Une 24e édition en ligne pour le festival du film documentaire Ji.hlava
Le festival international du film documentaire se déroule en ce moment, mais pas à Jihlava, dans le centre du pays, comme le veut la tradition. Compte tenu de la situation sanitaire critique, cette 24e édition est uniquement en ligne. Malgré tout, les organisateurs ont fait de gros efforts afin de proposer un large programme avec plus de 200 documentaires et ce pour un prix très raisonnable. Radio Prague International a pu discuter de l'édition de cette année avec le fondateur de Ji.hlava, Marek Hovorka :
« Tout se fera sur le site web du festival. Il est possible d'y acheter une accréditation pour 350 couronnes tchèques, soit environ 15 euros. Une fois cette accréditation achetée, les festivaliers auront accès au site web où ils trouveront les films. »
« Nous inaugurerons les films de la même façon que nous le faisons en temps normal pendant le festival mais à raison de deux fois par jour. Chaque jour, le matin ou l'après-midi, 10 ou 15 films seront ouverts au public, afin qu'il puisse les visionner en streaming. »
« Certains films seront limités à 500 ou 1000 flux par exemple mais il n’y en a pas tant que ça. La plupart seront accessibles pendant une semaine. »
Je sais que vous allez dire que ce sont tous de très bons films, mais quels seront pour vous les points forts du festival cette année ?
« En fait, je pense que cela dépend de qui regarde ces films. Pour ceux qui sont débutants dans le domaine du documentaire, je les orienterais vers des sections comme Czech Joy, qui est une compétition nationale, ou Testimonies, une section de films basés sur des questions liées à la politique, la nature, la connaissance - des films documentaires plus thématiques. Pour les cinéphiles ou les habitués de Ji.hlava, nous avons des rétrospectives spéciales ou des compétitions comme Opus Bonum. First Light est une catégorie consacrée aux premiers films des réalisateurs. »
« En ce qui concerne les sections non compétitives, je suis très heureux que nous puissions présenter une section intitulée Black Cinema Matters. C'est une rétrospective de films nord-américains réalisés par des réalisateurs afro-américains uniquement. »
« Dans un autre registre, une nouvelle catégorie très étonnante est consacrée à la production documentaire sud-coréenne, qui célèbre 100 ans de production cinématographique nationale. La plupart des cinéphiles connaissent les films de fiction tournés en Corée du Sud, comme Parasite récompensé par de nombreux Oscars et la Palme d'Or à Cannes, mais aussi d'autres réalisateurs de fiction. A contrario, presque personne ne connaît la scène du documentaire. Nous avons donc décidé d’explorer cette partie cachée du cinéma sud-coréen. C'est vraiment l'une des plus grandes rétrospectives au niveau mondial de leur production documentaire. »
Est-ce que vous allez présenter des documentaires traitant du Covid-19 ?
« Tout à fait. Il est vrai que nous ne voulions pas de section spéciale mais nous attendions tout de même de voir si certains films pouvaient nous intéresser. Et c’est le cas. »
« Je pense que le film le plus connu est « Coronation », réalisé par l'artiste et militant chinois Ai Weiwei. Le documentaire a été tourné cette année de janvier à avril à Wuhan, berceau de l’épidémie. Ai Weiwei observe la façon dont les gens qui vivent dans cette immense ville font face à ce problème. »
« Selon moi, nous ne voyons pas les gens de la même façon qui nous est transmise par les médias. Ici, on voit vraiment les êtres humains. Cette approche humaniste est en fait très nouvelle. Ai Weiwei nous apporte cette angle de vue plus humain : il y a des millions de personnes qui vivent la même expérience, et qui traversent les mêmes périodes difficiles que nous, Européens. Le message est donc très fort. »
NB : une table ronde virutelle consacrée à l'Afrique sera organisée ce jeudi soir : https://www.ji-hlava.com/akce/afrika-nas-soused