Un mur Lennon gonflable exposé à Paris
Une réplique du mur John Lennon, un des monuments emblématiques de Prague, est exposée jusqu’à vendredi soir sur la place du Panthéon, à Paris. Le projet, qui réunit une trentaine de jeunes artistes européens, a été conçu à l’occasion de la présidence tchèque du Conseil de l’UE.
« C’est très beau, avec de la couleur recto-verso et avec une porte décorée d’étoiles européennes qui permet d’entrer au Panthéon. C’est un projet innovant, à renouveler par les autres pays lorsqu’ils prendront, à leur tour, la présidence de l’Union européenne ! »
Valérie qui travaille au Collège de France, à quelques pas du Panthéon, n’a pas manqué d’aller voir ce mur insolite qui rappelle le mur Lennon de Prague, recouvert de graffitis depuis les années 1970, en signe de protestation contre l’oppression du régime communiste tchécoslovaque.
Situé en face de l’ambassade de France à Prague, le mur Lennon a été récemment redécoré par des artistes de l’UE, d’Ukraine et de Norvège. Leurs dessins ont été photographiés et imprimés sur un mur gonflable de la même taille, présenté cette semaine d’abord devant le Palais de l’Europe à Strasbourg et ensuite, ces jeudi et vendredi, devant le Panthéon à Paris.
« Si nous avons associé autour de ce projet les artistes de 27 pays de l’Union européenne, c’est pour marquer le fait qu’à la différence des autres murs, celui dédié à John Lennon unit les gens au lieu de les séparer », dit l’artiste Pavel Šťastný qui a initié ce projet avec l’ambassadeur de République tchèque en France Michel Fleischmann. Celui-ci explique :
« Comme il existe des règles assez strictes pour ce genre de constructions à Paris, nous avons imaginé cet objet gonflable. L’inauguration de ce mur Lennon est vraiment événement et une nouveauté. Je pense qu’à Paris, cela n’a été encore jamais fait. Nous sommes devant le Panthéon où reposent les personnalités françaises les plus célèbres, face à la rue Soufflot, dans le Quartier Latin, avec la Tour Eiffel au loin… C’est un endroit rêvé pour cette installation du mur de la Liberté. »
La mairie du 5e arrondissement de Paris a participé à l’exposition de cette œuvre appelée effectivement « le Mur de la Liberté et de l’Energie ». Pour la maire Florence Berthout, c’est avant tout un symbole de la paix :
« L’exposition de ce mur est un projet éphémère mais symbolique. Il rappelle évidemment que la République tchèque préside actuellement l’UE et qu’à travers cette présidence s’exprime le souhait des peuples européens pour promouvoir la paix. Ce monument pragois qui a été le mur des lamentations et des protestations est devenu aussi le symbole de la liberté et de l’espoir. »
« Ce mur parle particulièrement aux plus jeunes. Le graff est un mode d’expression artistique qui leur plaît. Nous avons besoin de les sensibiliser pour qu’ils comprennent que la paix est un bien précieux et fragile. Il n’est pas donné ou acquis et il faut le défendre chaque jour. »
Anaëlle Bouard, 23 ans, est une de ces jeunes artistes qui ont participé, début septembre, à la réinterprétation du mur Lennon de Prague. Elle compare le monument et sa réplique :
« A Prague, le monument se trouve dans une cour, dans un endroit assez intimiste, alors qu’ici, devant le Panthéon, on ne peut vraiment pas le rater. Sur le mur de Prague, il y a un miroir qui a été ici remplacé par un ‘trou’ par lequel on peut passer. En fait, je ne vois pas ce monument comme un mur, c’est plus un panneau d’exposition autour duquel on peut tourner. »
« Ma fresque, c’est un rond rouge, avec des gens qui font la fête dedans. Ce sont des gens différents : des jeunes, des personnes âgées, de tous les genres et de toutes couleurs de peau. Je voulais parler de tolérance et d’inclusivité, d’amour et de tendresse. »
« Ce projet m’a apporté quelque chose d’insoupçonné, à savoir l’inspiration. En retournant de Prague, je me suis sentie inspirée d’avoir rencontré d’autres gens qui font la même chose que moi, car sinon, mon travail est assez solitaire. Ce qui est un peu frustrant par contre, c’est que je suis la seule artiste à être présente à l’inauguration du mur à Paris, alors qu’il est censé faire se rencontrer les gens… »
La réplique du mur Lennon de Prague devrait désormais être exposée dans d’autres villes européennes, tandis que la mairie du 5e arrondissement de Paris prépare un autre projet lié à la République tchèque : une placette sur la rue St-Jacques pourrait bientôt porter le nom de Václav Havel.
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