’est pour cette raison que Petr Brestovanský, archéologue du Musée de Bohême du Nord à Liberec, estime que c’est une chance d’en avoir trouvé des vestiges. En dehors des fondations, les archéologues ont principalement trouvé des tasses en étain et des plats cassés.

« Nous avons découvert des parties importantes du bâtiment principal, qui mesurait 35 mètres de long et près de 10 mètres de large, ainsi qu'une extension en forme de « T » d'environ 10 mètres sur 8. Les sols faits de briques ont été conservés. »

Photo: Lucie Fürstová,  ČRo

Le maire adjoint Ivan Langer, du parti régional SLK, a déclaré que la ville de Liberec prévoyait de continuer son projet de construction mais qu'elle érigera également un mémorial en hommage aux Roms envoyés à la mort par le régime nazi.

« Nous pensons construire un mémorial au niveau du coude de la Neisse, sur la rive opposée. Nous sommes en discussion avec un artiste assez connu qui pourrait créer quelque chose d’unique. Evidemment, il est aussi très important que le monument soit facile d’accès. »

Quatre lieux d’enfermement des Roms, des camps d’internement ou de concentration, ont été administrés à Liberec. A l’époque, la correspondance officielle, à quelques exceptions près, faisait mention de « logements pour Tziganes ».

Il aura fallu attendre 2010 pour que les premiers détails sur ce sombre passé soit évoquée par un ancien voisin du camp, Rado Faltis, qui habitait juste à côté. Ce dernier a précisé l’emplacement du camp et a conduit à retrouver un témoin direct du camp qui a survécu à la guerre avec sa famille.

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